En un semestre, les jeunes pousses de l'immobilier atteignent 80% des levées de fonds de 2020

D'après le baromètre du capital-risque réalisé par La Tribune, les levées de fonds de la proptech au premier semestre 2021 tutoient déjà les flux de financement captés en 2020.
César Armand
D'après le baromètre du capital-risque réalisé par La Tribune, les jeunes pousses de la proptech ont déjà levé au premier semestre 230,54 millions d'euros.
D'après le baromètre du capital-risque réalisé par La Tribune, les jeunes pousses de la proptech ont déjà levé au premier semestre 230,54 millions d'euros. (Crédits : DR)

Après une année 2020 marquée par la crise du Covid-19, 2021 sera-t-elle un meilleur cru pour les startups de l'immobilier ? Feront-elles mieux que l'année dernière où elles ont levé un total de 282 millions d'euros, contre 503 millions d'euros en 2019 ?

Près de 104 millions d'euros pour la proptech EdgarSuites

D'après le baromètre du capital-risque réalisé par La Tribune, les jeunes pousses de la proptech ont déjà levé au premier semestre 230,54 millions d'euros. Ces flux de financement en hausse comparés à l'année dernière s'explique par la méga-levée, c'est-à-dire supérieure à 100 millions d'euros, d'Edgar Suites de 104 millions d'euros.

Partant du principe que l'encadrement des loyers dans les grandes villes, à commencer par Paris, renforce la vacance des immeubles, cette startup recommande aux propriétaires d'actifs immobiliers inactifs et/ou obsolètes de les transformer en suites hôtelières plutôt qu'en logements.

"Cela permet de proposer 800 à 850 euros par m² par an avec un bail en état futur d'achèvement qui sécurise l'issue de l'opération avant le début des travaux et donne de la visibilité à long terme avec un bail commercial ferme de 12 ans", explique le président d'Edgar Suites, Xavier O'Quin.

De la même manière que le savoir-faire des startups du BTP accélère la transition écologique des majors, cet écosystème contraint en effet les métiers historiques de l'immobilier à innover, comme WeMaintain, spécialisée dans la maintenance prédictive des ascenseurs pour grands comptes et syndics de copropriété.

30 millions d'euros pour l'ascensoriste WeMaintain

Après avoir acquis l'experte de la sécurité incendie Shokly, qui permet grâce à des objets connectés d'alerter les propriétaires en cas de dysfonctionnement de leurs équipements, l'ascensoriste WeMaintain vient de lever, fin juin, 30 millions d'euros. Après avoir ouvert des bureaux à Londres en septembre et à Singapour en avril, la jeune pousse espère répondre à des demandes venant d'Europe et d'Amérique du Nord et même d'Asie.

"Trente villes nous intéressent. Pour répondre aux marchés, nous essayons de nous inscrire sur du local avec des équipes locales, de la même façon que nos investisseurs nous apportent leur savoir-faire, leur expérience et leur réseau", confie la co-fondatrice de WeMaintain, Jade Francine.

Pour continuer à concurrencer les quatre multinationales du secteur - Koné, Otis, Schindler et Thyssen - la proptech devenue entreprise à mission début 2021 veut recruter 100 personnes d'ici à fin 2021: des techniciens software et hardware à la différence des acteurs industriels qui font des partenariats ainsi que des commerciaux, principalement. "Des gens qui ont de l'appétence pour les nouvelles technologies, qui sont ouverts à faire changer les choses et qui adoptent une vision smart building", précise Jade Francine.

3 millions pour l'apporteur d'agents immobiliers Flatsy

Dans un autre registre, la jeune pousse Flatsy, née en 2017, met des agents de visite autoentrepreneurs à disposition des acheteurs en complément des professionnels le soir et le week-end, dimanche inclus. Depuis sa deuxième levée de fonds en juillet 2018, elle propose également la prise de rendez-vous en ligne et les SMS de confirmation sur le modèle de Doctolib.

Avec les 3 millions d'euros qu'elle vient de capter fin juin, la proptech entend déployer ses agents de visite dans dix villes du Nord et de l'Ouest de la France, comme Caen, Rouen et Rennes. Autrement dit là sont implantés les nouveaux investisseurs entrés à son tour de table. Et ce en complément de Paris, Bordeaux, Cannes, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Metz, Montpellier, Nantes, Nice, Saint-Etienne, Strasbourg et Toulouse.

"Il n'y a pas de goulet d'étranglement sur l'offre. Nous trouvons toujours des agents. Nous pouvons même ouvrir une ville en moins de quinze jours, mais il nous faut suffisamment de ventes. Sinon, ce n'est pas rentable", affirme le fondateur de Flatsy, Alexis Chauffert-Yvart.

Décentralisation et internationalisation

Dès février 2021, ce double phénomène de décentralisation et d'internationalisation était perceptible. Ces deux dernières levées de fonds du premier semestre 2021 le confirment: les villes de région et les capitales étrangères sont les nouveaux terrains de jeu des jeunes pousses de l'immobilier.

D'autant plus qu'"on commence à voir émerger les gagnants, avec des phénomènes d'acquisition ou de concentration", relevait aussi, il y a cinq mois, l'économiste Robin Rivaton, directeur de l'association Real Estech (400 startups et grands groupes) et directeur d'investissement chez Idinvest Partners.

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