"Donner confiance aux épargnants" Sylvie Goulard, Banque de France

[24 Tribunes pour la COP24 | 15/24 ] L'urgence ne fait pas de doute. Le changement climatique pourrait être plus rapide que prévu, rappelle le groupe d'experts intergouvernemental compétent. Même si la responsabilité première revient aux autorités politiques élues, cette accélération invite à une mobilisation générale, secteur financier inclus. Les banques centrales peuvent apporter plusieurs contributions. Par Sylvie Goulard, Sous-gouverneure de la Banque de France
(Crédits : Reuters)

Comme superviseurs du secteur chargés de la stabilité de la finance, elles doivent affiner leur approche des risques, qu'ils soient physiques ou liés à la transition vers un autre modèle économique. Inondations et incendies multiplient les sinistres couverts par les compagnies d'assurances ; l'élévation du niveau des mers rend inhabitables certains territoires, avec des risques pour les humains mais aussi pour les banques qui les financent. Des secteurs entiers de l'économie, liés par exemple à la production d'hydrocarbures, aux transports polluants ou à l'agriculture intensive doivent se reconvertir, d'où le besoin de réorienter les banques, gestionnaires d'actifs et autres fonds vers des activités « vertes ».

Cette exigence suppose toutefois de se mettre d'accord sur des définitions précises, transfrontières, donnant confiance aux épargnants. Dans ce but, la Banque de France a pris l'initiative, en 2017, de créer un réseau mondial de banques centrales et de superviseurs (le Network for Greening the Financial System, NGFS) qui compte déjà 21 membres (dont par exemple les banques centrales chinoise, mexicaine, allemande et marocaine) et cinq observateurs, dont la Commission européenne. Son but est de rapprocher l'analyse des risques et la définition de critères communs, et d'encourager les échanges sur les moyens de financer la transition énergétique. Un important travail conceptuel est en cours. Cette enceinte offre l'occasion de valoriser certaines initiatives françaises comme par exemple l'article 173 de la loi de transition énergétique imposant aux investisseurs institutionnels des obligations de transparence sur le « verdissement ».

La Banque de France a aussi décidé d'accorder une bourse à un jeune chercheur travaillant sur la finance verte. Une Charte de l'investissement responsable a également été adoptée pour ses propres placements, notamment pour sa caisse de retraite (à hauteur de 20 milliards environ). En matière de politique monétaire, l'Eurosystème (Banque centrale européenne et les 19 banques centrales nationales) agit dans le cadre d'un mandat fixé à Maastricht en 1992. Une réflexion s'amorce, et doit tenir compte à la fois du potentiel que représentent les achats d'actifs de la BCE, mais aussi des contraintes juridiques ou celles liées à la spécificité de la politique monétaire (neutralité entre les États membres, liquidité, qualité des actifs et des collatéraux).

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La Tribune a demandé à 12 chefs d'entreprise et 
12 experts de formuler une solution pour sauver la planète.

Isabelle Kocher - Engie | Alexandre de Juniac - IATA | 
Jean-Pascal Tricoire - Schneider Electric | Antoine Frérot - Veolia | 
Jean-Laurent Bonnafé - BNP Paribas | Guillaume Poitrinal - Woodeum |
Thomas Buberl - Axa | Alain Dinin - Nexity | 
Laurence Tubiana - Fondation européenne pour le climat | 
Frédéric Rodriguez - Greenflex | Laurent Solly - Facebook | 
Arnaud Leroy - l'Ademe | Jean-Yves Le Gall - Cnes | 
Cécile Maisonneuve - Fabrique de la Cité | Sylvie Goulard - Banque de France |
Chantal Jouanno - CNDP | Karima Delli - Députée européenne | 
Alain Grandjean - Carbone 4 | François-Michel Lambert - Député | 
Frédéric Mazzella - Blablacar | Eric Scotto Akuo - Energy 
Dominique Bourg - Philosophe | Cyril Dion - Réalisateur 
Patrick Criqui - CNRS.

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Commentaires 4
à écrit le 09/12/2018 à 17:58
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Il y a une solution si les Banques et Assurances veulent zéro «  risque » pour l’avenir. Suppression de toutes les assurances comme ça les populations pourront garder leur argent. Ça n’existe pas une vie sans risque c’est même le «  sens » de la vi...

à écrit le 09/12/2018 à 8:37
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Il faut appliquer la note n°6 du CAE. Point final.

à écrit le 08/12/2018 à 20:11
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C'est un agent de l'étranger La goulard, payée par une ONG US

à écrit le 08/12/2018 à 18:21
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On parle bien de la femme qui recevait 10 000 euros par mois des "thinktanks" américains ? Et elle est à la banque de France ? Ca promet. Mais tout va bien, touuuuut va bien.

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