Cession des magasins Casino : Intermarché et Auchan ont pris des « engagements » pour préserver l'emploi (Bruno Le Maire)

Le ministre de l'Économie a reçu les dirigeants d'Intermarché et d'Auchan, qui doivent racheter la plupart des magasins grand format de Casino. Selon Bruno Le Maire, ils ont « pris des engagements » concernant la préservation des emplois, source d'inquiétude chez les représentants des 50.000 salariés français du groupe en difficultés financières.
Les représentants des 50.000 salariés français de Casino craignent une forte casse sociale, à savoir 6.000 suppressions d'emplois, notamment dans les sièges et la logistique.
Les représentants des 50.000 salariés français de Casino craignent une forte casse sociale, à savoir 6.000 suppressions d'emplois, notamment dans les sièges et la logistique. (Crédits : STEPHANIE LECOCQ)

[Article publié le jeudi 21 décembre à 1h19, mis à jour à 12h32] Dans la bataille pour sauver leurs emplois, les salariés de Casino ont reçu le soutien du ministre de l'Économie. Pour rappel, le groupe stéphanois, en difficulté financière, prévoit de céder 313 de ses magasins au groupement des Mousquetaires/Intermarché ainsi qu'à Auchan. Soit « la quasi-totalité du périmètre des hyper et supermarchés ». Une annonce faite en début de semaine - car auparavant Casino entendait se séparer de 119 magasins - qui a déclenché une vague d'inquiétude chez les représentants des 50.000 salariés français, qui craignent notamment une forte casse sociale, à savoir 6.000 suppressions d'emplois, notamment dans les sièges et la logistique.

Lire aussiCasino : Auchan et Intermarché en « négociations exclusives » pour racheter « la quasi-totalité des magasins mis en vente »

« J'ai reçu hier les dirigeants d'Intermarché et d'Auchan. Je leur dis : "Écoutez-moi, je vous demande une seule chose : vous devez préserver l'emploi". Ils ont pris des engagements et je veillerai à ce que ces engagements soient tenus », a assuré Bruno Le Maire sur Europe 1 ce jeudi 21 décembre.

De son côté, la direction du groupe a indiqué mardi dernier à l'AFP que près de 12.300 emplois sont concernés par un changement d'enseigne.

Un ministre « au côté des salariés »

Le ministre de l'Économie, qui a « reçu les syndicats de Casino il y a une semaine », les recevra « à nouveau aujourd'hui (ndlr : ce jeudi) pour leur dire que la protection de l'emploi » constitue sa « priorité absolue », a-t-il également déclaré.

Bruno Le Maire a en effet rencontré le 13 décembre dernier les cinq organisations représentatives des salariés du groupe (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC). Il leur avait à cette occasion assuré être « au côté des salariés ».

« Je suis là pour défendre les intérêts des salariés et garantir le respect de l'ordre public et économique », avait-il insisté.

Lire aussiCasino : face au risque de destruction d'emplois, Bruno Le Maire affirme veiller au « maintien du siège à Saint-Etienne »

Si Intermarché et Auchan veulent maintenir les emplois en magasin, les syndicats alertent sur le fait qu' « un emploi Casino ne vaut pas un emploi Intermarché, où c'est le Far-West social », expliquait mardi Jean Pastor (CGT), un des porte-parole de l'intersyndicale. Ils craignent par ailleurs qu'Auchan « franchise ou mette en location-gérance l'ensemble des magasins qu'ils auront repris à Casino », a-t-il précisé. Interrogée sur ce point par l'AFP, la direction du distributeur appartenant à la galaxie Mulliez n'a pas fait de commentaire.

Les syndicats de Casino ont appelé les salariés à la mobilisation à l'approche des fêtes de Noël, temps fort de la consommation en France. Ce vendredi dans les entrepôts de la filiale Easydis et ce samedi dans les magasins Casino. Plus de 2.000 personnes, employés, sous-traitants, élus et habitants de la région avaient déjà battu le pavé pour défendre les emplois le week-end dernier.

