Budget 2024 : les parlementaires interpellent le gouvernement sur la crise du logement

Dans la soirée du 5 septembre, députés et sénateurs ont été invités à Bercy par Bruno Le Maire et Thomas Cazenave en vue de la loi de finances 2024. Les ministres y ont confirmé la fin du Pinel et le recentrage du prêt à taux zéro, de même que la fiscalité sur les logements Airbnb est revenue sur la table. Décryptage.
César Armand
(Crédits : iStock)

C'était le grand soir le 5 septembre à Bercy. Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle Bruno Le Maire et le nouveau ministre des Comptes publics Thomas Cazenave ont réuni une vingtaine de parlementaires dans le cadre des Dialogues de Bercy. Cette instance informelle créée l'an dernier par Bercy en amont du projet de loi de finances vise à écouter les députés et les sénateurs spécialistes du budget quelle que soit leur couleur politique.

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Un chantier logement dans les tuyaux

A la sortie, les deux ministres ont annoncé une prochaine réunion - qui aura lieu le 19 septembre - sur des thèmes, parmi lesquels le financement de la transition écologique, la mesure des dépenses vertes dans les administrations centrales et locales, ainsi que la politique du logement.

« Le gouvernement s'est montré ouvert à lancer un chantier logement, d'autant que ce dernier est dans une situation dramatique pour les milieux populaires. Il n'y pas assez de logements sociaux et le coût de l'énergie aggrave la situation », a déclaré, lors d'une conférence de presse ce 6 septembre, le président (LFI) de la commission des Finances de l'Assemblée, Eric Coquerel.

L'entourage du député de Seine-Saint-Denis rappelle qu'il est en outre un farouche adversaire de la politique de démolition menée par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) dans les quartiers "politique de la ville". Et alerte sur l'effet d'éviction du Village olympique construit pour les Jeux olympiques et paralympiques et transformé en logements haut de gamme après la compétition sportive. « La population locale a été déplacée hier et n'aura pas les moyens de s'y loger demain », dit-on chez Eric Coquerel.

La fin du Pinel et le recentrage du PTZ confirmés

Sa collègue Eva Sas, députée écologiste de la 8ème circonscription de Paris, est plus sévère: « Il n'y a pas eu de propositions sur la table. A ce stade, je suis affolée de la vacuité des idées alors qu'il faudrait des moyens et arrêter de pressuriser les bailleurs sociaux. C'est une grosse déception », confie-t-elle à La Tribune.

Son groupe politique préconise d'augmenter les aides à la pierre ainsi que les aides personnelles au logement (APL), mais il en est hors de question pour l'exécutif, témoigne Eva Sas. « Il faut construire plus en zone tendue et peut-être regarder du côté réglementaire », lui aurait répondu le ministre Bruno Le Maire.

Ce dernier a confirmé la suppression de l'avantage fiscal dit Pinel dans l'immobilier neuf ainsi que le recentrage du prêt à taux zéro (PTZ) dans les zones tendues. Autant la fin du Pinel fait consensus, pour autant le recentrage du PTZ fait débat.

Pour la députée de la 2ème circonscription du Puy-de-Dôme Christine Pires Beaune, « le rétrécissement du prêt à taux zéro est fait en dépit du bon sens ». « Les problèmes de logement ne se trouvent pas qu'à Clermont-Ferrand ou à Chamalières [fief historique des Giscard, Ndlr]. Dans l'agglomération de Rion, des communes sont également en déficit »pointe-t-elle. Tous les mois, elle reçoit ainsi trois à cinq dossiers en circonscription sur ce sujet, et ce depuis au moins trois à quatre ans.

La fiscalité sur les logements Airbnb sur la table

Chez les Républicains, en l'absence du sénateur Husson, rapporteur général du budget à la Chambre haute, la sénatrice des Hauts-de-Seine, Christine Lavarde, déclare avoir tenu des propos d'ordre technique aux ministres, sans faire de commentaire politique mais en position d'écoute.

Autre sujet sur la table: la fiscalité sur les logements meublés type Airbnb, qui bénéficient aujourd'hui d'un régime fiscal plus favorable que les logements loués pour de plus longues durées, a également été évoquée.

« La fiscalité sur les meublés touristiques est certes datée, mais avant les Jeux olympiques et paralympiques, est-ce qu'il faut la revoir ? Je n'en suis pas certain »estime le député Renaissance du Val-de-Marne, Mathieu Lefèvre.

Réponse le 27 septembre lors de la présentation de la loi de finances en Conseil des ministres.

César Armand

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Commentaires 5
à écrit le 07/09/2023 à 13:21
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Standard & Poors est le meilleur allié des anti-bulle immo ; sans eux Le Maire et Consorts auraient dégainé depuis longtemps une n-ième subvention à l'achat de parpaings. Mais le déficit français est sous surveillance ...

à écrit le 07/09/2023 à 10:51
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On m'a dit qu'il existait des ponts inutilisés; c'est précaire, peu confortable, certainement bien insuffisant mais parfait pour l'écologie.

à écrit le 07/09/2023 à 10:17
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Il est grand temps que le Ponzi de l'immobilier, qui a amplement bénéficier aux "belles" générations, avec la complicité des collectivités locales, qui soignent leur électorat et leur base d'imposition, dégonfle. Tous ces milliards d'argent public...

à écrit le 07/09/2023 à 8:58
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le fait que des gens qui travaillent ne puisse se loger et dans certains cas dorment dans leur voiture est pas nouveau. Ce qui change c est que tant que l immobilier montait, tous ceux qui pleurent maintenant trouvaient ca bien, peu importe si ca enf...

à écrit le 07/09/2023 à 8:12
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Bah ils sont tous très bien logés nos politiciens ça va très bien !

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