Ferroviaire : lâché par son actionnaire, le dernier fabricant français de roues de trains placé en redressement judiciaire

Le tribunal de commerce de Lille a placé en redressement judiciaire le dernier fabricant en France de roues de trains. Valdunes cherche un repreneur depuis qu'il a été lâché en mai par son actionnaire chinois, MA Steel. Toutes les pistes sont envisagées, y compris la reconversion de ses deux sites qui emploient 320 salariés.
La SNCF est l'un des clients historiques de Valdunes. Selon la CGT, elle a « progressivement détourné ses commandes vers la concurrence européenne », ce qui a contribué à mettre à mal l’équipementier français.
La SNCF est l'un des clients historiques de Valdunes. Selon la CGT, elle a « progressivement détourné ses commandes vers la concurrence européenne », ce qui a contribué à mettre à mal l’équipementier français. (Crédits : Charles Platiau)

Six mois après avoir été lâché par son unique actionnaire - le groupe chinois MA Steel - Valdunes, dernier fabricant en France de roues de trains, a été placé en redressement judiciaire ce lundi 20 novembre. Le tribunal de commerce de Lille, constatant une situation de cessation de paiement au 8 novembre, estime néanmoins qu'un « plan de redressement est envisageable ». La société et les représentants des salariés comparaîtront alors à l'occasion d'une première audience, fixée le 17 janvier 2024.

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L'équipementier ferroviaire compte environ 320 salariés. Ils sont répartis entre une forge à Leffrinckoucke, près de Dunkerque, et Trith-Saint-Léger, près de Valenciennes, où sont usinés roues et essieux.

« À ce stade, nous n'avons pas de marque d'intérêt pour les deux sites, mais nous avons des marques d'intérêt séparés pour chacun des deux sites », a indiqué le ministre de l'Industrie Roland Lescure, lors d'un point presse téléphonique.

De quoi laisser espérer une issue positive, bien que la prudence reste de mise. « On espère maintenant que l'administrateur judiciaire pourra transformer ces marques d'intérêt en offre de reprise, et que la société pourra être reprise par un repreneur qui en assure la pérennité », a réagi l'un des avocats de Valdunes, Me Jean-Charles Gancia. Un élu (CGT) au CSE de l'entreprise, Maxime Savaux, a pour sa part estimé qu' « il y a un espoir de trouver un repreneur sérieux pour les deux sites ».

Un acteur extérieur indispensable

Pour sauver Valdunes, l'idée d'une reprise par un consortium Alstom-SNCF, deux gros clients de l'entreprise, avait été lancée en septembre dernier par la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. Une piste qui a été écartée depuis. La SNCF et Alstom sont en effet prêts à « jouer leur rôle d'acheteurs responsables » mais pas à devenir actionnaires majoritaires, selon le ministère de l'Industrie. Reste que la CGT dénonçait il y a quelques mois le fait que la SNCF ait « progressivement détourné ses commandes vers la concurrence européenne », ce qui a contribué à mettre à mal l'équipementier français.

Pour Roland Lescure, la « solution » pour Valdunes ne peut en tout cas « pas être franco-française ». Selon le ministère, Valdunes, qui produit actuellement 30.000 roues par an en moyenne, devrait en produire au moins 80.000 pour être rentable, soit deux fois plus que les besoins du marché français (SNCF, RATP et Alstom confondus).

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Toutes les solutions sont sur la table, reconversion comprise

Ce n'est pas la première fois que Valdunes est placée en redressement judiciaire. L'entreprise l'avait été en 2014 et le tribunal de commerce de Valenciennes avait alors choisi le groupe industriel chinois MA Steel pour reprendre ses activités. Cet unique actionnaire a annoncé en mai dernier qu'il « n'injecterait plus d'argent » au sein de l'équipementier. Les délégués syndicaux de Valdunes avaient alors demandé une nationalisation temporaire de l'entreprise, ce que Bercy avait écarté préférant l'aider à trouver un repreneur majoritaire. Un accord avait ensuite été trouvé entre MA Steel et l'État pour une poursuite d'activité jusqu'à ce mois de novembre.

L'entreprise, qui dispose de la trésorerie nécessaire pour tourner jusqu'en mars, pourrait nécessiter 65 millions d'euros d'investissement sur trois ans pour relancer son activité, estime Bercy, indiquant que deux rapports seront présentés jeudi sur ses besoins précis. L'État et la région Hauts-de-France ont en tout cas annoncé mi-octobre qu'ils s'engageraient financièrement pour accompagner une possible reprise.

« La possible transformation des sites sur d'autres activités fait partie des scénarios envisageables », a d'ailleurs précisé Roland Lescure.

Des propos auxquels l'élu au CSE de l'entreprise a répondu. « Les politiques ont une responsabilité à sauver le ferroviaire français. On nous parle d'environnement, de transition écologique, du rail vert, de souveraineté nationale. Là, on coche toutes les cases », a lancé répondu Maxime Savaux devant les salariés qui avaient fait le déplacement au tribunal de commerce ce lundi.

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 22/11/2023 à 0:54
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Cela n'est pas nettement mauvais les chinois vont perdre le controle sur des entreprises françaises.

à écrit le 21/11/2023 à 18:08
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"Selon le ministère, Valdunes, qui produit actuellement 30.000 roues par an en moyenne, devrait en produire au moins 80.000 pour être rentable, soit deux fois plus que les besoins du marché français". Cela à processus de production constant mais tou...

à écrit le 21/11/2023 à 16:16
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L'état sans vision stratégique, un actionnaire chinois qui est venu pomper les savoir-faire et qui s'est en allée. C'est navrant... Il faut se réveiller, mais le sursaut coûtera cher.

à écrit le 21/11/2023 à 16:10
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"réponse de Charlie" , dans votre propos suivant :" Parce que c'est bien gentil, d'aimer le train, mais quand c'est le contribuable qui paye, là ça ne vas plus…" vous omettez de dire que les autres modes de transport y compris ceux fortement carbonés...

à écrit le 21/11/2023 à 13:36
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Reindustrialiser la france , c est un imperatif , c est vital . Ces mots sont d un certain emmanuel macron president de la republique pendant la crise covid. Mais avant de penser a reindustrialiser il faudrait deja eviter que les entreprises francais...

à écrit le 21/11/2023 à 11:40
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Un bel exemple de l'intérêt de notre classe politico-financière pour le train. Et si un jour à la tête du train français on mettait des responsables qui aiment le train ? Non je sais pas moi mais ça serait bête de ne pas essayer quand même non ?

le 21/11/2023 à 13:24
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Et si on prenait conscience que le train n'est pas toujours rentable face à la route ? Parce que c'est bien gentil, d'aimer le train, mais quand c'est le contribuable qui paye, là ça ne vas plus

le 22/11/2023 à 9:36
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"Et si on prenait conscience que le train n'est pas toujours rentable face à la route ?" LOL ! Tu me fais surtout marrer toi avec tes affirmations qui pèsent deux tonnes, laisse moi me concentrer un minimum stp, merci ! ^^

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