Vote du plan de sauvegarde le 11 janvier

Reste que cette opération de cession est « subordonnée » à la restructuration financière en cours de Casino, comme l'a précisé le groupe en début de semaine, celle-ci devant être effective en mars/avril 2024. Justement, les choses avancent à ce sujet. Les administrateurs judiciaires ont convoqué actionnaires et créanciers « pour se prononcer » d'ici au 11 janvier « sur les projets de plan de sauvegarde accélérée qui leur seront soumis », a annoncé Casino dans un communiqué ce jeudi. Dans le détail, les créanciers notamment pourront voter « de manière électronique entre le 21 décembre 2023 et le 10 janvier 2024 », avec comptabilisation des votes le 11 janvier. Les actionnaires sont eux invités à voter « en présentiel » le 11 janvier, précise le groupe.

Casino s'est accordé en juillet avec des candidats à sa reprise, les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière adossés au fonds britannique Attestor, pour une augmentation de capital de 1,2 milliard d'euros au total, et pour une forte réduction de sa dette, devenue insoutenable. C'est sur ce projet - qui va diluer fortement les actionnaires actuels, à commencer par celui qui est encore PDG pour quelques mois, Jean-Charles Naouri, et consister en un manque à gagner de quelque 5 milliards d'euros pour tous les créanciers du groupe - que ces parties doivent se prononcer.

L'issue du vote ne fait toutefois normalement pas de doute, les grands créanciers ayant déjà donné leur accord à ce plan supervisé par les autorités françaises. Et le fait que le groupe soit entré fin octobre en période dite de sauvegarde accélérée permet d'embarquer les créanciers récalcitrants « de manière contrainte s'il le faut », selon plusieurs sources. Cette période de sauvegarde accélérée court en tout cas jusqu'au 25 février. Plusieurs étapes resteront à franchir, notamment l'obtention d'autorisations réglementaires dans le cadre du contrôle des fusions et des investissements étrangers, ainsi qu'une dérogation de l'Autorité des marchés financiers (AMF) à l'obligation de dépôt d'une offre publique (OPA) sur Casino.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 15/01/2024 à 9:19
Signaler
Apres 35 ans de bon et loyaux services,on nous jette comme des éponges. On voyait bien la situation s' aggraver mais nos hauts fonctionnaires (tina shuner en premier plan) a plongé le commerce des casinos en multipliant des erreurs et en nous faisant...

à écrit le 21/12/2023 à 17:55
Signaler
Qui peut croire en la sauvegarde des emplois sur des magasins en perte de chiffre d’affaires, il ne suffit pas de changer d’enseigne et de baisser les prix pour retrouver la clientèle perdue. Bon courage aux indépendants d’Intermarché ou aux locatair...

à écrit le 21/12/2023 à 13:04
Signaler
Plus besoin des syndicats puisque notre Grand Argentier s'engage à défendre les salariés. Mais s'il défend les salariés comme il défend les contribuables, à voir le déficit budgétaire et la dette, les salariés peuvent avoir de légitimes inquiétudes.

le 21/12/2023 à 15:22
Signaler
@henry. Il devait-être un arracheur de dent dans une autre vie 😉

à écrit le 21/12/2023 à 12:17
Signaler
Les départs ne seront pas remplacés , les emplois peuvent être maintenus mais les horaires changés ou des mutations d'un magasin à un autre ..... l'essentiel sera sauvé un temps .

le 21/12/2023 à 13:10
Signaler
@Idx. C'est ça, juste le temps de créer une illusion! PS: J'ai encore un post sous modération depuis hier en réponse à votre question au sujet de l"'accord pacte..." Et un autre portant sur l'hypocrisie de l'inflation et l'indexation des salaires.

à écrit le 21/12/2023 à 11:48
Signaler
Les engagements d'aujourd'hui ne seront pas forcément ceux de demain. Dans ce cas de figure, à moyen terme il.y a toujours de la casse sociale.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.