Banques : la Fed publie (enfin) ses recommandations financières sur le climat

Régulièrement ciblée pour son manque de volontarisme sur le sujet climatique, la Fed a publié mardi une série de recommandations. Ces dernières visent à aider les grandes banques à mieux gérer les risques climatiques. En revanche, la Réserve fédérale américaine a rappelé qu'elle ne jouerait aucun rôle politique sur ce terrain.
Mathieu Viviani
Dans un communiqué publié ce mardi, le patron de la Fed, Jerome Powell, a insisté : « Les banques doivent comprendre et gérer de manière appropriée leurs risques importants, y compris financiers, liés au changement climatique. »
Dans un communiqué publié ce mardi, le patron de la Fed, Jerome Powell, a insisté : « Les banques doivent comprendre et gérer de manière appropriée leurs risques importants, y compris financiers, liés au changement climatique. » (Crédits : EVELYN HOCKSTEIN)

La Fed a fait un pas en avant remarqué. La banque centrale américaine a publié mardi 24 octobre une série de recommandations. Objectif affiché, aider les grandes banques à mieux gérer les risques climatiques. « La Réserve fédérale a des responsabilités limitées, mais importantes, concernant les risques financiers liés au climat, qui sont étroitement liées à nos responsabilités en matière de supervision bancaire », a indiqué le président de la Fed, Jerome Powell, dans un communiqué.

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Selon lui, « les banques doivent comprendre et gérer de manière appropriée leurs risques importants, y compris financiers, liés au changement climatique ».

Dans les faits, les recommandations publiées par la Fed s'adressent aux banques ayant plus de 100 milliards de dollars d'actifs. Elles leur fournissent « un cadre (...) pour la gestion sûre et saine des expositions aux risques financiers liés au climat », a précisé le vice-président de la Fed chargé de la régulation bancaire, Michael Barr.

« Ces principes climatiques décrivent la manière dont les banques doivent identifier, mesurer, surveiller et gérer les risques importants liés au climat et garantir que leurs cadres de gestion des risques intègrent de manière appropriée ces questions », a-t-il précisé.

Un rôle apolitique

En revanche, la Fed ne prend pas partie. La banque centrale « n'est pas et ne sera pas un décideur climatique », insiste Jerome Powell. « Les décisions concernant les politiques visant à lutter contre le changement climatique doivent être prises par les élus du gouvernement », a-t-il souligné.

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Pour le patron de l'institution, il est impératif de rester « vigilant pour éviter de franchir ou de brouiller cette ligne ». Ce n'est pas son rôle « de dire aux banques à quelles entreprises elles peuvent ou ne peuvent pas prêter ».

La Banque centrale européenne plus en pointe sur le climat

Homologue de la Fed sur le Vieux Continent, la Banque centrale européenne a lancé début 2023 une nouvelle série d'indicateurs pour mieux mesurer l'impact des enjeux climatiques sur la finance. « Nous devons mieux comprendre comment le changement climatique affectera le secteur financier, et vice-versa. (...) Pour cela, le développement de données de haute qualité est essentiel », avait souligné Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE en charge des opérations de marché, dans un communiqué.

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Depuis 2019, la banque centrale a renforcé son engagement sur l'enjeu climatique. Elle le prend désormais davantage en compte dans sa politique monétaire, et travaille à rééquilibrer ses portefeuilles de titres pour améliorer son empreinte carbone.

Applicable d'ici le 1er janvier 2024, la nouvelle directive européenne CSRD permettra une meilleure transparence des entreprises sur leurs données environnementales. Les sociétés concernées seront obligées de communiquer publiquement dessus et de les faire vérifier par un commissaire au compte.

Alliances financières pour la neutralité carbone

Depuis l'Accord de Paris sur le climat en 2015, les plus grandes banques et assureurs ont lancé des alliances visant à atteindre la neutralité carbone. Les plus connues sont la « Glasgow Financial Alliance For Net Zero » (GFanz) et la « Net-Zero Insurance Alliance » (NZIA). Environ 550 entreprises, pesant 150.000 milliards de dollars d'actifs, soit 40% du total mondial, sont membres de la GFanz.

Si les ONG et associations environnementales reconnaissent le travail de ces alliances, elles accusent régulièrement ses membres de continuer à financer des énergies carbonées. Les acteurs financiers, eux, font valoir que leurs financements contribuent justement à aider le secteur pétro-gazier à opérer sa transition.

Un montant colossal

Selon les calculs de l'agence de presse et analyste financier Bloomberg, plus de 3.000 milliards d'investissements annuels au cours des 10 prochaines années seraient nécessaires pour arriver à la neutralité carbone d'ici à 2050. Président de la COP28, qui s'ouvrira le 30 novembre à Dubaï aux Émirats arabes unis, le Sultan Al-Jaber a assuré à de nombreuses reprises œuvrer particulièrement sur ce volet. Mais sa parole manque de crédibilité, selon les ONG.

(Avec AFP)

Mathieu Viviani

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Commentaires 2
à écrit le 25/10/2023 à 19:16
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"Ces dernières visent à aider les grandes banques à mieux gérer les risques climatiques." Une promotion spéciale sur les bunkers de luxe sous terrains pour se protéger des gens mécontents ?

à écrit le 25/10/2023 à 13:55
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la Banque de France est en tête du Green Central Banking Scorecard (Positive Money UK, 11/2022). la BCE est 4e et la FED 16e.

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