Ryanair a retrouvé des couleurs en 2022. La compagnie à bas prix a affiché un bénéfice net de 1,4 milliard d'euros pour son exercice 2022/23 achevé en décalé fin mars, contre une perte de 355 millions un an plus tôt. Et ce malgré une flambée de 75% des coûts opérationnels en hausse de 75%.
Dans le détail, Ryanair a renoué avec les bénéfices pour ses trois premiers trimestres mais elle est restée dans le rouge pour le seul quatrième trimestre, période de basse saison, avec une perte de 154 millions d'euros.
« Nous avons assisté à une très forte reprise du trafic post-Covid », et celui-ci « est désormais supérieur de 13 à 14% à nos volumes d'avant Covid », a indiqué le patron de Ryanair, Michael O'Leary. « Les gens avaient été enfermés pendant deux ans » au fil des confinements décidés dans le cadre de la pandémie de Covid-19, « et ils ont voulu recommencer à voyager », a-t-il ajouté.
Au cours de la période, Ryanair a vu son trafic augmenter de 74%, à près de 170 millions de passagers, et son chiffre d'affaires plus que doubler, à 10,8 milliards d'euros. Reste que « la rentabilité est toujours légèrement inférieure » à ce qu'elle était avant-Covid, a poursuivi le dirigeant.
La fin des tarifs low-cost ?
Les prix chez Ryanair ont par ailleurs augmenté de 10% par rapport aux niveaux pré-Covid.
« Ryanair et d'autres compagnies aériennes ont prévenu que l'ère des tarifs ultra-bas pourrait toucher à sa fin. Ils préparent les clients à d'éventuelles augmentations de prix », estime Olly Anibaba, analyste de Third Bridge.
Ce qui ne semble pour l'instant pas avoir de répercussions sur la demande. « La demande de voyages de loisirs cet été en Europe semble robuste » et « malgré l'inflation qui pèse sur les dépenses de consommation, les consommateurs européens continuent de privilégier les voyages plutôt que d'autres formes de divertissement », poursuit l'analyste.
Le secteur aérien s'attend en effet à un bel été. « Nous nous attendons à un boom des voyages pendant l'été et à un nouveau record de nos recettes de trafic pour l'ensemble de l'année », a prédit le PDG de Lufthansa début mai. Air France-KLM s'annonce aussi confiant et dit s'attendre à un été « bien rempli » au vu du rythme soutenu des réservations engrangées.
3.000 vols par jour cet été, du jamais vu chez Ryanair
Quant à la part de marché de Ryanair, elle a « considérablement augmenté sur la plupart des marchés de l'UE », a fait valoir Michael O'Leary. En particulier en Italie (où elle est passée de 27% à 40%), en Pologne (de 26% à 36%) et en Irlande (de 49% à 58%).
La compagnie compte poursuivre cette bonne dynamique. Pour cela, elle va mettre en œuvre cet été le plus important programme de vol de son histoire, avec plus de 3.000 trajets quotidiens. Elle espère ainsi augmenter de 10% le nombre de ses passagers cette année, à 185 millions.
« Le véritable test pour Ryanair sera les périodes creuses, notamment en hiver. Pour remplir leurs avions, (la compagnie) pourrait être amenée à proposer des réductions » à cette période de l'année, selon Olly Anibaba, de Third Bridge.
Ryanair a par ailleurs mis en avant à plusieurs reprises le fait qu'elle a moins licencié que ses concurrents pendant la pandémie, qui a cloué au sol le trafic aérien pendant des mois. Elle avait à la place négocié des réductions de salaires avec les syndicats. Ces derniers « ont été rétablis avec 28 mois d'avance (...) pour la quasi-totalité des équipages », affirme Ryanair ce lundi.
L'ombre d'une hausse des coûts
Ryanair entrevoit « une modeste augmentation des bénéfices » cette année. La compagnie note aussi que son résultat pourrait pâtir d'une « modeste hausse » de ses coûts, en raison notamment d'une facture de carburant qui grimpera de plus d'un milliard d'euros.
Surtout, les « récents retards de livraison de Boeing » pourraient l'impacter. La compagnie a toutefois passé début mai une grosse commande ferme de 150 moyen-courriers 737 MAX, l'avion-vedette de Boeing, et posé une option pour 150 appareils supplémentaires. La commande est évaluée à 40 milliards de dollars au prix catalogue mais Ryanair a obtenu un « rabais compétitif », avait indiqué Michael O'Leary.
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