« Les taxis seront au rendez-vous des JO » (Nicolas Rousselet, PDG de G7)

ENTRETIEN — Le dirigeant mise sur la disponibilité de ses chauffeurs et prévoit 500 véhicules adaptés aux personnes à mobilité réduite.
Nicolas Rousselet dans son bureau à Paris, en octobre 2023.
Nicolas Rousselet dans son bureau à Paris, en octobre 2023. (Crédits : © ÉLODIE GRÉGOIRE)

LA TRIBUNE DIMANCHE - Douze ans après l'arrivée d'Uber en France, estimez-vous que G7 a su résister à la concurrence ?

NICOLAS ROUSSELET - Notre stratégie de montée en gamme est un succès. Nous avons aujourd'hui 10 000 taxis affiliés chez G7 à Paris et 4 500 dans 230 villes en France. Grâce à nos investissements technologiques constants, dont 18 millions d'euros dans les outils informatiques en 2023, les clients disposent d'une large palette de canaux de commandes, notamment par des applis. Nos véhicules sont les plus modernes et les moins polluants du marché. La professionnalisation des chauffeurs s'est accentuée d'année en année. Le marché est en croissance : à Paris, un foyer sur trois seulement possède une voiture. Le volume d'affaires - les flux financiers reversés aux chauffeurs - s'est élevé à 600 millions d'euros en 2023, en hausse de 10 % par rapport à 2022. La demande augmente en conséquence.

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Face aux VTC, comment se situe G7 ?

Selon l'enquête Ipsos que nous commandons chaque année, G7 s'impose - ex aequo avec Uber - comme le premier choix des Parisiens lorsqu'ils ont besoin d'un transport en voiture. La notoriété spontanée de la marque se renforce. Ce sondage indique également une très forte progression auprès des moins de 40 ans. Un signe indiscutable que la clientèle des taxis rajeunit. C'est aux chauffeurs que l'image et la réputation de l'entreprise doivent cette progression. En janvier 2024, un mois traditionnellement assez calme, G7 a enregistré sur une journée 61 000 courses au lieu de 50 000 à 55 000 habituellement. Mais j'aimerais que la concurrence s'exerce sur des bases égales.

C'est-à-dire ?

Paris est l'une des grandes villes dans le monde qui ne limitent pas le nombre de VTC. Et leurs chauffeurs sont souvent en maraude au lieu d'attendre dans un parking lorsqu'ils n'ont pas de client à bord, en dépit de la réglementation. Nous n'avons pas peur de la concurrence, à condition qu'elle soit loyale.

Vos clients sont-ils en majorité des abonnés ?

Non, au contraire. Les deux tiers des courses sont effectuées pour des particuliers : 10 millions sur un total de 15 millions de trajets. Mais la croissance se traduit aussi dans les abonnements, avec 10 000 entreprises clientes.

À quelques mois des Jeux paralympiques, G7 dispose-t-il d'une flotte accessible pour les personnes à mobilité réduite ?

Le groupe tient ses engagements dans ce domaine, pris dès 2004. Notre flotte de taxis compte aujourd'hui 350 véhicules adaptés, dotés de rampes d'accès. C'est l'une des plus importantes d'Europe. Il y en aura 500 en juin. Nous avons compté 25 000 personnes à mobilité réduite parmi nos clients en 2023.

Les chauffeurs pourront déposer ou venir chercher leurs clients partout, y compris dans les zones rouges

Les chauffeurs de taxi seront-ils au rendez-vous pour l'ensemble de la période des JO ?

Selon une enquête interne, la grande majorité d'entre eux sera bien au rendez-vous pour les Jeux. Ils pourront déposer ou venir chercher leurs clients partout, y compris dans les zones rouges. Et disposeront de 185 kilomètres de voies réservées. Nous avons prévu de leur donner chaque jour un plan de circulation, pour faciliter leurs trajets. Deux cents personnes travailleront dans notre centre d'appels, ainsi que trente coordinateurs près des sites olympiques les plus fréquentés. Les JO sont une vitrine formidable pour démontrer la qualité de service des taxis G7. Personne ne veut manquer cette occasion, ni les chauffeurs ni les employés du siège, même s'il est difficile d'anticiper les effets de l'événement sur le nombre de passagers.

Où en êtes-vous de l'électrification des véhicules ?

J'ai lancé dès 2007 un programme d'adaptation pour réduire les émissions de CO2, G7 Green. En 2024, 85 % de nos berlines sont hybrides ou électriques, une proportion en avance sur nos prévisions. Nous avons mis en place un partenariat avec Toyota, avec l'achat de 2 500 voitures électriques Toyota et Lexus pour « verdir » encore la flotte de taxis. G7 a aussi un accord avec le plus grand réseau de bornes de charge ultrarapide, Electra, qui compte 38 stations en Île-de-France, avec 220 points de charge. Notre objectif d'ici à 2030 consiste à augmenter de 30 % le nombre de passagers, soit plus de 40 millions annuels, tout en diminuant nos émissions totales de 30 % sur la période. Sachant qu'un taxi transporte en moyenne 15 personnes par jour, ce qui est en soi favorable à l'environnement. Reste une difficulté concernant les monospaces : il n'existe pas aujourd'hui de solution abordable. Aucune offre des constructeurs n'est compatible avec les tarifs réglementés du taxi parisien. Ni avec les moyens de financement des chauffeurs, propriétaires de leurs véhicules.

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Commentaire 1
à écrit le 11/03/2024 à 9:26
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