Production d'avions : début d’année poussif pour Airbus

Le démarrage d'Airbus en 2023 s'avère bien compliqué. Il accuse un retard de quinze appareils par rapport à l'an dernier. Le constructeur européen monte néanmoins en cadence. Les mois à venir pourraient s'avérer décisifs pour ne pas connaître la désillusion de l'année passée avec un objectif de livraisons raté.
Léo Barnier
Airbus va devoir cravacher pour atteindre son objectif de 720 appareils livrés en 2023.
Airbus va devoir cravacher pour atteindre son objectif de 720 appareils livrés en 2023. (Crédits : STEPHANE MAHE)

La montée en cadence est un chemin long et tortueux. Airbus risque bien d'en faire encore l'expérience cette année. Ses résultats de livraisons du premier trimestre sont en baisse par rapport à l'an dernier, où le constructeur européen avait déjà échoué à atteindre son objectif de 720 appareils produits sur l'année. Il est, certes, monté en puissance tout au long du trimestre, mais il lui faudra encore accélérer pour atteindre cette fois son objectif de 720 avions livrés, renouvelé pour 2023.

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Lors des trois premiers mois de 2023, Airbus a remis 127 appareils à 54 clients. L'an dernier, à la même époque, il était déjà à 140 appareils (plus deux A350 non-livrés à Aeroflot, en raison des sanctions internationales à l'encontre de la Russie).

Le différentiel n'est pas énorme, mais il risque de peser lorsque l'on sait que Airbus avait dû abaisser par deux fois son objectif de livraisons l'an dernier. Celui-ci était passé de 720 appareils en début d'année à environ 700 en juillet, puis à moins de 700 en décembre. Le constructeur avait fini l'année avec un total de 661 avions.

Dès janvier dernier, Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, avait prévenu que les difficultés sur la chaîne de sous-traitance rencontrées en 2022 allaient se poursuivre et continuer à peser sur les capacités de production du secteur aéronautique cette année. Il avait également indiqué que « la réouverture en Chine d'une façon inattendue pouvait ajouter une complexité additionnelle ».

Un deuxième trimestre décisif

La différence pourrait néanmoins se jouer au deuxième trimestre. Airbus est monté en puissance tout au long du premier trimestre : 20 avions livrés en janvier, 46 en février et 61 en mars. Une trajectoire ascendante quasiment identique à l'an dernier. Mais en 2022, les choses avaient commencé à se gâter réellement à partir du printemps, avec une baisse des livraisons en avril et mai. Or, cette période apparaît comme charnière entre le redémarrage du début d'année et l'été, qui est traditionnellement marqué par un ralentissement en raison des fermetures estivales.

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La production reste ainsi marquée par une très forte saisonnalité, qui oblige à une très forte accélération dans les derniers mois de l'année pour tenir les objectifs annuels de livraisons. En décembre 2022, Airbus a livré pas moins de 98 appareils. Une performance inédite depuis trois ans, qui n'a pourtant pas suffi à rattraper le retard accumulé pendant l'année.

L'A350 est à la peine

Dans le détail, c'est l'A350 qui représente l'essentiel du recul par rapport à 2022. Seuls 5 avions ont été livrés, contre 14 l'an dernier (auxquels s'ajoutent les deux avions d'Aeroflot). Le rythme visé est pourtant porté à 6 exemplaires par mois, sans compter qu'Airbus a indiqué lors de ses résultats annuels « mener une étude de faisabilité avec les fournisseurs pour cibler une production mensuelle de 9 A350 à la fin 2025 », afin de répondre à la reprise du trafic long-courrier.

Sur les monocouloirs, la différence est moins significative avec seulement quatre A320 NEO en moins. Pourtant, Airbus doit franchir un cap en la matière. Le constructeur a produit 43 appareils de la famille A320 NEO en moyenne par mois en 2022. Son objectif (plusieurs fois repoussé) est toutefois d'atteindre les 65 appareils mensuels courant 2024. Il retrouverait ainsi son niveau de production d'avant-Covid, quatre ans après avoir coupé sa production de 40% pour faire face à la crise sanitaire. L'objectif inédit de 75 appareils par mois est lui prévu en 2026.

Sur les commandes, le résultat est positif. Avec 156 appareils commandés et seulement 14 annulations, Airbus affiche un bilan net de 142 avions fermes. L'an dernier, le constructeur avait reçu une centaine de commandes en plus. Il avait toutefois dû faire face à un flot d'annulations pour un bilan net de 83 appareils seulement.

Léo Barnier

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Commentaires 2
à écrit le 11/04/2023 à 19:23
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Bonjour, Pour atteindre des objectifs de production toujours a la hausse... Ils faut se donner les moyens ... Recrutement de personnel et surtout développer les chaînes d'assemblage.... La concentration des lieux de production n'est pas forcément ...

le 12/04/2023 à 7:22
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L'idéologie du management Français est de réduire les coûts à n'importe quel prix, même en écartant les salariés les plus compétents, donc plus cher. Cela abouti inexorablement à une chute de productivité. Hors l'optimum serait de produire plus et mi...

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