Les Business Angels de Bourgogne-Franche-Comté créent une holding pour faciliter la reprise d'entreprise

Face à la difficulté de faire grandir les PME en France, des investisseurs préfèrent s'unir. La société baptisée, BFC Angels capital, sera dédiée à l’accompagnement de la reprise et du développement d’entreprises régionales. Opérationnelle dès la rentrée prochaine, celle-ci a déjà réuni 1,7 million d’euros de fonds.
Pierre Vieillard, président de BFC Angels.
Pierre Vieillard, président de BFC Angels. (Crédits : BFC ANGELS)

L'estimation du nombre d'entreprises à céder dans les 10 prochaines années varie de 250.000 à 700.000, selon le gouvernement. En Bourgogne-Franche-Comté, ce sont près de 10.000 établissements qui ont été repris depuis 2015, selon les données socio-économiques de Decidata. Derrière une reprise d'entreprise se cachent deux enjeux forts pour la France : le besoin de faire grandir ses PME pour qu'elles deviennent des ETI et le maintien des entreprises sur le territoire pour garantir l'activité économique et l'emploi. « L'âge moyen des dirigeants en Bourgogne-Franche-Comté est de 52 ans. Il y a donc un marché très important de transmission d'entreprise », constate Pierre Vieillard, président de BFC Angels et candidat à la présidence de une nouvelle structure visant à financer la reprise.

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Un effet booster de la confiance auprès des banques

Fort de son expérience dans l'accompagnement des chefs d'entreprises en création de startups, l'Association BFC Angels s'est inspirée du réseau national des Business Angels, qui avait lancée il y a trois ans, une Siba (Société d'Investissement Business Angels) destinée aux candidats à la reprise en Rhône-Alpes - Capit'ALPES Développement - pour créer sa propre structure en Bourgogne-Franche-Comté. « L'idée est que les centres de décisions ne quittent pas la région à l'occasion de changement d'actionnaires », explique France Ollier, déléguée générale à BFC Angels. En étant sélectionné par la future Siba (ou holding), le repreneur bénéficiera d'un accompagnement financier en fonds propres, mais aussi, indirectement d'un climat de confiance facilité auprès des partenaires bancaires, comme c'est déjà le cas pour les startups accompagnées par BFC Angels.  « Il y a un effet booster au niveau de la confiance et de l'investissement qui s'installe », poursuit-il.

Si BFC Angels Capital réunit à plus de 50% des Business Angels, la société regroupe également plusieurs actionnaires, tels que le Crédit Agricole Champagne-Bourgogne, le Crédit Agricole Franche-Comté et la Caisse d'Épargne Bourgogne-Franche-Comté, ainsi que la Région. « Les banques sont venues dans ce projet car les dossiers de reprises sur lesquels nous allons nous positionner sont des tickets entre 100.000 et 150.000 », explique France Ollier. « C'est intéressant pour elles de pouvoir être dans l'affaire sans pour autant bloquer du personnel sur des petits montants », poursuit-elle. Ce sont les bénévoles de l'association qui sont des anciens chefs d'entreprises ou des chefs d'entreprises en activités ou encore des cadres dirigeants qui gèreront l'accompagnement et la montée en compétences des repreneurs.

La reprise d'entreprise : un placement moins risqué ?

Ce projet est aussi né d'un constat : les sommes investies dans les startups sont tellement risquées que la mise de départ est souvent perdue. Depuis sa création en 2004, BFC Angels a accompagné plus de 70 entreprises et les 60 membres ont investi au total près de 9 millions d'euros. « Parfois, les membres ont l'impression que l'accompagnement se transforme en mécénat », souligne France Ollier. La mission de BFC Angels est de faciliter l'amorçage des startups. « Nous intervenons à un moment où personne ne veut aider les startups, où les banques sont trop frileuses. Le financement des Business Angels arrive après la « Love money » (ndlr capitaux propres apportés à la création d'une entreprise par la famille ou les proches) et après les prêts d'honneurs, comme ceux de Réseau Entreprendre Bourgogne ou le prêt à taux zéro Initiative France », précise France Ollier. Désormais « rodés » sur la création de startups, les investisseurs de la région souhaitent jouer leurs cartes avec des projets d'entreprises matures en accompagnant des repreneurs. « Sur une reprise d'entreprise, nous avons moins d'interrogations sur le marché puisque le marché existe déjà. Nous connaissons le chiffre d'affaires et le résultat réalisé par le cédant. L'interrogation se porte principalement sur le repreneur », précise Pierre Vieillard. Contrairement aux startups où chaque investisseur était libre d'investir individuellement dans un projet, pour BFC Angels Capital, la décision d'investissement se fera par assemblée générale, soit à la majorité des actionnaires.

Le chef d'entreprise restera le seul maître à bord

Afin de savoir pour quelle durée les investisseurs s'engagent à accompagner les repreneurs, la société BFC Angels Capital a été créée pour dix ans.

Entre 10 et 15 projets seront sélectionnés dès la rentrée prochaine, avec des conseils durant 5 à 7 ans pour chacun. Le capital de 1.727.500 a été réuni, dont un million par les Business Angels. Les statuts juridiques sont en cours de signature auprès du tribunal de greffe. « L'idée est de rester minoritaire. Le chef d'entreprise reste le maître à bord. S'il a les fonds pour racheter les parts des actionnaires Business Angels, il peut les racheter à tout moment », souligne France Ollier.

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