GoCardless, ou quand la fintech londonienne débarque en France

La startup, qui veut rendre les prélèvements bancaires plus simples pour les PME, a lancé son activité en France ce mardi 14 avril.
Christine Lejoux
GoCardless compte une cinquantaine de collaborateurs, dont la moyenne âge atteint à peine 30 ans.

Pans de murs en briques rouges, mobilier "fifties", bureaux en open space, collaborateurs dont la moyenne d'âge n'atteint pas la trentaine... Oui, vous êtes bien au cœur d'une startup. Et plus précisément d'une "fintech", ces jeunes pousses spécialisées dans les technologies financières qui se font fort de bousculer les acteurs traditionnels du secteur, à l'image de Uber dans les transports ou de Airbnb dans l'hôtellerie. Cette fintech là se nomme GoCardLess, est basée à Londres mais pas seulement, puisque la startup a lancé son activité en France ce mardi 14 avril. Une activité qui pourrait faire grincer des dents les banques, GoCardless ambitionnant de simplifier le prélèvement bancaire pour les PME. Pour les sociétés collectant régulièrement de l'argent auprès de leurs clients, le prélèvement bancaire présente en effet l'avantage d'être plus rapide, plus sûr et moins onéreux que les paiements par carte, virement ou chèque effectués à l'initiative du consommateur.

Seul hic, "le prélèvement imposait jusqu'à présent aux entreprises des processus d'agrément bancaire complexes, les sociétés devant justifier d'un certain niveau de chiffre d'affaires. Le prélèvement les obligeait également à configurer leurs systèmes (informatiques) durant des semaines et nécessitait énormément de paperasse, de travail manuel", explique Hiroki Takeuchi, fondateur et PDG de GoCardless. Le jeune homme de 28 ans, diplômé d'Oxford et qui fut d'abord consultant au sein du cabinet McKinsey, a donc décidé en 2011 de développer une solution simple et automatique de prélèvement bancaire, que GoCardless gère pour le compte de ses clients, et ce, dans tout l'Union européenne, la startup possédant le statut européen d'établissement de paiement. La demande est là : GoCardless gère chaque année quelque 750 millions d'euros de paiements pour le compte de 9.000 clients environ.

Les grandes entreprises également intéressées

"Un nombre croissant de sociétés, dont les business-models n'existaient pas il y a quelques années, ont besoin de collecter des paiements régulièrement auprès de leurs clients",

décrypte Hiroki Takeuchi. C'est le cas des sites de streaming musical, comme Spotify et Deezer, qui fonctionnent sur la base d'abonnements mensuels, ou encore des plateformes de crowdfunding, qui collectent l'argent d'épargnants pour financer des porteurs de projets. GoCardLess compte d'ailleurs parmi ses clients la plateforme de financement participatif Funding Circle, le "Lending Club" britannique. La jeune pousse revendique également la clientèle de sociétés plus traditionnelles, comme les journaux Financial Times et Guardian.

"Les grandes entreprises n'ont pas plus envie que les startups de devenir des spécialistes des paiements, elles veulent juste une solution de paiement qui fonctionne et c'est pourquoi elles font, elles aussi, appel à nous",

précise le jeune patron de GoCardless. La société, qui se rémunère via une commission de 1% en moyenne sur les sommes collectées, n'est pas encore rentable. "Nous donnons la priorité à la croissance", explique Octave Auger, co-directeur France de GoCardless.

Les fintech britanniques concentrent 42% des investissements européens

Une croissance qui va passer par l'international et plus précisément la France, donc, où la jeune pousse évalue le marché des prélèvements à 1.000 milliards d'euros aujourd'hui, avec une croissance estimée entre 5% et 10% par an. Parmi ses premiers clients français figurent The French Talents, une solution en ligne qui aide les designers et les artisans à commercialiser leurs produits, ainsi que 1001Menus, spécialisé dans l'optimisation de la visibilité des restaurants sur Internet. Après la France, GoCardless mettra le cap sur l'Allemagne, la Hollande et l'Espagne. La startup a les moyens de ses ambitions, après avoir levé près de 12 millions d'euros auprès de fonds de capital-risque comme Accel Partners, le dénicheur de Facebook, ou du célèbre accélérateur américain Y Combinator.

Plus largement, les fintech européennes ont levé un total de 1,48 milliard de dollars (1,4 milliard d'euros) de capitaux auprès d'investisseurs, en 2014, un montant en hausse de... 215% par rapport à l'année précédente, selon une étude du cabinet Accenture. Et 42% de cette somme, soit 623 millions de dollars, sont allés aux seules fintech britanniques. A titre de comparaison, la France est cinquième de ce classement, avec 21 millions de dollars "seulement" levés l'an dernier par les fintech hexagonales. Il est vrai que Londres, déjà l'une des toutes premières places financières du monde, se fait fort depuis quelques années de devenir la Silicon Valley européenne. Mais Axelle Lemaire, la secrétaire d'Etat chargée du numérique, n'a-t-elle pas récemment assuré qu'elle voulait faire de la fintech "la fine fleur de la French Tech ?"

Christine Lejoux

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