Dix ans après la disparition du MH370, retour sur la plus grande énigme de l'histoire de l'aviation

Ce vendredi 8 mars marquera le dixième anniversaire du tristement célèbre vol MH370 de Malaysia Airlines disparu mystérieusement avec à son bord 239 passagers. Un drame dont les causes sont aujourd’hui encore non élucidées. En six points clefs, La Tribune fait le point sur cette affaire, qui reste, à ce jour, la plus grande énigme de l’histoire de l’aviation.
Mathieu Viviani
Depuis dix ans, plusieurs thèses expliquant la disparition du MH370 ont été avancées. Mais aucun n'est, à ce jour, confirmée, laissant les familles de passagers dans l'incertitude.
Depuis dix ans, plusieurs thèses expliquant la disparition du MH370 ont été avancées. Mais aucun n'est, à ce jour, confirmée, laissant les familles de passagers dans l'incertitude. (Crédits : Reuters)

Quarante minutes de vol et puis silence radio... Le samedi 8 mars 2014, les 227 passagers et 12 membres d'équipage du vol MH370 de la compagnie Malaysia Airlines n'arriveront jamais à destination. Après avoir décollé de Kuala Lumpur en Malaisie peu après minuit, le Boeing 777-200 entame un vol de routine vers Pékin en Chine, pour une arrivée prévue à 06h30 (heure locale). Mais à 1h21, c'est le black-out. L'appareil disparaît progressivement des écrans radars sans aucune communication préalable des pilotes.

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S'ensuit une course contre la montre pour retrouver l'appareil disparu. En vain. Plus les jours passent, plus l'enquête des autorités malaisiennes s'enfonce dans l'incertitude. Ni l'imposante carlingue du Boeing 777, ni les corps des passagers du vol ne seront retrouvées... Dix ans après, les causes réelles du drame ne sont toujours pas élucidées. En sept points, retour sur le plus grand mystère de l'histoire de l'aviation.

1 - Près de 40 minutes de vol et soudain... black-out

Samedi 8 mars 2014, le Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines décolle sans problème à 00h41 (heure locale) de l'aéroport de Kuala Lumpur en Malaisie. Sa destination : Pékin, capitale de la Chine, à environ 6h30 de vol de là. Cette ligne aérienne régulière est connue par de nombreux touristes chinois qui l'empruntent pour passer des vacances sur les littoraux malaisiens.

Lorsque l'appareil quitte la capitale malaisienne, la météo, facteur clef des conditions d'un vol, est bonne, sans aucune perturbation annoncée sur le chemin. Après 40 minutes de trajet, l'avion se situe à une altitude de 35.000 pieds (10.700 mètres). A 1h19 (heure locale), l'appareil s'apprête à quitter l'espace aérien malaisien pour entrer dans celui du Vietnam. Il se situe alors au-dessus du golfe de Thaïlande, non loin de la mer méridionale de Chine, plus à l'Est.

A 1h21, le dernier contact radar connu est enregistré. Une minute plus tard, le transpondeur de l'imposant Boeing est coupé net, sans avertissement préalable des pilotes. Les contrôleurs aériens du Vietnam tentent alors de contacter le MH370, et face à ce silence radio, demande à un avion qui vole à proximité d'essayer à son tour. Pas de réponse... L'affaire de la disparition du vol MH370 commence à ce moment-là.

2 - Premières recherches infructueuses et familles de passagers en colère

Après avoir été alertées dans la nuit, les autorités malaisiennes se lancent dans une course contre la montre pour retrouver l'appareil, en passant en revue toutes les positions radars de celui-ci d'une part, et en contactant les autorités des pays limitrophes d'autre part (Vietnam, Thaïlande, Indonésie, Philippines, etc).

A 7h24 le même jour, la compagnie aérienne se décide à annoncer par communiqué la disparition de l'appareil. Désormais publique, l'information est diffusée à travers les médias du monde entier. Chez les familles des passagers, c'est la stupeur et l'incompréhension. Beaucoup d'entre elles ne comprennent pas pourquoi Malaysia Airlines les a prévenus plus de cinq heures après la perte du contact avec l'avion. A l'époque, des chaînes de TV rapportent d'ailleurs des scènes de pleurs et de colère à l'aéroport de Kuala Lumpur et de Pékin.

3 - Présumés morts sans... avoir retrouvé leurs corps

Malgré les efforts des équipes de recherche, les jours passent et se ressemblent sans traces de l'avion ni signes de vie des passagers. Le 24 mars 2014, ils sont finalement tous déclarés présumés morts par les autorités malaisiennes, sans qu'aucune corps n'ait pu être retrouvé.

