Immobilier : SoftBank lâche 865 millions de dollars pour la startup Katerra

Le conglomérat japonais des télécoms investit 865 millions de dollars dans Katerra. Lancée en 2015 dans la Silicon Valley, cette startup veut industrialiser la construction immobilière. Désormais valorisée 3 milliards de dollars, la jeune pousse californienne prévoit de doubler ses effectifs d'ici fin 2018 pour atteindre les 3.000 salariés.
Anaïs Cherif
Masayoshi Son, dirigeant et fondateur du conglomérat japonais des télécoms SoftBank.
Masayoshi Son, dirigeant et fondateur du conglomérat japonais des télécoms SoftBank. (Crédits : Reuters/Toru Hanai)

Une emplette de plus pour Softbank. Le géant japonais des télécoms vient de lâcher 865 millions de dollars (environ 692 millions d'euros) pour la jeune pousse, Katerra. Il réalise cet investissement à travers Vision Fund, fonds technologique lancé en octobre 2016, en collaboration avec le fonds souverain d'Arabie saoudite, Private Investment Fund (PFI).

Habitué des investissements dans la tech, le conglomérat nippon s'aventure ici dans un secteur où il est peu présent : la construction. Il s'était déjà intéressé à l'immobilier début décembre, en investissant 450 millions de dollars dans Compass, une plateforme américaine de location et de ventes de biens immobiliers.

Lancée en 2015, dans la Silicon Valley, Katerra veut industrialiser le secteur de la construction - de la conception à la production de biens immobiliers. Concrètement, la startup californienne monte des projets immobiliers de A à Z : architecture, design d'intérieur, ingénierie, fourniture de matériaux, fabrication et construction. L'entreprise embauche actuellement 1.300 employés - dont 100 architectes. Elle devrait doubler ses effectifs d'ici fin 2018, pour atteindre les 3.000 salariés, selon le Wall Street Journal.

La jeune pousse souhaite réduire le temps de fabrication et les coûts. D'ici la fin de l'année, Katerra se dit capable de rendre un bien immobilier en 30 jours - de la conception à la remise des clés, assure au Wall Street Journal Michael Marks, co-fondateur de Katerra, PDG intérimaire de Tesla en 2007.

Valorisation de 3 milliards de dollars

Katerra se concentre notamment sur des biens comme les résidences étudiantes, les maisons de retraite ou encore des constructions hôtelières. Environ 30 projets seront lancés cette année, principalement aux États-Unis, assure Michael Marks à Bloomberg. La startup ne communique pas son chiffre d'affaires. Elle assure seulement avoir un carnet de commandes équivalent à 1,3 milliard de dollars depuis sa création. Auprès de Bloomberg, le co-fondateur table sur 10 milliards de dollars de ventes réalisées au cours de la prochaine décennie. Le défi : s'adapter aux différentes normes, selon les états américains et même, les villes. Désormais valorisée 3 milliards de dollars, Katerra compte investir en R&D.

Le marché de la construction s'élevait à 1,257 milliards de dollars en novembre dernier aux États unis, selon les derniers chiffres publiés par Census Bureau américain rattaché au département du Commerce. Et le secteur devrait continuer de bien se porter en 2018. Les dépenses en construction devraient augmenter de 2 à 7% cette année. La construction résidentielle privée pourrait même connaître une forte croissance entre 6 et 9%, selon les prévisions de l'Associated General Contractors of America.

Moderniser un secteur "archaïque"

Mais que vient faire SoftBank dans ce secteur ? La démarche de Katerra est "très similaire à Uber, Airbnb ou WeWork", explique à Bloomberg Michael Marks. La startup importe "la technologie de la Silicon Valley dans une industrie qui n'en a jamais eu jusqu'ici. La construction est l'un des pires" secteurs, assure Michael Marks, qui décrit ce domaine comme "archaïque". Un atout pour SoftBank, qui s'intéresse aux secteurs en mutation.

Le dirigeant et fondateur du conglomérat japonais, Masayoshi Son, estime que Softbank doit se préparer à l'avènement de la "singularité" - ce concept qui caractérise le moment où les capacités des machines dépasseront l'intelligence des hommes. Pour le milliardaire, ce concept deviendra une réalité grâce au développement de l'intelligence artificielle. "C'est parce que j'ai une vision et que je crois à la 'singularité' que je dépense tout cet argent", a-t-il affirmé l'année dernière lors Mobile World Congress de Barcelone, plus grand salon mondial dédié aux technologies mobiles.

| Lire aussi : MWC 2017: Masayoshi Son prépare Softbank à l'ère de la "singularité"

SoftBank rêve au titre du "plus grand investisseur" tech

Il faut dire que SoftBank n'a pas lésiné sur les dépenses l'année dernière : entrée au capital de Uber, 114 millions de dollars pour l'entreprise de robotique Brain Corp., 200 millions pour Plenty (start-up spécialisée dans l'agriculture d'intérieur), 250 millions dans la messagerie Slack, 3 milliards pour les bureaux partagés WeWork... Lors du lancement de Vision Fund, en octobre 2016, le groupe nippon disait vouloir devenir "le plus grand investisseur du secteur des technologies" dans la décennie à venir.

L'objectif du fonds : investir dans des secteurs clés de la haute technologie, "y compris, mais sans s'y limiter : l'internet des objets, l'intelligence artificielle, la robotique, les applications mobiles et informatiques, les infrastructures de télécommunications, la biologie informatique ou encore les technologies financières". En mai dernier, le fonds avait déjà levé 93 milliards de dollars. La contribution de Softbank Group s'élève à 28 milliards de dollars, soit 3 milliards au-delà du montant initialement prévu. Riyad a injecté 45 milliards de dollars.

| Diaporama : Où partent les milliards de dollars que SoftBank investit dans les startups ?

Anaïs Cherif

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