Les touristes français et étrangers au rendez-vous d'un été bouleversé par le réchauffement climatique

Après un bon début de saison estivale pour le secteur touristique, le mois de juillet s'achève sur des prévisions encourageantes pour août et septembre. Mais l'inflation, le réchauffement climatique et la surfréquentation modifient la carte du tourisme en France.
La saison estivale commence bien pour le secteur touristique.
La saison estivale commence bien pour le secteur touristique. (Crédits : Reuters)

L'été commence bien. La saison touristique démarre avec des mois de mai et juin « aux performances exceptionnelles » a annoncé vendredi 28 juillet le ministère du Tourisme dans un communiqué commun avec Atout France (agence de développement touristique de la France) et ADN Tourisme (regroupement des trois fédérations historiques des acteurs institutionnels du tourisme : Offices de Tourisme de France, Tourisme & Territoires et Destination Régions). « La présence exceptionnelle de quatre possibilités de « ponts » ou week-ends prolongés (contre deux l'an passé) a eu un effet bénéfique sur les départs des Français », précise l'agence.

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Le mois de juillet est à nuancer. Selon un sondage YouGov32% des Français ont réalisé un séjour touristique en juillet 2023, soit 3 points de moins qu'en 2022. L'enquête a été réalisée sur 1 024 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 18 au 19 juillet 2023. Le taux d'occupation sur l'ensemble de la France Métropolitaine a néanmoins atteint 74%, un taux presque identique à celui de 2022.

Pour la suite de l'été, les mois d'août et de septembre s'annoncent prometteurs. Deux tiers des personnes interrogées envisagent de partir en vacances à cette période. Le nombre de nuitées réservées à date pour le mois d'août et septembre est aussi en hausse, respectivement de 4% et 26%. « Cet étalement de la fréquentation dans le temps est notamment soutenu par un tourisme de loisirs lié par la Coupe du monde de Rugby », poursuit Atout France. Néanmoins, 74% des répondants déclarent que le contexte inflationniste est un frein au départ en vacances. La baisse de pouvoir d'achat et la hausse des prix apparaissent comme des facteurs déterminants pour le départ des Français.

La clientèle internationale au rendez-vous

L'été 2023 marque le retour confirmé de la clientèle internationale, qui tire l'activité « sur l'ensemble du territoire et notamment dans l'urbain », révèle l'étude réalisée par Atout France.

« Au fil des mois, l'attractivité internationale de la France est confirmée et se renforce. Les clientèles domestiques sont dans une phase de transition avec le retour des voyages à l'international et une adaptation des pratiques au contexte inflationniste, aux évolutions climatiques, et au souhait de découverte renforcée de tous les territoires en toutes saisons », a déclaré Caroline Leboucher, directrice générale d'Atout France, dans un communiqué de presse du 28 juillet 2023.

Du côté des Européens, les Espagnols reviennent (+11%  par rapport à 2019 en arrivées aériennes). Quant à la clientèle extra-européenne, les Américains ont été les plus nombreux à arriver en avion le mois dernier. Ils représentaient 21,2% du volume total des arrivées aériennes du 1er au 20 juillet, avec près de 175.000 arrivées. Les Canadiens, eux, étaient 20% plus nombreux qu'en 2019.

Au mois de juin, le cabinet d'Olivia Grégoire déclarait dans un communiqué qu'il est « fort probable que la France commence à connaître un retour plus que progressif de la clientèle chinoise ». Ce retour semble se poursuivre au mois de juillet. Les touristes chinois et japonais observent toujours un certain recul depuis l'avant-Covid (les Chinois étaient 3 fois moins nombreux en juillet 2023 par rapport à 2019).

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Le réchauffement climatique a-t-il un impact sur le choix des destinations ?

Cette année, la « ventilation géographique est plus équilibrée », avance Atout France. Les régions du Nord bénéficient d'une attractivité plus forte qu'en 2022 tandis que les régions du sud de la France sont victimes d'un certain délaissement. Dans l'hôtellerie, le taux d'occupation du Nord-Ouest a gagné 6 points de pourcentage par rapport à l'an dernier, alors que la zone méditerranéenne orientale a perdu 4 points et la zone méditerranéenne occidentale en a perdu 5.

« On peut également évoquer un possible impact météorologique dans le choix de la destination et la période de séjours. En effet, les épisodes météorologiques exceptionnels de 2022 ont pu avoir un effet sur le choix du territoire de vacances », suggère Atout France qui a contribué à l'élaboration des premiers résultats de la saison estivale.

