Le rachat de SVB par First Citizens suscite un net rebond des valeurs bancaires

Sous l'impulsion de la FDIC, la banque américaine First Citizens BancShares Inc reprend une partie des actifs de la Silicon Valley Bank (SVB). Cette opération a pour objectif de rassurer les investisseurs contre la crainte d’une série de faillites bancaires. Ce qui a fonctionné ce lundi avec un rebond généralisé des valeurs bancaires aux Etats-Unis et en Europe. Pour l'organisme de protection des dépôts américain (FIDC), la faillite de SNB sera la plus coûteuse de son histoire, avec une facture de 20 milliards de dollars.
Au total, 17 succursales SVB ouvriront en tant que succursales First Citizen ce lundi 27 mars, aux Etats-Unis
Au total, 17 succursales SVB ouvriront en tant que succursales First Citizen ce lundi 27 mars, aux Etats-Unis (Crédits : Reuters)

Particulièrement secoué ces dernières semaines, le secteur bancaire va-t-il pouvoir souffler ? La banque First Citizens BancShares Inc a annoncé qu'elle allait racheter tous les prêts et dépôts de Silicon Valley Bank. Ce lundi 27 mars, dix-sept anciennes agences SVB ouvriront donc sous la bannière First Citizens.

La banque acquiert ainsi 72 milliards de dollars d'actifs de SVB, avec une décote de 16,5 milliards de dollars. En échange, la Federal Deposit Insurance Corp (FDIC) s'est engagée à acheter des droits d'appréciation sur ses actions (SAR), pour un montant allant jusqu'à 500 millions de dollars en retour, a indiqué la FDIC dans un communiqué. Autrement dit, l'organisme américain va entrer au capital de First Citizens, une banque qui reste familiale et dont le total des actifs est de l'ordre de 100 milliards de dollars avant l'opération.

Le cours de l'action de la banque a pris près de 50 % à l'ouverture à Wall Street pour revenir à ses plus hauts de janvier 2022 et entraînant dans son sillage les banques régionales américaines, dont First Republic, très attaquée sur le marché malgré le soutien de grandes banques américaines, et qui gagne près de 25% à l'ouverture. 

Ce rachat ressemble à celui de Signature Bank, une autre banque en grande difficulté, et dont les activités ont été reprises par la semaine dernière par Flagstar (New York Community Bank).

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Pour la FDIC, le coût estimé pour son fonds d'assurance-dépôts, financé par les banques, et ayant été utilisé pour rembourser les clients de SVB sera d'environ 20 milliards de dollars, a indiqué l'organisme. Ce qui fait de SVB la faillite bancaire la plus coûteuse de l'histoire de la FDIC, un organisme pourtant créé en 1933 !

L'accord SBV intervient après plusieurs semaines de recherche d'un prétendant et après que la FDIC a appelé à des offres distinctes pour SVB Private et SVB. Quelque 90 milliards de dollars de titres restent cependant toujours à vendre.

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Rebond des valeurs bancaires

L'accord a donné un peu de répit aux marchés. Il s'agit du premier week-end depuis plusieurs semaines qui n'a pas apporté de nouvelles de nouveaux effondrements bancaires, d'accords de sauvetage ou d'aide d'urgence des autorités pour renforcer la confiance.

« Vous balayez la Silicon Valley vers un autre acheteur, ce qui est bien, mais le plus gros problème est de garantir les dépôts dans toutes ces autres banques (régionales). C'est un peu de calme avant la prochaine tempête », a nuancé Tony Sycamore, analyste chez IG Markets, à Sydney.

La semaine dernière s'est terminée sur un air de panique avec une chute de 8,5% du titre Deutsche Bank sur la seule séance de vendredi. Ce lundi, les actions des banques en Asie étaient stables en Australie et à Tokyo, mais les indices européens, puis Wall Street, ont entamé un très net rebond sous l'impulsion des valeurs bancaires.

L'effondrement de SVB, il y a un peu plus de deux semaines,suite à des demandes de retraits en cascade et massives, a surpris le monde bancaire et les régulateurs et entraîné une chute de valorisation du secteur bancaire aux Etats-Unis et en Europe. Une petite phrase malheureuse (ou mal comprise) du président de la Banque nationale saoudienne, et qui a démissionné depuis, premier actionnaire de Credit Suisse, a également provoqué la chute de la banque suisse et son rachat en catastrophe par son concurrent direct, la banque suisse UBS. Le tout en moins de cinq jours !

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« Ce n'est clairement pas fini », a déclaré ce lundi le directeur général du groupe bancaire australien et néo-zélandais ANZ, Shayne Elliott, dans une interview publiée sur le site Internet de la banque. Il estime que les troubles pourraient déraper en une crise financière plus grave. « Je ne pense pas que vous puissiez vous asseoir ici et dire: Eh bien, tout est fait, Silicon Valley Bank et Credit Suisse et, vous savez, la vie redeviendra normale », a déclaré le directeur général avant d'ajouter que « ces choses ont tendance à se dérouler sur une longue période de temps. »

En attendant, c'est quand même le soulagement qui domine sur les marchés ce lundi.

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La réponse des banques centrales scrutée de près

La montée soudaine des tensions pour les banques a soulevé des questions quant à savoir si les principales banques centrales continueront à poursuivre des hausses agressives des taux d'intérêt pour juguler l'inflation, et si le resserrement des prêts nuira à l'économie mondiale. La Banque centrale européenne a remonté ses taux de manière très rapide en les faisant passer de négatifs au printemps 2022 à 3-3,75% en mars 2023, assurant que « le secteur bancaire de la zone euro est résilient et dispose de positions de capital et de liquidités solides ».

Le même scénario a été suivi par la Réserve fédérale américaine qui a établi ses taux sur une fourchette entre 4,75% et 5% en mars après une remontée très rapide. Problème, cette remontée des taux a déprécié la valeur des obligations d'Etats détenus par les banques du monde entier et ayant causé la faillite de SVB. Reste à savoir si d'autres banques suivront le chemin de la banque californienne.

(Avec agences)

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Commentaire 1
à écrit le 27/03/2023 à 19:39
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Incroyable! O_O Après BNS c'est au tour de la Fed de renflouer sans limite via impression monétaire toutes les banques régionales américaines au motif d'opérations financières douteuses profitant du laxisme de la régulation sous le seuil de 250...

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