
Plus qu'un mois avant le début de la coupe du monde de rugby, qui se tiendra en France du 8 septembre au 28 octobre prochain. Pour l'occasion, les organisateurs attendent plus de 600.000 supporters étrangers, dont 500.000 viennent de Grande-Bretagne. Une grande partie va ainsi affluer à la Gare du Nord, où l'Eurostar effectue la liaison entre Paris et Londres.
Hier, Clément Beaune, le ministre des Transports, était attendu sur place afin de faire le point sur l'accueil des passagers avant cet événement. Il est aussi revenu sur les inquiétudes en amont des Jeux olympiques de l'été prochain, où il a précisé que « le transport est, avec la sécurité, le plus grand enjeu de cet évènement ».
Un renforcement du personnel
Or, ce même jour, une panne géante de 12h à entraîné une série de perturbations à l'aéroport d'Orly. Il y a quelques semaines, une panne de deux heures sur la ligne 4 du métro a également été à l'origine de nombreuses plaintes sur les réseaux sociaux. Clément Beaune a ainsi annoncé un renforcement de personnel avec une cinquantaine d'agents supplémentaires rien que sur la Gare du Nord, la plus fréquentée d'Europe. « C'est un recrutement qui n'a pas été fait depuis les 40 dernières années », s'est-il félicité.
« L'objectif est de gérer l'affluence qui va monter à 1.400 passagers à l'heure, contre 1.200 en moyenne actuellement », a précisé David Sitruk, directeur financier d'Eurostar et Thalys. Du côté de Londres, un système de reconnaissance faciale biométrique a été installé le 17 juillet dernier, qui permet de fluidifier le trafic des passagers lors des contrôles d'identité. A Paris en revanche, le contrôle se fera par des agents.
« Pour l'instant, il n'est pas prévu d'installer Smartcheck dans les gares continentales. Nous continuons de pousser pour des solutions technologiques pour des contrôles automatisés de passage aux frontières, dont SmartCheck est un exemple », a-t-on affirmé du côté Eurostar France.
La difficile gestion de la foule
Avant la coupe du monde de rugby, de nombreuses inquiétudes persistent quant à la gestion de la foule dans les transports en commun puisque la finale de la ligue des champions de football 2022 avait connu son lot de problèmes au niveau des RER. Si le ministre a estimé qu'il n'y avait pas eu d'autres incidents depuis dans les trajets menant au Stade de France, il a tout de même reconnu que le manque d'informations pour les passagers lors des problèmes techniques était encore un point à travailler tout comme la formation des agents aux langues étrangères pour guider au mieux les touristes.
Car la congestion de la foule dans certains endroits des gares reste le problème le plus important en termes de sécurité. Pour cela, plusieurs leviers sont à actionner selon Julien Pettré, directeur de recherche à l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) de Rennes :
« Les gares sont des espaces définis et trouver de la place ne s'invente pas. Il faut mettre une signalétique spécifique en place, en particulier dans le cas d'évènements de grande ampleur. Il faut également rajouter des agents pour aider les passagers. Le moindre blocage de foule peut engendrer du stress, de l'énervement et des problèmes de sécurité. »
Clément Beaune a par ailleurs demandé à la SNCF de lui présenter un plan d'action pour améliorer l'information voyageur à la rentrée, au moment où la coupe du monde de rugby aura déjà débuté.
Rénover les réseaux de transports
Pour Stéphane Tonnelat, chercheur au CNRS, la gare du Nord en particulier « est déjà quasiment au maximum en heure de pointe ». Il faut donc, selon lui, « programmer les événements sportifs en dehors des heures de pointe, de façon à répartir le trafic sur la journée et la soirée ». Le chercheur explique que dans d'autres villes, comme New York, le métro possède des rails express distincts des rails locaux afin d'assurer une décongestion lors de flux importants aux mêmes endroits.
Le problème reste surtout qu'au moindre problème technique lors de l'afflux de passagers sur les trains ou sur les métros partant des gares, les retards s'enchaînent et la foule s'amasse. La solution est donc plutôt de travailler sur le réseau existant. Clément Beaune a rappelé son plan d'1,5 milliard d'euros supplémentaire au budget initial chaque année pour rénover le réseau ferroviaire « le plus vieux d'Europe ».
Le ministre des transports a également rappelé que tous les investissements sur les réseaux de transports serviront aux Parisiens après ces évènements. Mais pour Stéphane Tonnelat : « ces investissements sont surtout dirigés vers les nouvelles lignes du Grand Paris Express au lieu de rénover l'existant. Certaines de ces lignes comme la 17 et la 18 sont d'ailleurs très contestées car elles ne desserviront pas les populations existantes, mais ouvriront de nouveaux territoires (des terres agricoles) à l'urbanisation. Elles auront tendance à rallonger les temps de transport et augmenter encore la congestion ».
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