AZF, Lubrizol... de la fermeture à la seconde vie d'un site industriel

Fermer un site industriel victime d'une explosion ou d'un incendie est possible, mais d'un point de vue économique, il vaut mieux lui donner une seconde vie plutôt que de tout détruire.
César Armand
AZF au lendemain de sa destruction par l’explosion du 21 septembre 2001. Le site va notamment accueillir sur 25 hectares la plus grande centrale photovoltaïque urbaine de France.
AZF au lendemain de sa destruction par l’explosion du 21 septembre 2001. Le site va notamment accueillir sur 25 hectares la plus grande centrale photovoltaïque urbaine de France. (Crédits : [VALGO])

Que ce soit un incendie, comme à Rouen avec Lubrizol, ou une explosion, comme à Toulouse en septembre 2001 avec AZF, l'État a la responsabilité de gérer tout site industriel en proie à un accident majeur. Ainsi, dès le 26 septembre, la préfecture de Seine-Maritime a mandaté Valgo, une entreprise spécialisée dans la dépollution et la reconversion des friches, déjà au travail sur l'ancien site de Petroplus à deux kilomètres de là.

« Des produits chimiques dangereux qui n'ont pas brûlé s'épandent sur le sol et tombent dans l'eau, explique François Bouché, PDG et fondateur du groupe. Nous avons donc installé un filet sur la Seine de même que nos camions ont aspiré une grosse partie des huiles à la surface. Ces dernières ont ensuite été transférées dans nos cuves de Petroplus. » Après cette étape de stockage, l'eau polluée est filtrée dans une station d'épuration. Puis, si les prélèvements sont conformes aux normes sanitaires, l'eau peut être réinjectée dans le fleuve.

Reconvertir plutôt que détruire

Une fois ces travaux urgents, dits de mise en sécurité, réalisés, vient le temps du désamiantage, de la déconstruction voire de la vente du terrain. « Ces sites construits dans les années 1950-1970 ont développé une logique urbaine qui fait qu'ils se situent à proximité des zones de population, relève le patron de Valgo. En outre, ils se trouvent souvent au carrefour de routes et de réseaux électriques. » Car réinvestir un site existant et le reconvertir vers de l'industrie plus propre est à la fois plus facile techniquement - des infrastructures existent déjà - et financièrement.

Lire aussi : Après le choc Lubrizol, peut-on fermer les sites Seveso ?

« Sur l'étang de Berre, à Marseille, nous avons conservé les bureaux et les entrepôts, raconte François Bouché. Nous essayons de réutiliser au maximum. » À l'inverse, partir d'une terre agricole est à la fois plus cher et moins écologique - « l'empreinte de l'artificialisation des sols est catastrophique » - mais aussi plus long, entre les enquêtes publiques, les recours des riverains et les procès. Quelle que soit la nature de l'opération, elle doit s'accompagner de discussions techniques et juridiques avec les autorités locales. Sans oublier les voisins auprès de qui la pédagogie s'avère nécessaire, que ce soit avec des panneaux d'indication ou des photos déclinant les différentes étapes. « Il faut rassurer et informer, travailler avec les organisations environnementales, les associations de quartier », liste ainsi le patron de Valgo.

Le pouvoir politique encourage même les acteurs privés à se saisir de ces sites abandonnés et/ou potentiellement dangereux. Publié en 2017, un décret du projet de loi Alur permet par exemple au vendeur - le plus souvent, le pollueur - de transférer le passif à son acheteur. « C'est du confort qui a été donné, estime encore François Bouché. Tout cela peut être utile si l'on veut arrêter de désindustrialiser la France. »

César Armand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 17/10/2019 à 8:44
Signaler
"il vaut mieux lui donner une seconde vie plutôt que de tout détruire" C'est dans tous les domaines pareils maintenant cela impose d'avoir des penseurs, des créatifs, des artisans sur le coup tandis que le néolibéralisme lui ne voit que par et po...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.