Boeing : sixième trimestre dans le rouge, mais le constructeur réduit ses pertes

Au premier trimestre 2023, le constructeur aéronautique Boeing accuse une perte nette de 425 millions de dollars, plus importante que prévue. Malgré un sixième trimestre dans le rouge, Boeing est parvenu à réduire ses pertes de 35% par rapport au trimestre précédent. Son chiffre d'affaires atteint 17,9 milliards de dollars, en hausse de 28% sur un an.
Sur l'ensemble de l'année 2023, Boeing entend toujours livrer entre 400 et 450 avions 737.
Sur l'ensemble de l'année 2023, Boeing entend toujours livrer entre 400 et 450 avions 737. (Crédits : PETER CZIBORRA)

L'année démarre difficilement pour le constructeur aéronautique américain. Au premier trimestre 2023, Boeing accuse une perte nette de 425 millions de dollars, selon un communiqué publié ce mercredi 26 avril. Soit 1,27 dollar par action hors éléments exceptionnels, un indicateur crucial pour les analystes qui avaient tablé en moyenne sur 1,07 dollar seulement.

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Ces chiffres marquent ainsi le sixième trimestre d'affilée dans le rouge pour le groupe d'Arlington, en Virginie. Le constructeur a, de nouveau, pâti de perturbations de sa chaîne d'approvisionnement. Ces difficultés ont généré des surcoûts et affecté ses marges, expliquant en bonne partie la perte constatée.

« Nous enregistrons des progrès sur la chaîne d'approvisionnement », a fait valoir le PDG Dave Calhoun, cité dans le communiqué, ajoutant que la « demande [était] soutenue sur [les] marchés clés » du groupe.

Un chiffre d'affaires en hausse

Boeing a malgré tout réussi à réduire ses pertes par rapport au trimestre précédent (-35%) et sur un an (-66%). Dans le même temps, le constructeur américain a vu son chiffre d'affaires progresser de 28% sur un an, à 17,9 milliards de dollars, au-dessus des 17,5 milliards attendus par le marché.

L'activité a été portée par l'accélération des livraisons d'appareils commerciaux. Sur les trois premiers mois de l'année 2023, 130 avions ont été acheminés aux clients, contre 95 appareils sur la même période l'an dernier. Le carnet de commandes, lui, atteint plus de 4.500 appareils, pour un prix catalogue de 334 milliards de dollars.

Des prévisions confirmées...

Sur l'ensemble de l'année 2023, Boeing entend toujours livrer entre 400 et 450 avions 737. Le groupe américain prévoit d'augmenter sa production de 787 de trois à cinq par mois d'ici la fin 2023. Du fait de la montée en puissance des livraisons, le chiffre d'affaires de la division aviation commerciale a bondi de 59,8% au premier trimestre sur un an.

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L'entreprise a confirmé sa prévision de flux de trésorerie disponible compris entre 3 et 5 milliards pour l'ensemble de l'exercice. Dans les échanges électroniques préalables à l'ouverture de la Bourse de New York, le titre Boeing gagnait près de 4%.

... malgré des difficultés sur des pièces fournies

Le 14 avril dernier, l'avionneur américain avait été secoué en Bourse, après l'annonce de nouvelles perturbations dans les livraisons de son avion vedette, le moyen-courrier 737 MAX, provoquées par des problèmes de qualité sur des pièces fournies par Spirit Aerosystems.

L'action de Boeing avait fini en baisse de 5,6%, tandis que celle de son fournisseur avait plongé de 20,8%. La veille, Boeing a indiqué que Spirit Aerosystems avait utilisé un « processus de fabrication non-standard » dans l'installation de raccords dans le fuselage de certains modèles d'avions 737-7, 737-8, 737-8-200 et P-8.

Ce problème ne pose pas de risque immédiat et les avions en service peuvent continuer à voler, avait assuré Boeing. Mais au moment où certaines compagnies aériennes déplorent de ne pas avoir suffisamment d'appareils pour répondre à la demande en billets d'avion, les livraisons d'un nombre « important » de 737 MAX en production ou encore dans ses stocks vont baisser à court terme, le temps de mener les inspections et, le cas échéant, d'effectuer des modifications, avait averti Boeing.

Un éventuel impact sur les vols d'été à venir

L'entreprise, qui s'est fixée comme objectif de livrer entre 400 et 450 MAX en 2023, n'avait pas précisé combien d'appareils pourraient être concernés, ni combien de temps cela pourrait prendre de régler la situation.

La production en tant que telle ne devrait pas être affectée outre mesure dans la mesure où le problème a été identifié et qu'il devrait être facile de le résoudre sur la chaîne d'assemblage, avait estimé Michel Merluzeau, spécialiste du secteur aéronautique pour le cabinet AIR. Le problème est plutôt au niveau des livraisons des appareils déjà terminés, selon lui.

Comme « plusieurs fournisseurs sont intervenus sur les avions, il faut identifier quels appareils sont concernés et ensuite choisir comment résoudre le problème », explique-t-il à l'AFP.

Pour les avions en service, « il faut espérer qu'il n'y aura pas d'immobilisation, car cela peut avoir des conséquences toxiques sur les programmes de vol de cet été », remarque-t-il, estimant que le problème peut être résolu lors d'opérations de maintenance. Cette annonce représentait en tout cas un nouveau contretemps pour Boeing, qui tente de se remettre à flot après plusieurs années compliquées.

Des rentrées d'argent en baisse ?

L'avionneur a en effet dû faire face coup sur coup aux deux accidents mortels du 737 MAX en 2018 et 2019, qui a conduit à une immobilisation de l'appareil dans le monde pendant 20 mois, à la pandémie et à son impact sur le trafic aérien et les chaînes d'approvisionnement, ainsi qu'à des problèmes de fabrication.

Le groupe est parvenu en 2022 à dégager un flux de trésorerie disponible positif sur l'ensemble de l'année pour la première fois depuis 2018, un indicateur clé dans son redressement. Si les livraisons du MAX sont fortement perturbées, les rentrées d'argent vont être retardées dans la mesure où les compagnies paient l'essentiel de leur commande au moment de la réception des avions.

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« L'histoire ne change pas fondamentalement », remarquait Nicolas Owens, du cabinet Morningstar à la mi-avril. « Les avions vont être livrés et Boeing va réduire ses stocks. Mais cela rajoute des retards », analysait-il dans une note. Pour Michel Merluzeau, cette complication au moment où le constructeur semblait enfin repartir sur de bons rails en termes de production et de livraison est dommage. « Quand on pense que les problèmes sont résolus, d'autres réapparaissent », observe-t-il.

(Avec AFP)

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