Parmi les victimes, on trouve une majorité de citoyens chinois (153), des Malaisiens (50 dont 12 membres d'équipage), mais aussi des ressortissants indonésiens, australiens, américains, canadiens, iraniens, néo-zélandais, ukrainiens, hollandais, russes, Taïwanais... ainsi que quatre Français. Ces derniers sont des membres de la famille de Ghyslain Wattrelos (originaire de Dieppe en Seine-Maritime), qui travaille à l'époque en expatriation à Pékin. Son épouse, deux de ses enfants et la petite amie de l'un d'entre eux, étaient à bord du MH370. Ingénieur et cadre chez Lafarge Holcim à ce moment-là, il deviendra l'un des porte-voix des victimes. Il témoignera à de nombreuses reprises dans les médias pour faire état des maigres avancées de l'enquête et de ses zones d'ombre.

4 - Une zone de recherche gigantesque... qui n'a rien donné

Samedi 8 mars 2014, dans les heures qui suivent la disparition du MH370, des navires et avions, malaisiens et internationaux, sont dépêchés en mer de Chine méridionale. Il s'agit de la première zone de recherche choisie car c'est ici que le signal de l'avion a été perdu. Mais quelques jours plus tard, coup de théâtre : des signaux satellites interceptés par Inmarsat (une société privée britannique de téléphonie par satellite), indiquent que le B777 a fait demi-tour et continué sa route jusqu'à l'océan Indien, vers l'Australie.

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Pendant trois ans, pas moins de 120.000 km2 (soit une fois et demie la superficie de la France) ont été explorés dans cette zone gigantesque, mais aucune trace ou fragment de l'épave de l'avion ou de ses boîtes noires n'y ont été retrouvés. Faute de preuves, ces recherches stopperont en janvier 2017. Sous la pression des familles des disparus, l'ancien gouvernement malaisien relance quelques mois après d'autres investigations via Ocean Infinity, une société américaine privée spécialisée dans la recherche sous-marine. Sans plus de succès, malgré 25.000 km2 supplémentaires explorés. Cette expédition prend fin le 29 mai 2018.

Aujourd'hui, les seuls indices matériels auxquels se raccrochent les enquêteurs sont des débris de l'appareil découverts plusieurs mois après la disparition du B777. Le premier élément a été récupéré en juillet 2015 sur une plage de l'île de la Réunion, en territoire français, à 4.000 km de la zone présumée de l'accident. Cet aileron de la queue de l'appareil a été formellement identifié par les experts malaisiens comme ayant appartenu au MH370. Un fait mis en doute par Florence de Changy, correspondante en Asie pour le quotidien Le Monde et RFI, qui enquête depuis 2014 sur le crash. D'après elle, le flaperon retrouvé ne possède pas sa plaque d'identification, élément clef pour une vérification complète.

D'autres fragments du Boeing ont ensuite été retrouvés sur les côtes d'Afrique du Sud, du Mozambique, de Tanzanie, de Madagascar et de l'île Maurice. Mais leur authentification formelle fait encore l'objet de débats.

5 - Le rapport incomplet et décevant des autorités malaisiennes

En juillet 2018, quatre ans après la disparition du MH370, le rapport final des enquêteurs malaisiens est publié. Très attendue, la conclusion est une grande déception pour les familles des victimes. Les auteurs du rapport avouent, qu'en l'état, il est impossible de déterminer avec certitude les circonstances de la disparition de l'avion. Dans ce document de plusieurs centaines de pages, quatre hypothèses sont privilégiées par les enquêteurs : l'incident technique en plein vol, le détournement, l'acte terroriste et le crash volontaire.

Pour la première hypothèse, un incendie à bord causé par des batteries en lithium est évoqué. Ce qui aurait provoqué une dépressurisation en vol et une asphyxie de l'équipage. Le détournement de l'avion par une tierce personne n'est pas non plus exclu par les enquêteurs, mais les preuves de la présence de cet intrus au sein du poste de pilotage est impossible à confirmer sans boîtes noires.

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Parmi les premières pistes évoquées après la disparition de l'appareil en 2014, l'acte terroriste est aussi envisagé par le rapport. A l'époque, deux passagers iraniens munis de faux-passeports avaient été soupçonnés. Jusqu'à ce que cette piste soit abandonnée faute d'éléments probants.

Quant au suicide d'un des pilotes, cette thèse reste toujours plausible selon des experts (autre que ceux du rapport malaisien), mais les éléments permettant de la confirmer, sont à ce jour insuffisants. Le profil du commandant de bord avait un temps intrigué les enquêteurs. Pilote expérimenté et homme sans histoire, Zaharie Ahmad Shah, 53 ans, était un militant de l'opposition politique malaisienne.

Le détournement du MH370 et son crash serait-il un acte de protestation ? Une thèse peu probable car peu étayée par les faits. A moins que l'acte du commandant de bord soit lié à des fragilités psychologiques dont personne n'avait connaissance comme ce fut le cas un an plus tard du pilote suicidaire de la compagnie allemande low-cost Germanwings en 2015. L'enquête sur le profil de Zaharie Ahmad Shah et son entourage n'a pas non plus révélé d'éléments probants quant à cette option.

