Coronavirus : le transport aérien affronte l'une des plus graves crises de son histoire (si ce n'est la plus grave)

La propagation de l'épidémie de Covid-19 pourrait coûter jusqu'à 113 milliards de dollars au secteur du transport aérien en 2020, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata). Soit une baisse d’activité de 20%, équivalente à la crise de 2008-2009. La cessation d'activité de la compagnie britannique Flybe fait craindre des faillites en cascade parmi les compagnies les plus fragiles.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Kai Pfaffenbach)

Le transport aérien affronte l'une des plus graves crise de son histoire, si ce n'est la plus grave. La décision spectaculaire de Lufthansa de clouer au sol 150 avions (20% de la flotte) mercredi en fin d'après-midi, mais aussi la cessation d'activité immédiate de la compagnie britannique en difficulté Flybe ce jeudi matin, puis, dans la foulée, les prévisions alarmantes pour l'aviation de l'IATA, l'Association internationale du transport aérien, ont résumé en à peine plus de 12 heures l'ampleur des dégâts pour les compagnies aériennes causée par le coronavirus. Selon IATA, la propagation de l'épidémie de Covid-19 pourrait représenter pour les opérateurs aériens une perte de chiffre d'affaires comprise entre 63 milliards et 113 milliards de dollars, en fonction des scénarios. Ceci sans compter le manque à gagner sur l'activité cargo, qui n'a pas encore été estimée. Le coût est colossal, alors que les prévisions tablaient jusqu'ici sur un manque à gagner de 30 milliards d'euros.

L'an dernier, le chiffre d'affaires cumulé des compagnies s'est élevé à 838 milliards de dollars, en hausse de 3% par rapport à 2018, et, en décembre, IATA tablait pour 2020 sur une progression de 4% (+34 milliards de dollars), à 872 milliards de dollars.

Deux scénarios

Le premier scénario prend l'hypothèse que le Covid-19 reste contenu dans les pays actuels comprenant au moins 100 cas de contamination et d'une reprise forte de l'activité dans un profil de « courbe en V ». Dans ce scénario, le trafic aérien français chuterait de 10%.

Plus brutal encore, le deuxième scénario prend l'hypothèse d'une diffusion plus large du Covid-19 en prenant compte cette fois tous les pays dans lesquels au moins 10 cas ont été recensés.

« Il en résulterait une perte de 19 % des recettes mondiales, équivalent à 113 milliards de dollars. Sur le plan financier, cela équivaudrait à ce que l'industrie a connu lors de la crise financière mondiale [en 2008-2009, Ndlr] », a indiqué IATA.

Pour rappel, le secteur avait perdu plus de 26 milliards de dollars en 2008. Et en début d'année, l'IATA tablait sur un bénéfice net de 29 milliards de dollars. Difficile pour l'heure de faire des prévisions. Reste à voir comment évoluera le prix du pétrole et les mesures que prendront les compagnies aériennes.

Dans ce deuxième scénario, la baisse de trafic en Europe de l'Ouest (Autriche, France, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suisse, Suède, Royaume-Uni) serait de 24%. Celle du chiffre d'affaires de 37,3 milliards de dollars, soit le deuxième marché le plus touché après celui réunissant l'Australie, la Chine, le Japon, la Malaisie, Singapour, la Corée du Sud, la Thaïlande et le Vietnam (-49,7 milliards).

Le scénario de la courbe en « V » pourrait échouer

Évidemment, en se basant sur l'expérience du SRAS en 2003, les opérateurs espèrent le premier scénario et parient sur une reprise en «V » avec une chute d'activité très forte suivie d'une reprise tout aussi forte.

Problème, un tel scénario oublie deux points importants. Cette crise sanitaire conduit à une crise économique. Quand bien même l'épidémie s'arrêterait, le trafic des compagnies aériennes resterait impacté par une économique au bord de la récession. Autre problème : personne ne sait quand aura lieu le point d'inflexion. Et pour l'heure, la chute de trafic continue, les annulations se multiplient et les prises de réservation sont à l'arrêt. Ce qui met en danger les compagnies les plus fragiles.

Les petites compagnies en danger

Cette période est en effet capitale pour les opérateurs, notamment les plus petits exploitant avec moins de 50 avions. En fin de saison hiver, une période de basse saison dans le transport aérien au cours de laquelle un grand nombre de compagnies consomment du cash, la période actuelle est censée permettre d'enregistrer des réservations pour l'été et regonfler la trésorerie.

Si ce mécanisme est grippé et correspond au contraire à des cash flow négatifs, de nombreuses petites compagnies ne pourront pas tenir longtemps et risquent de connaître le même sort que Flybe. Les gros opérateurs vont également souffrir. Les baisses de capacités qui accompagnent ou vont accompagner la chute du trafic vont poser la question de l'emploi.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 7
à écrit le 06/03/2020 à 17:05
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Greta doit être contente...remplacer le Co2 par un virus, fallait y penser !

à écrit le 05/03/2020 à 22:04
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Retour à l'envoyeur, ou pollueur payeur, si il ya un secteur qui prone la globalisation, les échanges pour de fausses valeurs, humanisme, pseudos rapprochement des peuples occidentalisés insipides, alors que ça n'est que du business... Qui à impor...

le 06/03/2020 à 12:18
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@Manon : ce genre de réaction est assez imbécile. C'est un secteur économique de notre société drainant beaucoup d'emplois, partie intégrante de notre mode de vie et nous permettant de voyager. Oui, il faut le réformer et l'adapter aux exigences envi...

le 06/03/2020 à 17:09
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Qui à autorisé le retour des français de Chine sans quasiment le moindre contrôle, le gouvernement. Pour le reste, A330 ou A340, l'avion n'y est pour rien.

à écrit le 05/03/2020 à 19:06
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113 milliards et pourquoi pas 114 milliards ? ...et pourquoi pas la faillite du transport aérien ? Parce que l'épidémie, puis la pandémie ça peut durer 3 mois...ou 6 mois...ou plus. Ajouter le bashing de prendre l'avion et les déboires du 737 Max, sa...

à écrit le 05/03/2020 à 18:08
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Seules les compagnies qui ont beaucoup de cash en réserve et/ou l'appui de leur Etat pourront survivre!

à écrit le 05/03/2020 à 17:52
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décroissance ! fin de la gabegie ! merci le coronamachin

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