Pour ceux - notamment les pays - qui ne le savent pas encore, Iskandar Safa est tenace, très tenace. Le milliardaire libanais ne lâche jamais rien, surtout quand ses intérêts financiers et économiques sont en jeu. Tout comme les Etats-Unis, la Grèce est en train de s'en rendre compte année après année et accumule echec sur échec sur le plan juridique face à l'adversité méticuleuse des frères Safa, Iskandar et Akram, propriétaires depuis 2010 du plus grand chantier naval grec, Hellenic Shipyards (HSY) situé à Skaramangas. Mais à la suite d'un litige financier avec la holding d'Iskandar safa (Privinvest), le gouvernement grec a cessé ses paiements pour la construction et la modernisation de sous-marins, puis a tenté de l'exproprier en mars 2018 plaçant HSY sous la tutelle de la justice et en nommant un administrateur judiciaire en vue de le vendre.
Défaites juridiques d'Athènes
Les deux frères Safa ont engagé une guérilla juridique contre l'État grec. Avec plusieurs succès à la clé. Le 24 juillet dernier, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), qui avait été saisi par les frères Safa en juillet 2016, a établi que leur plainte contre l'État grec pour rupture du traité d'investissement entre la Grèce et le Liban, entré en vigueur en juillet 1999, était valide. Il a également affirmé qu'il est compétent pour juger cette affaire. Constitué en décembre 2016, le tribunal de trois juges présidé par le finlandais Veijo Heiskanen et composé par Brigitte Stern désignée par l'État grec et Klaus Reichert choisi par Privinvest, a confirmé que l'État grec avait agi de manière déloyale envers eux, selon la presse grecque. Le CIRDI a convoqué les deux parties à une audition afin de déterminer le montant de l'indemnité à verser.
En avril 2019, la Cour d'appel d'Athènes avait également rejeté une demande de l'État grec d'annuler une sentence arbitrale internationale prononcée en 2017 en faveur de Privinvest. Un jugement qui avait condamné l'État grec à verser plus de 1,2 milliard d'euros à Hellenic Shipyards dans le cadre d'un défaut de paiement d'Athènes portant sur le programme de sous-marins pour la marine grecque. En outre, elle reconnaissait le bien-fondé de la position de Privinvest et rappelait que l'indemnisation de 200 millions d'euros obtenue lors de l'arbitrage international reste à payer. Athènes va boire le calice jusqu'à la lie...
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