Crédit Agricole : conquête et point d'inflexion en banque de détail

Le groupe mutualiste a enregistré une progression de ses revenus dans tous les pôles d'activités, y compris au LCL, au troisième trimestre. Malgré des taux toujours bas, la Banque verte a compensé la baisse des marges d'intérêt par les volumes et les commissions.
Delphine Cuny
Notre banque de détail est capable de faire croître ses revenus, même si les taux ne remontent pas s'est félicité Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole S.A., l'entité cotée en Bourse.
"Notre banque de détail est capable de faire croître ses revenus, même si les taux ne remontent pas" s'est félicité Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole S.A., l'entité cotée en Bourse. (Crédits : DR)

[Article mis à jour à 11h35]

Plus de deux ans que les banques se plaignent de l'impact des taux d'intérêt ultra bas, conséquence de la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne (BCE), rognant leurs marges d'intérêt, leurs revenus et leurs profits. Le 30 octobre dernier, BNP Paribas a encore évoqué « l'environnement de taux toujours bas » pour expliquer la baisse de 1,1% de ses revenus de banque de détail sur ses marchés domestiques (France, Belgique, Italie, Luxembourg) au troisième trimestre. En revanche, le Crédit Agricole a dit avoir atteint « un point d'inflexion » dans la banque de détail, lors de la publication de ses résultats trimestriels ce mercredi 7 novembre.

« Les caisses régionales comme LCL semblent avoir atteint le point d'inflexion où la baisse des marges d'intérêt est compensée par la croissance des volumes et des commissions » a déclaré Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole S.A., l'entité cotée en Bourse. « Nous avons probablement atteint le point bas. Notre banque de détail est capable de faire croître ses revenus, même si les taux ne remontent pas. »

La BCE a prévenu que ses taux resteraient inchangés « au moins jusqu'à l'été 2019.»

La vague des renégociations d'emprunts immobiliers serait derrière la Banque verte. Les caisses régionales affichent un produit net bancaire (PNB) en hausse de 1% à 3,2 milliards d'euros sur le trimestre.

Conquête commerciale dans le détail

Le LCL a augmenté son PNB de 1,1% à 858 millions d'euros (après -4% au deuxième trimestre) et de 2,3% en sous-jacent, tandis que son profit a grimpé de 9,4% à 155 millions d'euros : du fait de la baisse des charges (-2,9%) d'un côté et du dynamisme du crédit à l'habitat (4,5%), à la consommation (+5,4%) et aux entreprises (+12,5% en septembre) de l'autre, la banque de réseau citadine a bénéficié d'un fort effet de ciseaux positif.

Voulant défier les pronostics pessimistes, le patron de Crédit Agricole S.A. a défendu son modèle de banque de proximité. La Banque verte est le numéro un français auprès des particuliers avec 21 millions de clientsl, tandis que LCL en revendique 6 millions, presque autant que BNP Paribas (6,7 millions).

« Notre banque de détail se porte bien, d'abord en conquête commerciale. Les caisses régionales ont gagné 114.000 clients en net sur 9 mois, le LCL environ 10.000 » s'est félicité Philippe Brassac.

L'offre low-cost Eko, à 2 euros par mois, lancée il y a un an, a séduit 62.000 clients, ce qui « représente 10% de nos entrées en relation », ne cannibaliserait donc pas le reste de la gamme.

Toujours à la peine sur les marchés de taux

Tous les pôles d'activité de Crédit Agricole S.A. ont augmenté leurs revenus, mis à part les services financiers spécialisés, stables, même dans la banque de financement et d'investissement (+4,4%), grâce à de bonnes performances dans la syndication et les financements structurés. Dans un contexte de « marchés difficiles » , les revenus sur les marchés de taux, changes et matières premières, toujours scrutés de près, ont baissé de 14%, en ligne avec la performance de BNP Paribas (dont l'ensemble de la BFI était cependant en recul). A la différence de la banque de la rue d'Antin, qui se plaignait de la mollesse du marché, la banque mutualiste invoque un durcissement de la concurrence, la pression sur les marges et l'agressivité des banques américaines en Europe, mais de forts volumes d'activité.

Dans l'ensemble, le produit net bancaire de Crédit Agricole S.A. a progressé de 5% à 4,8 milliards d'euros sur le trimestre et son bénéfice net part de groupe de 3,2% à 1,1 milliard d'euros, en ligne avec le consensus des analystes.

« Il est probable qu'étant bien sur nos rails, nous arrivions au-delà de nos objectifs fin 2019 », a commenté Philippe Brassac.

Ces résultats n'ont pour autant pas inspiré les investisseurs. L'action Crédit Agricole a ouvert en baisse de 1,5% ce mercredi 7 novembre : elle perd 0,9% à la mi-séance, signant la plus forte baisse du jour du CAC 40, bien orienté. Depuis le début de l'année, elle signe la moins mauvaise performance boursière des banques françaises, en retrait de 16%, contre -25% pour BNP Paribas et -23% pour Société Générale, et -20% pour l'indice européen du secteur.

Lire aussi : Stress tests : les banques européennes encaissent le choc

Delphine Cuny

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