
Les négociations entre les industriels de l'agroalimentaire et les distributeurs vont enfin rouvrir. C'est ce qu'a annoncé l'Ania, la principale instance représentative de l'industrie agroalimentaire, ce mercredi 17 mai auprès de l'AFP.
« On s'engage avant la fin du mois de mai à ce que "le top 75", les 75 plus grandes entreprises en France de produits de grande consommation se remettent à la table des négociations », a indiqué le président de cet organisme, Jean-Philippe André.
Les représentants de l'Ania et de l'Ilec, qui portent la voix des industriels des grandes marques nationales (Coca-Cola, Danone, L'Oréal ou Nestlé), ont accepté de rouvrir les négociations lors d'une rencontre ce mercredi matin à Bercy. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire y était présent ainsi que le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure, et la ministre déléguée notamment au Commerce, Olivia Grégoire.
« C'est une excellente nouvelle pour les consommateurs », a réagi Bruno Le Maire, en marge d'une visite d'entreprise dans le Loiret.
Les prix de l'alimentaire restent élevés
La réouverture anticipée des négociations commerciales, une « première » comme l'a rappelé le ministre, « permettra d'accélérer la baisse des prix dans les supermarchés, dans les rayons », a-t-il assuré.
Les prix des produits alimentaires ont grimpé de 14,9% en avril, après 16% en mars. Ils sont en grande partie responsables de l'inflation, qui s'est élevée à +5,9% sur un an le mois dernier. Selon l'Insee, l'alimentaire devrait continuer à faire monter l'inflation jusqu'en juin.
Dans ce contexte, le gouvernement a décidé de prolonger son « trimestre anti-inflation ». Ce dispositif, qui consiste à laisser les enseignes de la grande distribution choisir librement une sélection de produits, sur lesquels elles s'engagent à proposer « le prix le plus bas possible » en rognant sur leurs marges, devait initialement s'arrêter au 15 juin.
Les PME pas concernées
Tous les industriels de l'agroalimentaire ne se remettent toutefois pas à la table des négociations. Uniquement les 75 plus gros.
« Ça a le mérite d'être simple : une fois pour toute, on sort de ce débat les PME, qui n'ont rien à y faire, et les grandes entreprises s'engagent de bonne foi à se remettre autour de la table », a estimé Jean-Philippe André.
Parmi les 75 entreprises évoquées, seules celles ayant obtenu plus de 10% de hausse lors des dernières négociations seront obligées de revenir à la table. Les autres pourront aussi le faire de leur gré. Le président de l'Ania s'est en tout cas félicité de « cet engagement », permettant « d'avancer ».
En 2023, une hausse de 10% actée en début d'année
Chaque année, les prix des produits vendus par les industriels aux supermarchés sont fixés à l'issue d'une période de négociation. Celle pour 2023, achevée le 1er mars non sans difficultés, a abouti à une hausse moyenne d'environ 10% des prix payés par les enseignes. Les industriels réclamaient depuis des mois des hausses de tarifs pour tenir compte de l'augmentation de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages...).
Reste que depuis, les coûts de certaines matières premières agricoles ou de l'énergie ont eu tendance à se stabiliser, voire à baisser. Le gouvernement martelait donc depuis quelques semaines que les industriels de l'agroalimentaire devaient revoir à la baisse le prix de vente de leurs yaourts, fromages ou pâte à tartiner aux supermarchés, et avait brandi la menace fiscale sur les « marges indues » si aucun geste n'était fait.
(Avec AFP)
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