Les Bourses continuent d’enchaîner sans excès les records

L’indice CAC 40 franchit pour la première fois les 8.000 points, plus de deux ans après avoir dépassé les 7.000 points en novembre 2021. Les marchés actions valorisent, en Europe et aux Etats-Unis, un scénario de « no landing » de l’économie et du maintien de la croissance des profits en 2024. Des anticipations plus agressives de baisse des taux pourraient faire repartir à la hausse les actions.
Les investisseurs sont désormais à la recherche de nouveaux catalyseurs pour pourraient relancer la hausse des indices.
Les investisseurs sont désormais à la recherche de nouveaux catalyseurs pour pourraient relancer la hausse des indices. (Crédits : Reuters)

Après plusieurs tentatives, l'indice parisien CAC 40 a finalement percé le seuil (symbolique) des 8.000 points ce jeudi. Depuis le 31 décembre 1987, base 1.000 de l'indice, la capitalisation de l'indice a donc été multiplié par 8. Mais il aura fallu attendre 21 ans avant que le précédent record de septembre 2000 à 6.922 points soit franchi en novembre 2021. Et deux ans et trois mois de plus pour atteindre 8.000 points. Et encore, c'est sans tenir compte des dividendes réinvestis.

La Banque centrale européenne (BCE) a même donné un petit coup de pouce (involontaire) aux actions. Certes, elle a maintenu ce jeudi ses taux directeurs inchangés, mais ses prévisions économiques sont moroses pour les deux ans qui viennent. L'inflation en zone euro pourrait même revenir, selon elle, sur sa cible de 2 % plus vite que prévu.

Lire aussiMarchés financiers : « Nous nous approchons d'une zone d'excès » (Vincent Chailley, H2O AM)

Ce qui laisse espérer un assouplissement monétaire plus important que prévu, alors que le consensus venait pourtant de réajuster ses anticipations, avec plus de trois baisses prévues en 2024, contre les six initialement prévus. Jamais les anticipations sur les taux n'auront autant fluctué au gré des statistiques et des déclarations des banquiers centraux.

Une bulle ! Quelle bulle ?

Et maintenant ? Les ratios de valorisation montrent que les actions européennes en zone euro, et c'est pareil pour les entreprises du CAC 40, sont actuellement valorisées autour de 13 fois leurs bénéfices à 12 mois, soit légèrement en-dessous de la moyenne de long terme. Nous sommes donc loin d'un début de phénomène de bulle comme dans les années 2000.

En revanche, il existe une décote importante par rapport aux actions américaines. Sur l'indice S&P 500, le ratio cours bénéfice (PE) se situe autour de 21. Et sans les fameuses « 7 magnifiques » (Alphabet, Apple, Amazon, Meta, Tesla, Microsoft et Nvidia), la valorisation du S&P493 revient sur une moyenne historique, autour de 17 fois. Rien de déraisonnable donc, surtout comparé aux multiples de valorisation de 40 ou 50 fois les résultats lors de la bulle internet.

Cette prime aux marchés américains vient valider la bonne dynamique des résultats aux Etats-Unis, qui battent globalement le consensus. Cela fait même longtemps que ces résultats n'ont pas été aussi bons par rapport à l'Europe.

Lire aussiEtats-Unis : la Fed pourrait abaisser ses taux dès l'été, avance un responsable

Le plan de relance américain fonctionne à plein, la consommation reste élevée, les marges progressent avec l'inflation. Certains pointent même un effet « IA » (intelligence artificielle) pour anticiper un bond de la productivité des entreprises. En attendant, ce sont plutôt les premiers plans sociaux qui ont soutenu le cours de certaines boîtes, y compris dans la Tech.

No landing

C'est donc un mouvement inverse à celui du second semestre 2023 lorsque les résultats américains avaient vacillé face à des résultats plus résilients en zone euro. Les marchés européens avaient alors plutôt surperformé les Etats-Unis. Cette fois-ci, la saison mitigée des résultats en zone euro s'est traduite par une révision à la baisse des prévisions de bénéfices à 5%, et ce, alors que les analystes ont relevé leurs prévisions de croissance des bénéfices à 10% sur le S&P 500.

« Ce que les marchés actions valorisent actuellement, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis, c'est une économie qui n'atterrit pas, qui continue de croître au rythme actuel. Un scénario de "no landing" sur lequel nous pouvons avoir quelques doutes, notamment en zone euro », prévient Benoît Peloille, directeur des investissements chez Natixis Wealth Management.

Alors que le scénario de « soft landing » (atterrissage en douceur) avait laissé l'an dernier beaucoup d'économistes dubitatifs, avant de devenir le scénario central y compris pour les banques centrales, le « no landing » s'impose alors qu'en réalité, seule l'économie américaine n'a pas encore atterri et continue à publier de solides chiffres. A cet égard, la publication demain des chiffres de l'emploi sera à nouveau très surveillé. En zone euro, les indicateurs se dégradent et l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon sont en récession.

Nouveaux catalyseurs

La fragilité des marchés est que toutes les bonnes nouvelles sont désormais dans les cours : une croissance américaine résiliente, des résultats d'entreprises satisfaisants et une baisse des taux à partir de juin. Faire repartir à la hausse les actions sera donc compliqué. Un premier levier peut être de nouvelles anticipations de baisse des taux plus agressives.

Sur les taux, le mouvement de baisse des taux longs entre octobre et la fin de l'année 2023 s'est essoufflé pour laisser la place à une remontée des taux depuis le début de l'année. Un nouveau mouvement de baisse des taux longs pourrait alors redonner du souffle aux actions (et aux obligations).

L'autre levier serait une forte remontée pour l'appétit pour le risque, ce qui risque d'enclencher une logique de bulle, dont tout le monde parle sur les marchés. De fait, la prime de risque est quasiment sur un plus bas historique aux Etats-Unis.

« La réalité c'est que tout le monde se gratte la tête pour savoir comment les indices pourraient aller plus haut », résume un gérant.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 08/03/2024 à 7:32
Signaler
Ben poru l'instant le projet de Davos avance sans accroc.

à écrit le 07/03/2024 à 23:40
Signaler
La politique de la BCE se joue aux corbeilles des bourses européennes. Ces dernières savent qu'elle ne les laissera pas tomber. Déjà en 29 elles étaient devenues trop grosses pour faillir....et on ne s'en était pas rendu compte (ou bien tardivement)....

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.