Tempête sur la maison neuve : le Normand Hexaôm touché mais pas coulé

Bien qu’affaibli par le retournement du marché, le numéro 1 français de la construction de maisons individuelles pourrait tirer profit de la concentration inévitable du secteur en butte à une hausse des faillites. Il a déjà repris une partie des chantiers abandonnés par son ex rival Geoxia, maison mère des célèbres pavillons Phenix, liquidé l’été dernier.
Coté sur Euronext, Hexaôm a enregistré une baisse de ses commandes de l'ordre de 40% en valeur au premier semestre.
Coté sur Euronext, Hexaôm a enregistré une baisse de ses commandes de l'ordre de 40% en valeur au premier semestre. (Crédits : AdobeStock)

Mieux vaut une voilure bien bordée pour affronter les coups de tabac. Le groupe familial normand Hexaôm, anciennement Maisons France Confort, en fait la démonstration. Non que le leader de la construction de maisons individuelles soit resté imperméable à la tempête qu'affronte son secteur, mis à genoux par l'inflation des coûts de construction et la hausse très brutale des taux de crédit immobilier. Pour preuve, on sait maintenant que sa filiale Les Ateliers des Compagnons, spécialisée dans la rénovation BtoB, ne passera pas l'hiver. Elle est entrée en  procédure de liquidation ce 3 octobre. Pour autant, la charpente robuste du groupe lui permet de limiter les dégâts.

Alors que les faillites se multiplient chez ses confrères, l'entreprise centenaire de la dynastie Vandromme a réussi à garder la tête hors de l'eau, au prix d'un resserrement de ses frais fixes (l'effectif est redescendu sous la barre des 1.700 salariés), mais aussi d'une augmentation de ses prix de vente. Ceux-ci sont passés de 120.000 euros la maison à plus de 160.000 en moins de quatre ans. Si elle a fermé la porte aux acquéreurs les plus modestes, cette stratégie conservatrice adoptée dès 2021 se révèle payante.

Publié mercredi, le chiffre d'affaires d'Hexaôm au premier semestre, est en hausse d'un peu plus de 10% à 552 millions d'euros. De même, son résultat net, déficitaire pour la première fois l'an dernier, est revenu dans le vert. Moyennant quoi, ses dirigeants restent confiants dans leur modèle, à mi-chemin entre l'industrie et l'artisanat. Et ce malgré la baisse spectaculaire des nouvelles commandes de maisons (en recul de 40% en valeur fin août vs la même période de l'an dernier).

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« Une prime au leader »

Pour compenser ce manque à gagner, les intéressés tablent sur la concentration du secteur que va inévitablement engendrer la crise. « Le marché va se concentrer et forcément créer des opportunités avec une prime au leader et aux sociétés financièrement solides. Il y aura moins de maisons, mais moins d'acteurs », pronostique son directeur général. De premiers signaux donnent raison à Loïc Vandromme. En 2021 et 2022, le constructeur a repris 250 chantiers laissés en jachère par ses concurrents. Un nombre qui, selon lui, est appelé à croître fortement au cours des deux prochaines années.

Commercialement, Hexaôm jouit d'un autre atout. Conforté dans sa place de numéro 1 depuis la chute retentissante de son rival Geoxia, il peut espérer convaincre les futurs acquéreurs, inquiets à la perspective d'être lâchés au milieu du gué. « Les clients vont rechercher des partenaires fiables », prédit Jean-Christophe Godet, directeur financier.

Autre élément de réassurance pour l'entreprise, la montée en puissance de son activité de rénovation BtoC stimulée par l'interdiction prochaine de location des passoires thermiques et la flambée des coûts de l'énergie. Le groupe, qui se présente désormais comme un constructeur-rénovateur, mise gros sur cette diversification entamée dès 2015, bien que celle-ci ne représente encore qu'une part marginale de son chiffre d'affaires  « Ce n'est pas un eldorado où tout est simple. Mais il y a incontestablement de bonnes perspectives à moyen long terme », souligne Loïc Vandromme. Dans sa ligne de mire, les quelques 20 millions de logements français qui devront être remis à neuf d'ici 2050.

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Zen face au ZAN

Le zéro artificialisation nette ? Même pas peur. C'est ainsi que l'on pourrait résumer la position des dirigeants d'Hexaôm face au fameux ZAN, remis bruyamment sur le devant de l'actualité par Laurent Wauquiez. Si Loïc Vandromme concède que la nouvelle règle pourrait « freiner » les programmes de lotissements à l'avenir, il estime que le dispositif  est sujet à beaucoup de phantasmes.

« Je pense qu'il y a un problème de communication de la part du gouvernement, risque t-il. En réalité, il existe encore des droits à construire et la possibilité de diviser des terrains. Nous allons aussi faire de plus en plus de démolitions-construction ».

Si même un constructeur le dit....

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