
"Le Brexit en soi n'est pas une bonne nouvelle pour l'Europe. Mais, dans ces conditions, il est évidemment souhaitable d'attirer un maximum de financiers à Paris", a déclaré Augustin de Romanet, président de Paris Europlace, l'organe chargé de promouvoir la place financière de Paris, qui présentait à la presse, ce jeudi 9 janvier, son plan stratégique pour 2030.
"Le mouvement est en cours", a ajouté Arnaud de Bresson, le délégué général de Paris Europlace. Alors que le Royaume-Uni doit officiellement sortir de l'Union européenne le 31 janvier prochain, Paris Europlace semble se rapprocher de son objectif fixé à près de 5.000 emplois directs au bénéfice de la place parisienne. "Nous sommes très près de ce chiffre. Nous sommes aujourd'hui à environ 4.000 emplois décidés", s'est félicité Arnaud de Bresson, en citant les chiffres collectés par Choose Paris Region, guichet unique visant à simplifier l'installation d'entreprises internationales en Ile-de-France.
"Un flux de relocalisations qui se développe"
Alors que HSBC a donné un sérieux coup de frein à ses ambitions premières (la banque britannique prévoyait initialement de transférer un millier d'emplois à Paris, mais ce chiffre ne devrait finalement pas dépasser la barre des 200, essentiellement par création de postes), Arnaud de Bresson assure qu'"il y a un flux de relocalisations qui est en cours et qui se développe". Ainsi, dans le détail, "Bank of America devrait transférer probablement 400 postes dans la banque de marchés à Paris". D'autres grandes banques internationales, notamment américaines, comme JP Morgan, Morgan Stanley et Goldman Sachs, gonflent également leurs effectifs, assure Paris Europlace. De même que les banques britanniques, comme Barclays, qui "a recruté entre 70 et 80 postes à Paris", et Standard Chartered, "qui accroît dans les mêmes proportions ses équipes à Paris", précise le délégué général.
Les fonds d'investissement initient également ce mouvement. C'est le cas de l'américain KKR (près de 150 milliards de dollars d'actifs sous gestion) qui "crée une équipe à Paris, avec une dizaine de collaborateurs pour commencer, ce qui n'était pas le cas auparavant", souligne Augustin de Romanet. De son côté, Robert Ophèle, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), a confirmé la création de 1.500 emplois dans le domaine de la gestion et l'intermédiation financière.
"Une finance au service du citoyen et non pas au service d'elle-même"
Concernant son plan stratégique à horizon 2030, Paris Europlace entend "développer une finance au service des citoyens et non une finance au service d'elle-même", a martelé Augustin de Romanet, par ailleurs PDG du groupe ADP. Cette volonté se traduit par sept axes prioritaires : "renforcer la compétitivité de la place parisienne en matière d'accueil des émetteurs", "développer l'épargne longue et l'orienter vers le financement de l'économie réelle", "jouer un rôle moteur dans la réinvention du modèle européen de BFI", "viser le leadership mondial" en matière de finance verte, "accélérer le financement des Fintech et de l'innovation financière", "développer le financement des grands projets au service des territoires et de l'Europe", et, enfin, "développer et promouvoir la R&D de la place de Paris".
Depuis plusieurs années, Paris Europlace a choisi de miser sur la finance verte pour briller face à Londres. Pionnière et leader dans ce domaine, devant la Chine et les États-Unis, la place de Paris entend détenir plus de 25% du marché mondial des obligations vertes à l'horizon 2030.
"Nous détenons déjà entre 20 et 25% de parts de marché, mais c'est un marché qui va exploser, et maintenir cette position, c'est déjà très ambitieux", a commenté Augustin de Romanet.
En parallèle, Finance for Tomorrow, l'initiative de promotion de la finance verte de Paris Europlace, planche sur la création d'un observatoire pour publier d'autres indicateurs permettant de mesurer et suivre l'engagement des acteurs de la place de Paris en matière de finance durable.
"Un indicateur qu'il sera intéressant de suivre est le pourcentage des actifs gérés par les gestionnaires d'actifs français labellisé ESG", a estimé Augustin de Romanet.
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