Grand Paris : le nouveau président de la fédération régionale du bâtiment mise sur l'écologie

Philippe Servalli vient d'être élu le 13 janvier à la présidence de la la fédération française du bâtiment Grand Paris Île-de-France . Après une année 2021 marquée par la reprise économique, le successeur de Jean-Luc Tuffier érige la transition écologique et l'innovation en leviers de compétitivité et de développement économique pour 2022.
César Armand
Je ne suis pas convaincu que le hors-site soit la panacée, tant la circulation dans le Grand Paris est compliquée. En revanche, le séquençage de la production, j'y crois, affirme le nouveau porte-parole du bâtiment francilien, Philippe Servalli.
"Je ne suis pas convaincu que le hors-site soit la panacée, tant la circulation dans le Grand Paris est compliquée. En revanche, le séquençage de la production, j'y crois", affirme le nouveau porte-parole du bâtiment francilien, Philippe Servalli. (Crédits : David Morganti)

Acteur du déploiement de France Relance, qui flèche près de 8 milliards d'euros vers la filière, la fédération française du bâtiment Grand Paris Île-de-France (70.000 entreprises, 85% de moins de dix salariés) change de président. Jusqu'à présent premier vice-président, Philippe Servalli vient d'être élu le 13 janvier pour succéder à Jean-Luc Tuffier.

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2021, symbole de la reprise économique

Âgé de 58 ans, le PDG de l'entreprise familiale Saint-Denis Constructions (maçonnerie et gros œuvre, 65 salariés) arrive au lendemain d'une année de reprise économique : +13,4% d'activité et 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire par rapport à 2020.

Sur le papier, tout va bien, mais sur le terrain, les marges continuent à se détériorer, du fait de la crise des matériaux et de la hausse des prix de l'énergie, dont les coûts sont rarement pris en charge par les maîtres d'ouvrage. Le montant des appels d'offres a certes augmenté de 8,9%, mais leur total reste 17% inférieur à celui de 2019.

Logiquement, l'objectif annuel de produire 70.000 logements neufs en Île-de-France, inscrit dans la loi du Grand Paris du 3 juin 2010, n'est pas tenu. Les habitats mis en chantier sont certes en hausse de 8,1% au regard de l'année dernière, mais en chute de 9% par rapport il y a deux ans, alors qu'ils représentent une part significative du travail de la fédération régionale.

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2022 marquée par une nouvelle réglementation environnementale

Dans ce contexte, Philippe Servalli s'est fixé quatre grandes priorités, à commencer par la transition écologique. Une nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs, dite "RE2020", censée mettre l'accent sur les matériaux décarbonés, les énergies renouvelables et lutter contre les îlots de chaleur, vient d'entrer en vigueur le 1er janvier.

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"C'est un enjeu de société et une question de survie, pour toutes les générations, les jeunes et les vieux comme moi", souligne le président de la fédération francilienne du bâtiment. "Nous allons accompagner les entreprises dans l'amplification des démarches RSE de la même façon que nous allons nous ancrer dans une démarche bas-carbone", ajoute-t-il.

Nouveaux choix constructifs, nouveaux matériaux, nouveaux processus... Les entreprises sont prêtes mais rencontrent encore des délais d'approvisionnement de 4 à 6 mois pour les matériaux et font face à des prix de l'énergie qui ont augmenté de 30 à 40%. "Construire un logement ou un équipement doit s'inscrire dans une démarche environnementale", insiste Philippe Servalli.

L'innovation, levier de développement économique

Dans ce contexte, l'innovation est érigée en levier de développement économique. "Les entreprises doivent s'en emparer, surtout les petites qui n'en font pas nécessairement une priorité, car n'ayant pas de centre ou de direction recherche et développement", explique le représentant d'un métier "traditionnel".

"C'est un sujet de compétitivité. Il faut qu'elles s'approprient les nouvelles technologies et les nouveaux modes constructifs", martèle-t-il. "La filière doit être précurseuse en se mettant en contact avec les chercheurs et les startuppeurs", poursuit le président de la fédération régionale.

Dématérialisation de l'information, production de bâtiment bas-carbone, développement de nouvelles technologies au service de la gestion de l'espace, développement des usages et services... Telles étaient justement les thématiques fixées par l'ex-ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie, et que devaient étudier l'économiste Robin Rivaton et le président de Viparis Bernard Michel... fin 2018-début 2019.

Finalement publié fin février 2021 sous l'impulsion de l'actuelle ministre du Logement Emmanuelle Wargon, le rapport définit le concept de hors-site par de la préfabrication à laquelle s'ajoute une dimension industrialisée de l'assemblage sur site et sur le transport de la production au site. Par exemple, la construction de logements en bois s'opère grâce à des panneaux prédécoupés (préfabrication) par des machines en usine, qui sont ensuite montés sur le terrain les uns sur les autres (assemblage) grâce à un engin de levage.

"Je ne suis pas convaincu que le hors-site soit la panacée, tant la circulation dans le Grand Paris est compliquée. En revanche, le séquençage de la production, j'y crois", affirme Philippe Servalli. "En matière de rénovation, les industriels comme Saint-Gobain nous proposent des produits nouveaux. Il faut que nous soyons des aiguillons", embraye-t-il.

"Volontarisme" dans la lutte contre le dérèglement climatique

A propos de circulation, le président de la fédération française du bâtiment Grand Paris Île-de-France déclare vouloir "s'inscrire dans la logistique urbaine" de la région. Soulignant son "volontarisme" dans la lutte contre le dérèglement climatique, il demande toutefois à ce que la zone à faibles émissions (ZFE) soit "adaptée". Autrement dit, que ses camions de 26 tonnes de terrassement et de 42 tonnes transportant les pelles, qui dépassent les critères écologiques, puissent rouler à l'intérieur du périmètre de l'A86.

"Si la ZFE est trop coercitive, ça va être invivable. Des entreprises ne peuvent déjà plus travailler dans le centre de Paris", souligne Philippe Servalli.

"Nous trouverons des outils, type vignette dérogatoire, car je ne veux pas opposer la santé publique et l'économie", a déjà répondu, dans nos colonnes, le président de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, en juillet 2021.

Parallèlement, le porte-parole du bâtiment francilien veut gérer et développer le capital humain de ses adhérents. Son action se résumera en un triptyque qui résonne comme un slogan publicitaire: "attirer, former et conserver". Au-delà du bon mot, il l'assure : plus de 50% des entrepreneurs, quelle que soit leur taille, font face à des problèmes de recrutement, sur tous les postes, du cadre à l'ouvrier. "Il faut tout faire pour que cela ne devienne pas un frein au redémarrage", conclut-il.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 18/01/2022 à 4:17
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Mais qu'ont-ils tous ces males blancs a se faire pousser la barbe ?

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