D'après le site de Météo France, l'été 2022 a été marqué par des conditions météorologiques exceptionnelles, à savoir canicule, sécheresse, feux de forêts ou encore orages violents.

Toutefois, il est trop tôt pour assurer que la météo et les températures élevées sont la cause de ces changements dans les habitudes des touristes. « Il est trop tôt pour tirer des conclusions », déclare Atout France. « Il nous sera possible d'avoir une vision claire sur ce point, avec une confirmation ou une infirmation de ces tendances, en fin de saison ».

Le cabinet d'Olivia Grégoire rappelle également que certaines régions telles que la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val-de-Loire ont fait des efforts pour diversifier leur offre (circuit d'œnotourisme, visite de la nature, randonnées) et attirer les touristes. Il en résulte une fréquentation touristique plus homogène à l'échelle du pays, et qui ne se limite plus aux littoraux

Gérer les flux touristiques

En parallèle du changement climatique, la gestion des flux touristiques représente un enjeu de taille. Olivia Grégoire, ministre chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, l'a rappelé au milieu du mois de juin : la France est la première destination touristique mondiale. Mais ces touristes ne sont pas répartis de manière homogène sur le territoire. Selon le gouvernement, 80 % de l'activité touristique est concentrée sur 20% du territoire. Certains sites, très prisés par les touristes, connaissent des pics de fréquentation, notamment en été. Un des enjeux cruciaux est donc de gérer ces flux touristiques qui peuvent nuire à l'environnement et aux habitants des territoires concernés.

Pour ce faire, le Gouvernement a lancé le 19 juin dernier une stratégie au niveau national, portée par Olivia Grégoire. L'objectif est de préserver l'équilibre entre l'attractivité locale et la protection des lieux et leur biodiversité. Parmi les mesures annoncées, on note la création d'un Observatoire national des sites touristiques majeurs, dont l'objectif est de piloter ces derniers à l'échelle du pays, et non plus uniquement à un niveau local ou régional.

« Pour mieux maîtriser les flux il faut mieux les connaître », déclare le cabinet de la ministre Olivia Grégoire.

Des initiatives locales ont déjà vu le jour, dans l'optique de protéger les sites mis en péril par la surfréquentation touristique. Sur le littoral du Sud-Est de la France par exemple, la France, le parc national des Calanques soumet à réservation l'accès à la crique de Sugiton menacée d'érosion. Depuis 2022, l'accès est restreint à 400 personnes par jour en été, alors qu'il accueillait jusqu'à 2.500 personnes. Même son de cloche en Bretagne où l'île de Bréhat limite pour la première fois l'afflux de touristes à 4.700 visiteurs maximum par jour en semaine, du 14 juillet au 25 août.

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Commentaires 7
à écrit le 04/08/2023 à 22:48
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Bonjour. Ben, l'été en vacances en Vendée est un désastre avec une déferlante de vélos et les pistes pas adaptées, il faudrait doubler la largeur et mettre les routes en sens unique et le calme reviendrait entre cyclistes et piétons pour des vacan...

à écrit le 03/08/2023 à 16:21
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Il serait temps de changer de logiciel pour les médias aussi: réchauffement climatique NON, dérèglement climatique OUI, pour preuve cet été pourrit avec des dépressions océaniques mais surtout avec des grandes marées alliées à la pleine Lune des cont...

le 03/08/2023 à 17:11
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On peut dire qu’il y a un dérèglement climatique qui se termine par un réchauffement de la planète ! La preuve : les glaciers de nos montagnes fondent…. Mais pour qu’il y ait dérèglement, le climat a-t-il été réglé dans l’histoire de la planète ? Rép...

le 07/08/2023 à 15:37
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Tout à fait d'accord pour remplacer l'expression "réchauffement climatique" par "dérèglement climatique". Si seulement nos journalistes pouvaient avoir votre lucidité....

à écrit le 03/08/2023 à 10:22
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Je réside dans le sud ouest , dans un département touristique et les professionnels du secteur n'ont vu arriver les touristes qu'après le 20/25 juillet soit avec un décalage de 10 ou 15 jours par rapport aux années précédentes .

à écrit le 03/08/2023 à 10:04
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Ils font peine à voir tout ces touristes mais comment leur en vouloir de chercher à se barrer le plus rapidement possible le plus loin possible de leur quotidien chaque jour plus difficile ?

à écrit le 03/08/2023 à 9:40
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Il y a évidemment un réchauffement climatique. Cependant, cet été, la canicule n'est pas là. C'est plutôt frais et pluvieux. L'été est terminé. Espérons un automne en pente douce. .

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