Reconduction du PDG, stratégie environnementale, présidentielle... Vinci défend ses choix

Réunis en assemblée générale ce 12 avril, les actionnaires du géant français du BTP, des infrastructures et des concessions de transports, aéroportuaires et autoroutières ont reconduit le mandat d'administrateur de Xavier Huillard pour "une raison double". Le PDG de Vinci ainsi que la directrice de l'environnement du groupe y ont notamment annoncé la réduction de 20% de leurs émissions indirectes de CO2 d'ici à 2030. Sur le gril des actionnaires, le patron a, lui, dû répondre à une question sur la nationalisation des autoroutes chère à la candidate Marine Le Pen...
César Armand
(Crédits : Charles Platiau)

C'était la première assemblée générale du CAC 40 en présentiel depuis la Covid-19, mais pas la dernière pour Xavier Huillard, le patron de Vinci depuis 2010. Au cœur de la salle Pleyel dans le VIIIème arrondissement de Paris, le mandat d'administrateur du PDG a été reconduit, ce 12 avril 2022, pour une durée de quatre ans. Un mandat décisif pour l'avenir du géant français du BTP, des infrastructures et des concessions de transports, aéroportuaires et autoroutières.

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Ce mandat de Xavier Huillard va en effet se heurter aux statuts de l'entreprise qui fixent la limite d'âge pour la fonction de directeur général à 70 ans et celle de président à 75 ans. Autrement dit, le patron âgé de 67 ans aujourd'hui - 68 ans en juin - pourra assurer ses fonctions jusqu'en avril 2025 au plus tard, date de l'approbation des comptes de l'exercice 2024 et échéance à laquelle il aura 70 ans. Il pourra néanmoins rester président du conseil d'administration jusqu'à ses 75 ans, soit jusqu'en juin 2029.

La dissociation des fonctions pourrait même "se passer avant" avril 2025, a-t-il affirmé début février 2022, lors de la présentation des résultats annuels.

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Le mandat du PDG reconduit pour "une raison double"

Avant même que l'AG renouvelle à 90,8% Xavier Huillard dans son mandat d'administrateur, la présidente du comité des nominations et de la gouvernance de Vinci, Yannick Assouad, a évoqué "une raison double" pour le maintien du patron dans ses fonctions de président et de directeur général.

"Nous ne sommes pas de retour à une performance financière d'avant-crise", a-t-elle justifié. "Seul Xavier Huillard peut mener à bien l'intégration de Cobra IS", la nouvelle filiale du groupe, achetée à l'espagnol ACS fin 2021 et spécialisée dans les contrats de conception-construction dans les énergies renouvelables, a-t-elle poursuivi.

Au pupitre, l'administratrice référente de Vinci n'a pas pour autant éludé la question de la limite d'âge qui se posera, au plus tard, en avril 2025.

"Le conseil d'administration est tout à fait clair qu'à l'échéance, Xavier Huillard cédera sa place à son successeur", a déclaré Yannick Assouad. "Il est trop tôt pour en parler", a-t-elle ajouté aussitôt.

Avant de faire comprendre juste après que le choix devrait se porter sur un profil interne. "Le vivier des dirigeants du groupe est important. Les personnes qui y poursuivent un parcours ont des business unit de plus en plus grosses. Ce sont des dirigeants extrêmement matures. Il y a du potentiel pour remplacer l'actuel DG", a-t-elle embrayé sans citer aucun nom.

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Réduire de 20% ses émissions indirectes de CO2 d'ici à 2030

Autre thème largement évoqué lors de cette AG du 12 avril: la stratégie environnementale de Vinci, annoncée en janvier 2020 juste avant la crise sanitaire avant d'être dévoilée en juin 2021. Dans son propos liminaire, Xavier Huillard est ainsi revenu sur une "transition environnementale [qui] ne se fera pas sans une attention accrue au social et au sociétal", avant de l'aborder, en détail, lors de la présentation des "perspectives 2022".

"Nous devons transformer les villes pour les rendre plus agréables et plus vertueuses sur le plan environnemental, décarboner les mobilités, accélérer les transitions énergétiques, permettre le développement de l'hydrogène faiblement carboné et aborder [plus généralement] les sujets sous cet angle", a insisté le patron.

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Avant d'inviter la directrice de l'environnement du groupe, Isabelle Spiegel, nommée début avril au conseil exécutif, à monter sur scène. Cette dernière a ainsi annoncé que le géant du BTP, des infrastructures et des concessions de transports, aéroportuaires et autoroutières, allait réduire de 20% ses émissions indirectes de CO2 en amont - celles de ses fournisseurs - et en aval - celles de ses clients - d'ici à 2030. Cette trajectoire a déjà été validée par l'initiative Science Based Targets (SBTI), projet conjoint porté notamment par les Nations unies (ONU) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

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Sur le gril des actionnaires

Deux questions d'actionnaires ont d'ailleurs abordé cette thématique. A la question d'un journaliste d'Investir mandaté par des petits porteurs sur le coût de cette stratégie environnementale, Xavier Huillard a répondu "Quoi qu'il en coûte !", reprenant, à son compte, la désormais célèbre formule de mars 2020 du président-candidat Macron.

"Nous avons fait le calcul 2020-2030 de combien ça nous coûte et de combien ça nous rapporte. Si des actions n'auront pas de retour sur investissement (ROI) même à dix ans, d'autres actions nous permettront d'obtenir des ROI très rapides. Au global, la transition environnementale ne coûte pas, elle rapporte !", a assuré le patron de Vinci.

"J'ai l'intime conviction que ces investissements ont un ROI convenable. C'est la seule manière de régler le problème de la planète et ce n'est pas au détriment de la croissance économique. En plus, ça permet de créer de la valeur économique et financière", a-t-il enchaîné sous les applaudissements.

A une jeune femme à lunettes qui l'interrogeait ensuite sur l'hydrogène, Xavier Huillard s'est alors exclamé "Vous ne pouvez pas me faire plus plaisir !", rappelant que le groupe a monté une business unit dédiée, investi dans la gigafactory Genvia, une technologie de rupture spécialisée dans la production d'hydrogène décarboné par électrolyseurs à haute température, lancé "le plus grand fonds" d'investissement - à ce jour - et développé ses concessions aéroportuaires et autoroutières en ce sens.

"Est-il utile de faire un grand débat national ?" sur les autoroutes

A un homme plus âgé qui le sondait enfin sur la nationalisation des autoroutes, sans nommer la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, le patron de Vinci a d'abord éludé le sujet, considérant qu'il n'était pas "opportun" de "faire des commentaires sur la campagne présidentielle en cours". Avant de livrer un discours plus politique: "Nous avons été force de propositions !", citant l'étude réalisée avec le cabinet de conseil Altermind pour décarboner les autoroutes. "C'est nous qui portons ces sujets sur la place publique !" s'est encore époumoné Xavier Huillard.

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"L'Etat concédant sait très bien qu'il a besoin de nous et de nos collègues (APRR, Sanef, Ndlr) pour accélérer la décarbonation", a-t-il martelé. "Est-il utile d'en faire un grand débat national au moment où il y a un effort gigantesque à mettre en œuvre ?", a-t-il conclu, là encore, sous les acclamations du public.

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César Armand

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