Il n'y a pas que les grandes entreprises qui commencent à créer leur filiale de réassurance pour co-assurer leurs propres risques, les assureurs eux-mêmes s'y mettent également. BNP Paribas Cardif, filiale assurance du groupe bancaire BNP Paribas, vient ainsi d'obtenir un agrément de réassurance auprès de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). En droit des assurances, une compagnie d'assurance peut faire de la réassurance sous réserve que cette activité reste « accessoire ».
« Nous commencions à voir ce moment où le côté 'accessoire' allait devenir de plus en plus difficile à défendre. La création de Cardif Re nous permet à la fois de faire plus et de faire surtout plus simplement », explique Pauline Leclerc-Glorieux, directrice générale de BNP Paribas Cardif.
Le point de départ est finalement le même pour une entreprise que pour un assureur : la hausse inédite des tarifs de réassurance en 2023 et surtout la forte hausse des seuils d'intervention des réassureurs obligent les entreprises et les assureurs à porter une partie croissante du risque. Certains risques, comme les dommages liés à la grêle, ne trouvent plus de réassurance, ou alors à des tarifs prohibitifs. Toutefois, l'exposition principale de Cardif concerne l'assurance décès et moins le risque climatique, surtout sur le volet catastrophes naturelles.
Mutualisation
La seconde raison avancée tient à l'optimisation du capital déployé. « Loger les activités de réassurance dans les différentes filiales ne nous permettait pas de tirer complètement parti de la mutualisation des risques au niveau de la société-mère », indique Pauline Leclerc-Glorieux. C'est pourquoi c'est bien la société de tête qui a obtenu l'agrément. BNP Paribas Cardif a déjà commencé à faire remonter tous les portefeuilles de réassurance vers Cardif Re et travaille désormais avec chacune de ses filiales sur les risques qui doivent être portées par la maison-mère et ceux qui doivent rester au bilan des filiales.
La réassurance peut également être mise sur l'étagère des services proposés aux partenaires, notamment distributeurs de Cardif. Il n'est pas rare en effet de voir un distributeur avoir déjà son assureur en interne, mais qui n'a pas forcément la capacité technique et financière à porter tous les risques. D'où cette future proposition commerciale soit de co-assurance, soit de réassurance pour solidifier les liens.
Enfin, Cardif Re pourrait viser de nouveaux types de distribution et proposer à des assurtech ou des fintechs une offre de réassurance pour certaines de leurs activités. « Nous restons ouverts, même dans cette phase de montée en puissance, c'est déjà un outil d'optimisation interne qui peut être mis à disposition de nos partenaires », précise la directrice générale.
Des résultats solides en 2023 Les résultats de l'assureur Cardif sont bons : un résultat net (avant impôts) de 1,4 milliard d'euros, en hausse de 4% malgré un environnement difficile, un chiffre d'affaires de 30,3 milliards (+2%), dont 46% réalisés à l'international, et 255 milliards d'euros d'actifs gérés (4%) forment le trio d'indicateurs de bonne santé. En France, la collecte nette d'assurance-vie est positive à 1,7 milliard d'euros, avec une collecte nette à peine négative sur le fonds en euros. Comme tous les grands bancassureurs de la place, Cardif a mobilisé une partie de ses réserves (un milliard d'euros) pour assurer un taux désormais compétitif sur le fonds en euros, de 3%. Il était de 2 % de l'an dernier et de 1% en 2021.
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