Allemagne  : sur fond d'inflation, de nouveaux appels à la grève chez Lufthansa et à la Deutsche Bahn

Le personnel navigant de Lufthansa et les conducteurs de train de la Deutsche Bahn sont appelés à cesser le travail en ce début de semaine en Allemagne. Les syndicats des deux transporteurs réclament des augmentations après une longue période d'envolée des prix.
Il s'agit du sixième débrayage chez la Deutsche Bahn depuis novembre 2023.
Il s'agit du sixième débrayage chez la Deutsche Bahn depuis novembre 2023. (Crédits : JANA RODENBUSCH)

Semaine noire en perspective pour de nombreux Allemands. Des arrêts de travail sont en effet prévus dans les airs et sur les rails. Chez la Deutsche Bahn, le syndicat allemand des conducteurs de train GDL a appelé à une nouvelle grève de 24 heures à partir de mardi. Quant au personnel navigant de Lufthansa, il est appelé aussi à débrayer mardi et mercredi, à Francfort et Munich.

La grève, qui concerne aussi bien le personnel de Lufthansa que de sa filiale spécialisée dans les vols européens CityLine, doit avoir lieu chaque jour entre 04H00 locales (03H00 GMT) et 23H00 locales (22H00 GMT). Au premier jour de la grève, mardi, à Francfort, le plus grand aéroport d'Allemagne, le syndicat appelle le personnel de cabine à se réunir le matin, puis à se rendre au siège du groupe dans cette ville du centre du pays. Mercredi, c'est à l'aéroport de Munich, dans le sud de l'Allemagne, que le personnel de cabine est appelé à se rassembler.

« Jeudi le groupe (Lufthansa) a annoncé un résultat record. Le personnel de cabine doit pouvoir profiter de ce succès et les efforts, réalisés pendant la crise du coronavirus, doivent être compensés », a justifié le dirigeant du syndicat UFO, Joachim Vazquez Bürger, dans un communiqué. Avec un bénéfice net de 1,67 milliard d'euros en 2023, en hausse de 112% sur un an, le transporteur allemand Lufthansa avait annoncé  « le troisième meilleur résultat de (son) histoire ».

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Or, différentes catégories de personnels du groupe estiment que leurs salaires ne suivent pas la même trajectoire ascendante après une longue période d'envolée des prix qui a mis à mal leur pouvoir d'achat.

15 rounds de négociation sans accord chez Lufthansa

La semaine dernière, c'est le personnel au sol de Lufthansa qui a, une nouvelle fois, débrayé entre jeudi et samedi matin, paralysant le trafic dans les principaux aéroports allemands.

Pour le négociateur du syndicat du personnel navigant UFO, Harry Jaeger, la coupe est également pleine. « Après 15 rounds de négociation sans accord, nous devons hélas partir du principe que la direction veut que la situation empire au détriment des passagers », a-t-il dit samedi soir. « Nous regrettons profondément d'en arriver là et demandons aux passagers (...) de nous excuser pour les désagréments à venir », a ajouté Joachim Vazquez Bürger Vazquez Bürger. La compagnie allemande a estimé samedi soir dans un communiqué qu'environ 100.000 voyageurs seraient touchés par ces débrayages.

Lufthansa estime avoir proposé « une très bonne offre »

De son côté, Lufthansa a estimé « avoir mis sur la table une très bonne offre avec notamment des augmentations de rémunérations d'au moins environ 10% ». Dans le détail, la compagnie a proposé pour le personnel navigant de Lufthansa, une prime de 3.000 euros en avril, et une augmentation de rémunération de 6% en août, puis un an après de 3,25%. Pour celui de la filiale Lufthansa CityLine, les hausses de rémunération proposées sont de 5% en mars, puis de 3% un an après, suivie d'une dernière de 2,5% en janvier 2026. A cela s'ajoute également 3.000 euros sous forme de prime pour compenser l'inflation.

Jeudi dernier, le groupe a dit redouter les répercussions « dommageables » de ces arrêts de travail. Ce conflit social, en cours depuis plusieurs mois, a déjà coûté 100 millions d'euros à Lufthansa depuis le début de l'année. Le mouvement « réduit nos perspectives, car chaque grève renforce directement nos concurrents », a déploré Michael Niggemann, membre du directoire de Lufthansa en charge des relations humaines, lors de la présentation des résultats, appelant le syndicat Verdi à préférer la négociation.

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Un sixième débrayage depuis novembre 2023 pour la Deutsche Bahn

L'Allemagne est traversée depuis plusieurs mois par une vague de grèves dans divers secteurs, dont celui des transports, non seulement chez Lufthansa mais aussi chez l'opérateur ferroviaire Deutsche Bahn. Ainsi, le syndicat allemand des conducteurs de train GDL a appelé à une nouvelle grève de 24 heures à partir de mardi, face à des négociations dans l'impasse avec la direction de la Deutsche Bahn.

La grève débutera mardi à 01h00 GMT (02h00, heure de Paris) et durera jusqu'à 01h00 GMT (02H00, heure de Paris) mercredi pour les services aux passagers, a indiqué dimanche soir le syndicat GDL dans un communiqué. Pour les services de fret, la grève débutera quelques heures plus tôt. Il s'agit du sixième débrayage du syndicat depuis novembre 2023, moins d'une semaine après qu'un arrêt de travail des conducteurs de train a causé des difficultés à des milliers de passagers.

Le syndicat GDL a déclaré que la Deutsche Bahn n'avait pas présenté d'offre écrite améliorée avant la date limite de dimanche soir, ce qui « conduit inévitablement à une action syndicale » a déclaré Claus Weselsky, le patron du GDL. La Deutsche Bahn avait appelé plus tôt dans la journée de dimanche à un nouveau cycle de négociations pour lundi. « Nous sommes convaincus que nous ne parviendrons à un accord que par le dialogue à la table des négociations », a déclaré Martin Seiler, directeur des ressources humaines de la Deutsche Bahn.

Outre des augmentations de salaire, la principale revendication du syndicat GDL est une semaine de travail réduite à 35 heures, contre 38 actuellement, avec un salaire complet. La Deutsche Bahn a déclaré avoir fait des concessions représentant jusqu'à 13 % d'augmentation de salaire, ainsi que la possibilité de réduire la semaine de travail à 37 heures à partir de 2026.

La reprise d'ITA Airways, une autre épine dans le pied pour Lufthansa

Lufthansa attend toujours le feu vert de la Commission Européenne pour son  projet phare, l'acquisition de la compagnie publique italienne ITA Airways.

Le groupe dit compter sur une approbation « au cours de cette année », assurant travailler « en étroite collaboration et de manière constructive » avec la Commission européenne. Les réserves de Bruxelles concernent en particulier des liaisons entre l'Italie et des pays d'Europe centrale sur lesquelles il y aurait trop peu de concurrence, ainsi que certaines liaisons long-courriers entre l'Italie et les États-Unis, le Canada, le Japon et l'Inde. « Il devient clair que nous, en Europe, avons besoin d'une industrie aérienne fonctionnelle, capable de rivaliser à l'échelle mondiale contre les grands groupes américains et chinois », a plaidé le PDG Carsten Spohr jeudi.

La presse allemande et italienne fait cependant état de fortes tensions dans les discussions avec l'exécutif européen. L'Etat italien et Lufthansa ont signé en mai 2023 un accord sur l'entrée du géant aérien allemand au capital de la compagnie publique née sur les cendres d'Alitalia.

(Avec AFP)

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