
C'était l'annonce à ne pas rater. En introduction d'une réunion du Conseil national de la transition écologique, la Première ministre a annoncé, le 12 juillet dernier, une augmentation de 66% du budget de Ma Prime Rénov', une aide destinée à la rénovation des logements, dans le cadre de la loi de finances 2024.
« Nous porterons le budget de MaPrimeRénov' à 4 milliards d'euros, soit une hausse de 1,6 milliard d'euros » avait aussitôt précisé Elisabeth Borne.
Pas plus de 10% vers la rénovation globale
Une semaine plus tôt, la commission d'enquête du Sénat sur l'efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique poussait le gouvernement à porter les crédits à 4,5 milliards d'euros et à tripler les aides - dans la limite de 45.000 euros - à la rénovation globale pour les ménages les plus modestes.
« Ma Prime Rénov' est un vrai succès avec plus de 650.000 demandes en 2021 et 2022, tout en permettant des gains énergétiques 40 % supérieurs au crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE en vigueur jusqu'en 2019, ndlr). Mais pas plus de 10 % seraient des rénovations globales », avaient relevé les sénateurs Estrosi-Sassonne et Gontard.
Quels gains énergétiques ?
Auditionné le 5 juin par ladite commission d'enquête, le ministre de la Ville et du Logement avait, lui, affirmé que « deux bénéficiaires de Ma Prime Rénov' sur trois dispos[aie]nt de ressources modestes ou très modestes, quand le crédit d'impôt en vigueur jusqu'en 2019 bénéficiait pour près de moitié aux ménages des neuvième et dixième déciles de revenus ».
« Sur les dossiers payés depuis le début de l'année, le gain énergétique annuel moyen par logement est en hausse de 30 % par rapport à 2021, et 80 % supérieur aux gains constatés sur l'ancien crédit d'impôt » avait ajouté Olivier Klein.
Depuis le lancement en 2020 de cette aide, le gouvernement fait savoir que plus d'1,5 million de Français ont lancé des travaux pour 5,6 milliards d'euros engagés. Près de 185.000 rénovations globales ont même été financées, dont près de la moitié correspond à des sorties de passoires énergétiques, ces logements trop chauds l'été trop froids l'hiver.
Quel place pour les mono-gestes ?
Des chiffres revus à la hausse par la locataire de Matignon. Elisabeth Borne vient d'assigner à l'Agence nationale de l'habitat (ANAH), qui distribue Ma Prime Rénov', l'objectif de 200.000 rénovations globales rien que pour 2024.
« Nous allons garder deux parcours possibles » a confié Valérie Mancret-Taylor la directrice générale de l'ANAH, lors d'une conférence parlementaire organisée ce 18 juillet par le cabinet Rivington à la Maison de la Chimie.
Il restera le mono-geste, c'est-à-dire le changement d'une chaudière par exemple, pour « permettre aux ménages d'éradiquer le fioul et de sortir du gaz... des énergies carbonées ».
En revanche, les passoires/bouilloires thermiques G ou F, interdites à la location en 2025 et 2028, « ne pourront plus s'inscrire dans des logiques mono-gestes », a enchaîné la DG de l'Agence nationale de l'habitat. Autrement dit, faire l'objet de rénovations globales.
« Il faut mettre en relation les entreprises et les usagers de manière extrêmement performante, expliquer la situation, orienter vers les bons professionnels », a listé Valérie Mancret-Taylor, rappelant la généralisation des « Accompagnateurs rénov' » le 1er janvier 2023.
Reste à savoir dans quelles conditions. Le détail sera sans doute connu à la rentrée avant l'arrivée du budget 2024 en Conseil des ministres puis au Parlement fin septembre-début octobre.
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