Renault et Nissan mettent un terme au partage d'informations, nouvelle étape de l'alliance

« L'alliance Renault Nissan s'arrête au 6 novembre. Donc à partir de cette date, plus aucune communication avec Nissan », est-il indiqué dans un courriel interne du groupe Renault. Cette décision est la suite logique d'une réorganisation en cours entre les deux constructeurs. Des syndicats de salariés s'inquiètent des répercussions de celle-ci.
Cette nouvelle étape de l'alliance se fait dans un contexte où Renault et Nissan sont dans une bonne dynamique financière avec des résultats financiers en hausse.
Cette nouvelle étape de l'alliance se fait dans un contexte où Renault et Nissan sont dans une bonne dynamique financière avec des résultats financiers en hausse. (Crédits : Reuters)

Après plus de 20 ans d'existence, c'est inédit. Les salariés du constructeur automobile Renault ont été appelés à arrêter de partager leurs fichiers et données avec les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi, et ce, depuis le 6 novembre. Une étape supplémentaire dans l'assouplissement de leur alliance.

« L'alliance Renault Nissan s'arrête au 6 novembre. Donc à partir de cette date, plus aucune communication avec Nissan », est-il indiqué dans un courriel interne émanant de l'encadrement d'un service, que l'AFP a pu consulter.

Renault, Nissan et Mitsubishi « vont désormais agir de manière indépendante et en qualité de concurrents », « aucune information ne pourra plus être échangée, à l'exception de cas strictement encadrés », est-il précisé dans un autre mail, issu du service de formation d'un des sites de Renault.

La suite logique d'une réorganisation

Cette décision s'inscrit dans le cadre de la réorganisation de l'Alliance Renault-Nissan - à laquelle Mitsubishi appartient depuis 2016 - annoncée au début de l'année et censée être moins fusionnelle et plus égalitaire.

Concrètement, les entreprises ont conclu un nouvel accord de 15 ans selon lequel elles auront une « participation croisée de 15% », alors qu'auparavant Renault détenait 43,4% de Nissan. Elles ont aussi annoncé la fin de leur centrale d'achat commune, un changement drastique par rapport à son ancienne version, où elle occupait une place fondamentale.

Selon une source proche du dossier, qui confirme l'arrêt des bibliothèques partagées et des données entre les deux constructeurs, cette étape constitue la suite logique de la diminution de la participation de Renault dans Nissan, comme exigée par les lois anti-trust.

Inquiétude des salariés Renault

« On a toujours été concurrents sur le marché, ce mot de concurrence n'est pas nouveau », a affirmé la même source, tempérant les emails. « On va vers un nouveau chapitre de l'Alliance, mais qui n'a pas la même forme », a-t-elle ajouté, récusant le terme de « divorce » brandi par les syndicats inquiets.

« On va pas se le cacher, là c'est un divorce qui est acté, c'est un secret de polichinelle », a affirmé en revanche à l'AFP Fabien Gloaguen, délégué syndical FO de Renault à Sandouville. « On n'est pas là pour juger la stratégie de Renault », a-t-il ajouté, mais l'évolution de l'Alliance « manque de clarté ».

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Le syndicaliste est notamment inquiet de « l'incertitude » qui plane autour de l'avenir des 1.400 salariés travaillant à la centrale d'achat commune ou dans les usines françaises de Renault, produisant entre autres des voitures Nissan, comme à Maubeuge, Batilly ou encore Sandouville. 

Contacté par l'AFP, le groupe a indiqué qu'aucun collaborateur de la centrale d'achat ne serait licencié et que « la réorganisation est en cours ». Il a réaffirmé que les véhicules dont Nissan a confié la construction à Renault continueront d'être fabriqués dans ses usines françaises, et que les constructeurs continueront à échanger des données sur leurs projets communs.

Bonne dynamique pour Renault et Nissan

Cette nouvelle étape de l'alliance se fait dans un contexte où Renault a confirmé ses objectifs de l'année, avec un chiffre d'affaires en hausse de 7,6% au troisième trimestre, principalement grâce à la hausse des prix de ses modèles. Le groupe au Losange a réalisé 10,5 milliards d'euros de ventes, portées à presque 90% par son chiffre d'affaires Automobile (+5%), avec 511.000 véhicules écoulés dans le monde.

« Nous sommes entrés dans le dernier trimestre de l'année avec confiance », a affirmé le directeur financier Thierry Piéton, cité dans le communiqué. Cependant, les investisseurs ont sanctionné Renault en Bourse le jour de la publication de ces résultats le jeudi 19 octobre. Le titre avait reculé de 6,79% à 33,62 euros vers 15 heures ce jour-là. Le chiffre d'affaires est en effet moins élevé que prévu par les analystes sondés par l'agence Bloomberg, qui tablaient sur 10,77 milliards d'euros.

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Du côté de Nissan, la tendance économique est plutôt bonne. Le bénéfice net du groupe japonais sur la période avril-juin a totalisé 105,5 milliards de yens, un résultat plus que doublé sur un an (+123,9%). Son bénéfice opérationnel trimestriel a quasiment doublé sur un an à 128,6 milliards de yens et son chiffre d'affaires a augmenté de 36,5%.

Mais la Chine, dont le marché automobile s'électrifie à grande vitesse et où la concurrence des marques locales est devenue redoutable, est le gros bémol de Nissan. Le constructeur nippon anticipe désormais une chute de 23,4% de ses ventes en volume en 2023/24 sur ce marché crucial pour lui. Nissan a par conséquent abaissé sa prévision annuelle de ventes mondiales en volume à 3,7 millions d'unités (+12% sur un an), contre un objectif de 4 millions d'unités formulé en mai.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 08/11/2023 à 8:53
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ce n'est plus une alliance, mais un divorce

à écrit le 07/11/2023 à 15:28
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Renault redevient un constructeur «mini-riquiqui» sans envergure mondial. L'avenir pour Renault se rapprocher (ou plus) de Stellantis ou être absorbé par le premier constructeur chinois venu, Geely est déja tapis dans l'ombre.

à écrit le 07/11/2023 à 15:27
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Renault redevient un constructeur «mini-riquiqui» sans envergure mondial. L'avenir pour Renault se rapprocher (ou plus) de Stellantis ou être absorbé par le premier constructeur chinois venu, Geely est déja tapis dans l'ombre.

à écrit le 07/11/2023 à 12:40
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au moins cela permet de montrer a l'image de carlos, que les changes ne durent pas ! en même temps ce n'est pas étonnant lorsque l'on connait le poids sur le marché des deux interlocuteurs ! par contre sur les chaines d'assemblage, j'imagine que la...

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