Bornes de recharge : Electra lève 160 millions d'euros pour surfer sur le boom des véhicules électriques

Grâce à ce tour de table, Electra entend accélérer le rythme de déploiement de ses points de recharge ultra rapides pour en compter 8.000 à l'horizon 2030. Cofondée par le créateur de l'application d'impression photos Cheerz, la start-up entend tirer son épingle du jeu grâce à l'expérience utilisateur qu'elle propose.
Juliette Raynal
(Crédits : Electra)

Le petit monde des bornes de recharge ultra rapides pour véhicules électriques est en ébullition. Après la levée de fonds de 300 millions d'euros, officialisée hier par l'entreprise parisienne NW Storm, qui se distingue par son modèle original couplant chargeur et stockage d'électricité, c'est au tour de la startup Electra d'annoncer une augmentation de capital de 160 millions d'euros. Elle avait déjà levé 15 millions d'euros l'été dernier.

Aujourd'hui, le tour de table est mené par le fonds d'infrastructure d'Eurazeo. Les fonds Rgreen, Rive Private Investment et Serena y participent également, tout comme le groupe Chopard, spécialisé dans la distribution automobile, ainsi que les fonds de corporate ventures de la SNCF et de la RATP.

« Ce sont deux sociétés avec lesquelles nous avons des synergies fortes sur le foncier et la mobilité, notamment via les plateformes de mobilité multimodales qu'elles ont développées », précise Aurélien Meaux, le cofondateur et directeur général de la startup.

L'entrepreneur s'est lancé sur le marché en pleine effervescence des bornes de recharge, presque dix ans après avoir créé l'application d'impression photos Cheerz. Un grand écart certes, mais dont Aurélien Meaux entend se servir pour apporter aux usagers des bornes de recharge, une expérience utilisateur aussi agréable et fluide que celle développée autour de Cheerz.

Allier le meilleur du logiciel et de l'infrastructure

« Il faut allier le meilleur des deux mondes : le monde du capital-risque spécialisé dans la tech et le marketing et le monde des fonds d'infrastructure, qui ont la capacité de déployer des actifs de qualité. Il faut pouvoir proposer un produit sexy dans le monde de la recharge », affirme le dirigeant.

Comme Tesla, TotalEnergies, le consortium de constructeurs automobiles Ionity, le néerlandais Allego et le nouveau venu NW Storm, Electra se positionne sur le marché de la borne de recharge haute puissance (de 150 KW et plus), avec la promesse de faire « le plein d'électricité » entre 15 et 40 minutes. Pour étoffer son offre, elle développe, à la marge, quelques bornes de moins grandes capacités.

Electra ne fabrique pas les bornes elle-même, mais se positionne en revanche comme opérateur, le maillon de ce marché complexe qui devrait être le plus rentable à moyen terme. Concrètement, elle se charge de financer l'infrastructure, de réaliser les choix de configuration, de gérer sa maintenance et de développer tous les services destinés aux utilisateurs finaux.

Depuis l'application mobile Electra, les conducteurs de véhicules électriques peuvent ainsi réserver une borne, suivre l'évolution de la recharge, recevoir une notification lorsque l'opération est terminée et payer. Comme pour un trajet en Uber, l'utilisateur connaît, à l'avance, le temps de l'opération et son coût.

Bientôt deux nouvelles stations par semaine

Pour plus de lisibilité, Electra propose un prix unique de 44 centimes d'euros par kilowattheure. Un prix compétitif, selon son cofondateur, en raison notamment d'une structure de coûts plus légère que ses concurrents et de son positionnement dans les grandes agglomérations, où la demande captive est plus forte que sur les autoroutes. Le prix pourrait toutefois augmenter l'année prochaine selon l'évolution du cours de l'électricité sur les marchés de gros.

Ce nouvel apport en capital doit permettre à Electra d'accélérer sensiblement le rythme de déploiement de ses stations, dont chacune demande un temps de développement d'environ 8 mois et entre 400 et 500.000 euros d'investissements.

Aujourd'hui, Electra compte 45 points de charge (une station comporte, en moyenne, six points de charge) et espère en dénombrer 300 d'ici la fin de l'année, puis 600 fin 2023.

« Depuis trois mois environ, nous sortons une station par semaine. En septembre, nous allons atteindre un rythme de deux stations par semaine », indique Aurélien Meaux.

1.500 stations visées en 2030

A l'horizon 2030, Electra vise 1.500 stations, soit 8.000 points de charge. La start-up entend tisser son réseau dans le top 30 des villes françaises, mais aussi se développer en dehors des frontières. Elle prévoit ainsi d'ouvrir un bureau à Bruxelles dans les prochaines semaines, et songe à s'attaquer aux marchés espagnol et portugais.

La startup ne communique pas son chiffre d'affaires mais précise viser le seuil de rentabilité à l'horizon 2024, 2025, grâce au boom des ventes de véhicules électriques.

« Aujourd'hui, en France on compte quelque 600.000 véhicules électriques sur un parc de 38 millions de véhicules. En 2030, il y aura entre 7 et 8 millions de véhicules électriques », souligne Aurélien Meaux.

Or, plus le parc de véhicules électriques est dense, plus le volume de recharges sera important et plus l'activité d'Electra sera rentable. Actuellement, l'entreprise revendique 3.500 recharges par mois. Elle vise les 20.000 d'ici à la fin de l'année.

Juliette Raynal

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