Train rapide à sustentation magnétique : ArcelorMittal se lance dans la course à l'Hyperloop en Inde

Le constructeur s'est félicité ce mercredi de lancer la « première infrastructure de test Hyperloop en Asie », plus précisément à Madras, en Inde, où va être installé un démonstrateur de ce moyen de transport futuriste pouvant aller jusqu'à 1.200 km/h. Un pari ambitieux tant ce concept dépoussiéré en 2012 par Elon Musk fascine sans qu'aucun projet lancé pour l'heure ne soit parvenu à un succès...
Un test d'Hyperloop près de Las Vegas dans le Nevada en 2021.
Un test d'Hyperloop près de Las Vegas dans le Nevada en 2021. (Crédits : Reuters)

Ce sera la « première infrastructure de test Hyperloop en Asie », s'est réjoui, ce mercredi, ArcelorMittal. Autrement dit : le constructeur va lancer à Madras en Inde son premier démonstrateur de train rapide à sustentation magnétique de type Hyperloop. Un terme qui désigne un moyen de transport futuriste consistant à faire circuler des capsules pressurisées, maintenues en l'air grâce à des aimants, dans un tube à basse pression, à une vitesse qui pourrait atteindre 1.200 km/h.

Un projet sur lequel travaillent de multiples start-up sans qu'aucune ligne ne soit toutefois opérationnelle à ce jour. De leur côté, ArcelorMittal et ArcelorMittal Nippon Steel Materials se sont associés avec l'Institut Indien de Technologie de Madras (IIT Madras) ainsi que des équipes d'étudiants et TuTR Hyperloop, une start-up incubée à ITT, pour développer ce démonstrateur qui devrait être opérationnel « d'ici la fin du premier trimestre 2024 » précise le communiqué d'ArcelorMittal, sans indiquer les montants des investissements. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'ArcelorMittal et l'Institut de technologie de Madras collaborent pour identifier ensemble des solutions de décarbonation de l'industrie.

« Cette collaboration rêvée entre le gouvernement, l'université et l'industrie a le potentiel de créer en Inde et pour le monde, une technologie de mobilité de masse efficace, durable et abordable financièrement », a souligné Aravind S. Bharadwaj, cofondateur de la startup TuTR Hyperllop, cité dans le communiqué.

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ArcelorMittal va fournir les matériaux, l'acier, ainsi que des équipes d'ingénierie, de conception et de gestion de projet pour soutenir la création de cette première ligne test, qui sera basée sur le campus de Thaiyur dans la banlieue de Madras (Chennai), avec le soutien du ministère des Transports ferroviaires. Un tube de 400 mètres est prévu pour lequel ArcelorMittal va fournir 400 tonnes d'acier, dans lequel des capsules seront testées jusqu'à 200 km/heure.

De nombreuses tentatives...

ArcelorMittal et ArcelorMittal Nippon Steel Materials aux côtés de l'Institut Indien de Technologie de Madras ne sont pas les seuls à parier sur l'Hyperloop, ce concept dépoussiéré en 2012 par le milliardaire Elon Musk, qui a, en effet, repris une ancienne idée. Mais ce dernier ne s'était pas lancé directement dans l'aventure, encourageant des startups à le faire.

Cependant, aucun projet ne s'est réellement concrétisé pour l'instant. Et pour cause : « L'hyperloop est passé par un cycle technologique très familier où il y a eu énormément d'excitation » autour de ce mode de transport, analyse Rick Geddes, expert des politiques d'infrastructures à la Cornell University. « Mais il s'est avéré que c'était plus difficile à déployer que ce que l'on pensait ».

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L'entreprise californienne, Hyperloop One, qui avait pourtant fait des essais dans le désert du Nevada à 387 km/h et, en novembre 2020, avait transporté des passagers pour la première fois, atteignant seulement 172 km/h, en a d'ailleurs fait les frais. Selon Bloomberg, l'entreprise financée un temps par Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, a mis la clé sous la porte. Pourtant très active, elle a disparu des radars; sa direction et son actionnaire principal n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

...sans succès pour l'instant

Autre exemple : celui de la canadienne TransPod qui planche également depuis plusieurs années sur une ligne de transport de passagers et de fret léger de 300 km entre Calgary et Edmonton, dans l'Ouest du Canada. Un projet évalué à près de 18 milliards de dollars américains que Sébastien Gendron, cofondateur et PDG de TransPod, espère voir ouvrir « avant 2035 ».

La société à d'ores et déjà réussi à lever 550 millions de dollars auprès du fonds britannique Broughton Capital Group pour développer un premier tronçon de 7 km visant à « certifier la technologie ». Mais malgré les levées de fonds, les accords de principe, les études de faisabilité ou le développement de prototypes, la situation semble stagner pour les différentes entreprises qui portent le projet, et les experts demeurent sceptiques.

D'autant que TransPod a fait l'objet de critiques pour son retard dans la construction d'un centre à Droux, dans le Centre de la France. Le permis de construire avait été approuvé en 2018 et les premiers « essais à grande vitesse » étaient initialement prévus pour 2020, indique la société sur son site. Or, à ce jour, les travaux ont à peine commencé, mais la compagnie espère pouvoir faire des annonces dès janvier.

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Hyperloop Transportation Technologies (HyperloopTT), une autre compagnie californienne s'intéressant au concept, accuse, elle aussi, beaucoup de retard. Celle qui devait créer une piste d'essai sur une ancienne base militaire près de Toulouse, dans le Sud-Ouest de la France, avec la bénédiction des autorités locales, en est repartie discrètement. Et ce alors qu'une première ligne commerciale devait ouvrir pour l'exposition universelle Dubaï 2020...

Le PDG de Transpod se veut toutefois optimiste. Tous n'ont pas jeté l'éponge et des pays montrent toujours des « signes d'intérêt » pour cette technologie, notamment au Moyen-Orient, assure-t-il. En 2023, sept entreprises se sont réunies en association afin de « faire progresser l'industrie émergente de l'hyperloop vers la commercialisation », ajoute-t-il, précisant que l'objectif étant de « standardiser » et « d'uniformiser » les demandes auprès de l'Union européenne. « J'ai toujours de l'espoir », mais « je pense que le développement de l'hyperloop se fera très lentement et à petits pas », estime de son côté Rick Geddes, expert des politiques d'infrastructures à la Cornell University. Et de conclure : « Il faudra des années avant d'avoir une route viable ».

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 03/01/2024 à 19:18
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Ce genre de projet sans aucun espoir de réussite technique ou économique doit être bien utile pour camoufler des magouilles financières... Il me semble que la région de Toulouse a déjà donné, mais fort heureusement, c'est déjà abandonné (mais dès l'i...

à écrit le 03/01/2024 à 18:51
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Cela sent l'hyperloupé....J'ai osé le faire

à écrit le 03/01/2024 à 18:23
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L'humanité n'y est pour rien.

à écrit le 03/01/2024 à 17:49
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Difficile d'avoir de l'espoir pour l'avenir de l'humanité quand on voit des milliards continuer à être investis dans des projets aussi invalides techniquement, et ce même plusieurs années après la démonstration dans le monde réel. Le coût au km est s...

le 04/01/2024 à 14:05
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Sans parler des risques. Une bombinette sous le tube, en plein désert...

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