Livret A : coup de frein sur la collecte en septembre, devancée par le Livret d'épargne populaire

Plus de 406 milliards d'euros sont désormais logés sur les Livrets A des Français, selon les chiffres dévoilés par la Caisse des dépôts ce lundi. Le produit d'épargne réglementée a enregistré une collecte de 450 millions d'euros, contre 2,27 milliards d'euros en août. Le Livret d'épargne populaire (LEP), lui, a fait le plein.
Pauline Chateau
La collecte nette cumulée s'élève ainsi à 30,73 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année, portant l'encours total à un niveau encore inédit : 406,1 milliards d'euros en septembre 2023, contre 369,7 milliards d'euros l'an dernier.
La collecte nette cumulée s'élève ainsi à 30,73 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année, portant l'encours total à un niveau encore inédit : 406,1 milliards d'euros en septembre 2023, contre 369,7 milliards d'euros l'an dernier.

Les capacités d'épargne des Français se sont révélées plus restreintes en ce mois de septembre. Synonyme de plus fortes dépenses (rentrée scolaire, impôts...), dans un contexte d'inflation persistante, le mois dernier a été marqué par une très faible collecte nette pour le Livret A : 450 millions d'euros, contre 2,67 milliards d'euros, un an plus tôt, indique la Caisse des dépôts ce lundi.

« Après les vacances, les ménages puisent dans leur bas de laine pour faire face à une série de dépenses et, notamment, celles liées à la rentrée scolaire, confirme Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Epargne dans un communiqué. Cette année, les dépenses sont, en outre, majorées par l'inflation. Sur ces dix dernières années, quatre décollectes ont été constatées sur le mois de septembre ».

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La collecte nette cumulée s'élève ainsi à 30,73 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année, portant l'encours total à un niveau encore inédit : 406,1 milliards d'euros en septembre 2023, contre 369,7 milliards d'euros l'an dernier.

Cumulé avec le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), la collecte mensuelle atteint 730 millions d'euros en septembre 2023. Depuis le début de l'année, le Livret A et le LDDS ont ainsi accumulé 41,41 milliards d'euros supplémentaires. L'encours total des deux produits d'épargne réglementée s'élève ainsi à 551,1 milliards d'euros tous guichets. « L'année 2023 restera un excellent cru pour l'épargne réglementée », souligne Philippe Crevel.

Le taux du Livret A maintenu à 3% jusqu'en 2025

Ce véritable coup de frein pour le Livret A et le LDDS s'explique en partie par l'essoufflement d'un effet d'aubaine. En juillet dernier, suivant les recommandations formulées par la Banque de France, le gouvernement a renoncé à rehausser le taux du Livret A : il a ainsi été gelé durant dix-huit mois, soit jusqu'en 2025.

Cette décision pourrait représenter un manque à gagner d'environ 3 milliards d'euros sur la période d'août 2023 à janvier 2024, auxquels s'ajoutent près de 800 millions d'euros amputés entre février à juillet 2023, avec le précédent arrondi du taux à la baisse, de 3,3% à 3%.

Pour rappel, la formule de calcul prend en compte la hausse des prix à la consommation, ainsi que les taux interbancaires des derniers mois, auxquels les banques s'échangent de l'argent à court terme. Les autorités ont la possibilité de déroger à cette formule, en cas de circonstances jugées exceptionnelles. Ce scénario avait d'ailleurs été privilégié en février 2022. La Banque de France avait proposé d'arrondir à 1%, au lieu de 0,8%, puis en février 2023, mais dans l'autre sens cette fois-ci, lorsque l'institution avait proposé 3% au lieu de 3,3%.

« La moyenne semestrielle du taux ressort à 2,66 % de janvier à juin 2023, avait expliqué l'institution le mois dernier. Le glissement annuel passé sur 6 mois de l'IPC hors tabac s'établit quant à lui à 5,57 %. L'application de la formule aboutirait donc à un taux de 4,1 % pour le livret A ».

Le livret d'épargne populaire sort gagnant

« Nous avons décidé de maintenir le taux à 3% pour des raisons d'intérêt économique national », avait expliqué Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, au micro de TF1. Un taux plus élevé aurait augmenté « le coût du crédit pour les PME, qui ont besoin d'investir », ainsi que celui « du crédit pour le logement social », « soit des dizaines de milliers de logements sociaux » en moins.

 « Un pour cent de taux du Livret A en plus aurait représenté 32.000 logements sociaux en moins, un tiers de la production annuelle », avait évalué le gouverneur de la Banque de France.

Preuve que les épargnants sont moins sensibles au taux à 3% du Livret A, le Livret d'épargne populaire, réservé aux foyers modestes, lui, a vu sa collecte nette dépasser celle du Livret A, à 800 millions d'euros en septembre. « Sur les neuf premiers mois de l'année, [la collecte nette] s'élève en cumulé à +11,10 milliards d'euros, observe la Caisse des dépôts. L'encours total atteint 59 milliards d'euros à fin septembre 2023. »

Le mois d'octobre devrait confirmer cette tendance, puisque le plafond du LEP sera relevé de 7.700 euros à 10.000 euros. Pour rappel, le taux du produit d'épargne est plus élevé que le Livret A, à 6%. En revanche, les revenus du souscripteur en doivent pas dépasser un plafond, fixé à 21.393 euros de revenu fiscal de référence pour une personne seule.

Des Livrets A déjà bien garnis

La collecte du Livret A pourrait être amenée à décliner encore dans les mois qui viennent. Non seulement la fin de l'année est synonyme de dépenses supplémentaires (rentrée scolaire, fêtes de fin d'année...), mais le nombre de livrets d'épargne réglementée garnis augmente fortement. Les titulaires d'un Livret A ne peuvent en effet pas y déposer plus de 22.950 euros.

« 5,3 millions de livrets A détenus par des personnes physiques dépassent le plafond réglementaire de 22.950 euros, soit 9,6 % des détenteurs (1 million de livrets de plus qu'en 2021, après une augmentation de 400.000 en 2020 et de 380.000 en 2021) », indique la Banque de France dans le rapport de l'Observatoire de l'Épargne Réglementée.

À défaut de pouvoir se reporter sur les autres membres du foyer - et d'ouvrir un autre Livret A ou un LDDS -, les ménages se reportent, de facto, vers d'autres alternatives.

« Les ménages les plus aisés ayant saturé leur Livret A et leur LDDS ont tendance à se reporter sur les dépôts à terme, sur les SICAV monétaires, voire les super livrets », acquiesce Philippe Crevel.

La collecte nette reste cependant supérieure à celle des fonds euros de l'assurance vie, autres produits d'épargne à capital garanti mais moins rémunérateurs, dont la lente hémorragie a commencé fin 2019.

Pauline Chateau

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Commentaire 1
à écrit le 23/10/2023 à 20:32
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Baisse du livret A à 3 % au lieu de 4,1 % déguisée en stabilité et du LEP à 6 % au lieu de 6,1 % mais tout va bien pour l'aristocratie républicaine qui se finance à peu de frais sur l'épargne du petit peuple riche de créances bancaires...

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