Mercedes, Hyundai, Hopium... ces projets de voiture hydrogène qui ont fait un flop

La startup française Hopium, qui portait le projet de mettre sur le marché automobile la première berline à hydrogène, a été placée en redressement judiciaire fin juillet. Une annonce qui a remis en lumière les difficultés à développer des innovations dans ce secteur. Plusieurs, basées sur l’hydrogène ou le solaire, ont ainsi été suspendues à différents stades de leur avancée. La Tribune revient sur ces tentatives.
Plusieurs projets de voitures propres, fonctionnant à l'hydrogène ou à l'énergie solaire, ont été suspendus bien souvent en raison des fortes ressources financières qu'ils nécessitent.
Plusieurs projets de voitures propres, fonctionnant à l'hydrogène ou à l'énergie solaire, ont été suspendus bien souvent en raison des fortes ressources financières qu'ils nécessitent. (Crédits : DR)

La promesse était belle : une berline fonctionnant à hydrogène, fabriquée en France, par une startup française. Tel était le projet d'Hopium, créée en 2018 par l'ancien pilote de course automobile Olivier Lombard, avec son modèle baptisé Machina.

Des ambitions en partie douchées la semaine dernière quand la jeune pousse a annoncé son placement en redressement judiciaire. Mais tous les espoirs de voir un jour ce véhicule être commercialisé ne sont néanmoins pas morts : Hopium assure pouvoir se refinancer auprès du fonds Atlas Special Opportunities. Cet argent frais devra « permettre à la société de poursuivre son activité sur les 12 prochains mois et de développer sa pile à combustible » jusqu'à la réalisation d'un prototype, expliquait-elle.

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Des millions d'euros ont en tout cas déjà été engloutis dans ce projet. 4,1 millions d'euros rien que l'année dernière après plusieurs augmentations de capital. Malgré tout, Hopium affichait au 31 décembre 2022 des capitaux propres négatifs (-10,4 millions d'euros) et une trésorerie également dans le rouge, à -1,3 million d'euros.

Seulement deux modèles à hydrogène en France

La Machina d'Hopium n'est toutefois pas le seul projet de voiture fonctionnant à l'hydrogène à avoir été stoppé en route. Dès 2010, Mercedes-Benz a produit la B-Class F-Cell, une voiture à hydrogène à pile à combustible, pour des essais en flotte limitée. Elle a ensuite été proposée à la location dans certains marchés. Mais le coût des infrastructures a fait stoppé le développement du constructeur allemand.

En 2013, Hyundai a lancé la ix35 Fuel Cell, également connue sous le nom de Tucson Fuel Cell dans certains marchés. Il s'agissait d'un SUV fonctionnant à l'hydrogène, alimenté par une pile à combustible.

En 2019, la startup britannique Riversimple Rasa a développé la Rasa, une petite voiture à hydrogène conçue pour être économe en énergie et durable. Cependant, l'entreprise a rencontré des difficultés financières et la commercialisation de la Rasa a été retardée à plusieurs reprises. Bien que Riversimple existe toujours, le succès commercial de la Rasa n'est pas encore acquis.

Enfin, en 2021, Hyundai a suspendu les projets de sa marque Genesis, dont la commercialisation était initialement prévue en 2025, suite à des problèmes rencontrés sur sa nouvelle génération de pile à combustible. « En raison de problèmes techniques et d'un prix unitaire élevé, le développement de la pile à combustible de 3e génération a été suspendu pour le moment. On ne sait pas quand le développement reprendra », indiquait le média coréen Chosun. Deux ans plus tard, aucune suite n'a été annoncée.

Malgré cet échec, le groupe sud-coréen fait partie des rares aujourd'hui à vendre des voitures fonctionnant à l'hydrogène. Depuis 2018 en effet, il a lancé son SUV de deuxième génération baptisé Nexo. Le seul autre constructeur en France sur ce segment de l'hydrogène, mais avec un modèle de berline, est Toyota et sa Mirai.

Aussi, de nombreux constructeurs (BMW i Hydrogen NEXTGeneral Motors Hydrotec ou Honda Clarity Fuel Cell) continuent d'investir sur cette technologie verte.

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L'hydrogène est-il clé dans la décarbonation des voitures ?

Pourtant, l'avenir de l'hydrogène fait encore débat chez les constructeurs et les experts de la décarbonation du secteur automobile. Si certains - comme Toyota ou BMW - y placent de grands espoirs, de nombreuses marques se contentent de le développer pour les utilitaires, difficilement convertible à l'électrique, à l'image de Stellantis ou Renault.

Pour le géant pétrolier BP, « l'hydrogène ne jouera qu'un rôle minime dans la décarbonation des véhicules légers », estime-t-il dans son rapport « Energy Outlook 2023 ». L'entreprise britannique y écrit que le potentiel du marché des voitures à hydrogène est « pratiquement inexistant pour 2050 ». Elle table par contre sur un bel avenir pour l'hydrogène dans l'aviation, l'industrie et le transport maritime.

L'échec aussi des voitures solaires

D'autres projets de voiture au fonctionnement « atypique » sont tombés à l'eau. Le constructeur allemand Sono Motors s'était par exemple lancé dans le développement d'un modèle électrique se basant sur l'énergie solaire. Baptisé Sion, sa production aurait dû démarrer au second semestre 2023 pour une mise en circulation dès 2024 en Europe. Mais l'entreprise a annoncé en février dernier l'arrêt de ce programme à faible capitalisation et « gourmand » en ressources : il concentrait en effet 90% de ses besoins de financement pour 2023.

Destin similaire pour la Lightyear 0 du néerlandais Atlas Technologies B.V, à la différence que la production a bel et bien été lancée pour ce modèle. C'était en décembre 2022 et à peine un mois plus tard, son constructeur avait annoncé son arrêt. « L'ensemble du processus de développement de Lightyear 0 a fourni à notre entreprise de nombreux apprentissages précieux au cours des dernières années. Nous redirigeons maintenant toute notre énergie vers la construction de Lightyear 2 afin de le mettre à la disposition des clients », indiquait le PDG co-fondateur, Lex Hoefsloot. Sans plus de précisions quant à la date de sortie de cette seconde version censée être plus abordable financièrement parlant - aux alentours de 37.000 euros pour le prix de départ contre 230.000 euros pour le précédent.

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Commentaires 3
à écrit le 26/07/2023 à 17:42
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L'hydrogène est un gouffre énergétique surtout s'il est vert. Vous y mettez 4 KW à l'entrée du processus et vous n'en sortez qu'un KW pour attaquer les roues. C'est en plus, à 700 bar une vraie bombe ambulante, sans compter l'aubaine pour les terror...

à écrit le 26/07/2023 à 15:51
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Ce n'est encore l'heure de la voiture à hydrogène. Pour l'instant nous en sommes à l'électrique avec la construction d'immenses usines de batteries et d'un réseau de stations de recharge. L'hydrogène, on en produit peu, il coûte cher à fabriquer, ris...

à écrit le 26/07/2023 à 13:06
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ceci fait parti des entreprises auquel il est interdit de produire fabriquer des voitures voir des moyens de locomotion en france est tres mal percu idem pour les machine de production la seule chose possible est le tourisme et en plus si vous a...

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