6 - Une autre thèse en lien avec une potentielle cargaison ultrasensible

Une autre thèse alternative est à prendre en considération. Il s'agit de celle de la journaliste française Florence de Changy, qui enquête sur l'affaire depuis le départ. Dans un livre d'investigation intitulé « Vol MH370 La Disparition » publié en mars 2021, la correspondante du Monde et de RFI en Asie réfute le demi-tour de l'avion vers l'océan indien. D'après elle, l'appareil se serait plutôt échoué au large des côtes vietnamiennes, au sud de l'espace aérien chinois.

Pour appuyer ses dires, elle pointe le fait qu'aucun pays de la région (Thaïlande, Indonésie, Singapour, Australie) n'a dit indiqué avoir repéré le vol sur ses radars au moment de son demi-tour. Ce, alors que les données satellitaires de l'entreprise Inmarsat l'attestent. Par ailleurs, à ce jour, il n'y a selon la journaliste pas eu de partages des données satellitaires américaines. Une incohérence qui pose question.

Dans la conclusion de son ouvrage, Florence de Changy émet donc l'hypothèse suivante : selon ses éléments, « une arme ultrasensible américaine » aurait été chargée dans la soute du B777. La perspective de voir la Chine mettre la main dessus n'était pas envisageable par les Etats-Unis. Ce qui s'est passé pendant le vol pourrait découler de ce fait. Mais le scénario reste encore à étayer, selon la journaliste, qui enquête toujours sur l'accident aujourd'hui.

7 - Les recherches bientôt relancées ?

Dix ans après, où en sont les investigations ? Après l'arrêt des recherches en mer en 2018, de nombreuses familles de passagers ont réclamé de nouvelles explorations. Après plusieurs années de refus, une réponse donnée lundi de cette semaine par le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a suscité de nouveaux espoirs. Le dirigeant a ainsi déclaré qu'il serait « heureux de relancer » les recherches pour le vol MH370 en cas de preuves « convaincantes ». Le même jour, le ministre des Transports malaisien, Anthony Loke, a déclaré à la presse que « la Malaisie est déterminée à retrouver l'avion », précisant que « le coût n'est pas le problème ». Le ministre a par ailleurs indiqué qu'il allait rencontrer des représentants de la société américaine d'exploration marine Ocean Infinity, afin de discuter d'une nouvelle opération.

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En raison de la présence de quatre passagers français au sein du MH370, la France a de son côté ouvert une enquête pénale avec plusieurs juges d'instructions sur le front. Aujourd'hui, elle est le dernier pays à enquêter judiciairement sur les circonstances du crash. Dernier élément notable des enquêteurs français : en juillet 2019, ils ont pu récupérer auprès de Boeing des données cruciales pour la suite des investigations. A ce stade, il est « vraisemblable » que le commandant de bord a « piloté l'avion jusqu'au bout », pendant près de 7h, avait indiqué à ce sujet auprès de l'AFP Ghyslain Wattrelos, qui a accès aux avancées de l'instruction via son avocate, Maître Marie Dosé. Mais « rien n'accrédite la thèse du suicide » du pilote, avait-il précisé à l'époque.

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Mathieu Viviani

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Commentaires 8
à écrit le 07/03/2024 à 20:51
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Je cite "Pendant trois ans, pas moins de 120.000 km2 (soit une fois et demie la superficie de la France) ont été explorés dans cette zone gigantesque", La FRANCE métropolitaine faisant aux alentours de 550 000 km2, nous comprenons parfaitement les r...

à écrit le 07/03/2024 à 20:45
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Je sais qu'il est de bon ton de se tenir les coudes entre journalistes mais désolé, les thèse de Mme De Changy sont hautement fantaisistes et toute personne un peu sérieuse s'accorde à dire que si les US avaient voulu faire disparaître un cargo mysté...

le 08/03/2024 à 18:48
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ABC je partage entièrement votre avis

à écrit le 07/03/2024 à 18:36
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Je sais qu'il est de bon ton de se tenir les coudes entre journalistes mais désolé, les thèse de Mme De Changy sont hautement fantaisistes et toute personne un peu sérieuse s'accorde à dire que si les US avaient voulu faire disparaître un cargo mysté...

à écrit le 07/03/2024 à 16:39
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Une météorite sur mhn370 ?

à écrit le 07/03/2024 à 13:26
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Emmanuel Macron est un bon Président.

le 08/03/2024 à 2:11
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Le camembert President n'est pas un vrai camembert.

le 08/03/2024 à 8:46
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J'ai encore ma marionnette ! La vache c'est pour dire le niveau et comme je n'ai eu aucun mérite à m'imposer dans ce microcosme si peu éclairé ! ^^

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