Article publié le 21 avril 2023 à 6h21, mis à jour le 21 avril 2023 à 11h39 à la suite de l'assemblée générale des actionnaires
Délestée de sa quote-part dans Icade Santé revendue mi-mars pour près de 3 milliards d'euros au gestionnaire d'actifs Primonial Reim, leader des bureaux du Grand Paris et des métropoles régionales et acteur dit de référence dans la promotion immobilière, Icade vient de changer de tête. A l'issue de son assemblée générale ce 21 avril, le directeur général de 2015 à aujourd'hui Olivier Wigniolle passe la main. A son crédit : des « résultats très solides » en 2022 malgré l'inflation et la crise qui touche le secteur. La filiale immobilière de la Caisse des Dépôts a en effet réalisé un chiffre d'affaires de 1,8 milliard d'euros, en croissance de 9%.
Un nouveau patron nommé Nicolas Joly
Son nouveau patron s'appelle Nicolas Joly. Il a 40 ans - 41 ans en août prochain - et présidait, jusqu'à présent, Casino Immobilier, où il a passé quinze ans. Diplômé en 2004 de CentraleSupélec en mathématiques et en physiques, il a commencé sa carrière chez le géant mondial des centres commerciaux, Unibail-Rodamco-Westfield.
Un groupe dont son administrateur Guillaume Poitrinal a été président du directoire, encore plus jeune que lui, à 39 ans, un record dans le CAC 40 ! « Il était déjà une personnalité prometteuse. C'est un caractère visionnaire, joueur d'équipe, qui peut révéler Icade et transformer son potentiel en réalité », témoigne auprès de La Tribune l'actuel président d'Icamap, un fonds d'investissement dans l'immobilier.
« Icade avait clairement trop de métiers pour sa taille. Demain, bureaux et logements pourront se jouer en synergie sur les activités de promotion et d'investissement. C'est un défi à la mesure de Nicolas », ajoute Guillaume Poitrinal.
Un marché boursier « déconnecté des réalités »
Saluant le travail « jusqu'au bout » et « courageusement » d'Olivier Wigniolle avec la « magnifique transaction » d'Icade Santé, le co-fondateur de WO2, promoteur de bureaux en bois, souligne qu'« avoir beaucoup de cash en ce moment du cycle est un gros avantage ». « Cette vente va apporter des moyens financiers pour concrétiser le potentiel », poursuit-il.
« Au passage, cette transaction est le signal que le marché boursier, très sévère avec Icade, est un peu déconnecté des réalités. L'ANR [actif net réévalué, Ndlr] d'Icade se trouve validé par cette transaction majeure réalisée à la valeur d'expertise et la décote m'apparaît excessive », enchaîne Guillaume Poitrinal.
Dans ce contexte post-Covid, les utilisateurs de bureaux cherchent en effet des immeubles bas-carbone avec une empreinte la plus faible possible sur le cycle de vie et des sièges sociaux anti-télétravail pour que les salariés se retrouvent, dit-il encore.
« Tout cela crée une prime au neuf « disruptif » avec des hauteurs sous plafond supérieures à 3 mètres, les terrasses, le bois, la végétation et la géothermie comme énergie », souligne Guillaume Poitrinal.
S'adapter à l'équilibre télétravail/présentiel
Il ne croit pas si bien dire. Le directeur général délégué de la Caisse des Dépôts (39,20% des actions) assigne à Nicolas Joly la même mission de « réinventer le bureau de demain ».
« Il faut s'adapter à cet équilibre télétravail/présentiel et visiblement trouver les moyens de redonner du plaisir aux gens à revenir au bureau, trouver les espaces qui vont permettre que le temps présentiel soit le plus fécond possible », confie Olivier Sichel à La Tribune.
D'autant que le terrain de jeu d'Icade est énorme. Il lui reste pas moins de 70 hectares à développer entre la porte de la Chapelle et la porte d'Aubervilliers. « C'est probablement la foncière européenne au plus gros potentiel compte tenu de ses immenses réserves foncières », conclut Guillaume Poitrinal.
Sollicité par La Tribune, le groupe Crédit Agricole Assurances, deuxième actionnaire avec 19,22% des voix, n'a, lui, pas donné suite.
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