Les experts du Giec nous disent aussi que les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de façon drastique : d'environ 45 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010.
Mais selon l'ONU Environnement, les engagements actuels des parties à l'accord de Paris ne représentent qu'un tiers des réductions nécessaires pour éviter de dépasser 2 °C, et seulement un cinquième de celles nécessaires pour rester en dessous de 1,5 °C. Il est donc essentiel et urgent de relever notre ambition pour combler cet écart.
Pour cela, je soutiens qu'aujourd'hui, et en plein maelström social, il est urgent de voir loin. C'est dans cet esprit que l'accord de Paris (art. 4.19) invite toutes les parties à « formuler et communiquer des stratégies à long terme de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre ».
Préparées à l'horizon 2050, ces stratégies ont pour but d'indiquer comment chaque pays se propose, en pratique, de contribuer à l'atteinte des objectifs de l'accord.
Elles permettent de traduire ces objectifs en une vision d'ensemble pour une société bas carbone, dans laquelle chaque acteur peut se projeter. Leur élaboration permet de réfléchir en profondeur aux transformations nécessaires, en termes d'infrastructures, de technologies et d'institutions, pour soutenir une décarbonation totale de l'économie. Mais elles sont aussi nécessaires pour juger du bien-fondé des décisions à prendre à court terme et en débattre.
Ces stratégies jouent un rôle important pour guider et accompagner les différents acteurs (citoyens, entreprises, investisseurs) dans leur transition. Elles doivent signaler clairement que le changement vers une société bas carbone est en cours et irréversible.
Cependant, la conception de cette vision doit impliquer tous les acteurs de la société afin de comprendre comment la transition peut être effectuée en pratique, les risques qu'elle présente et les opportunités qu'elle pourrait engendrer dans les différents secteurs. Sans consensus ni appropriation de cette imagination du futur, cette transition ne peut se produire de façon juste. C'est pourquoi la méthode compte ! Une large consultation et une mobilisation sont nécessaires pour que les différents acteurs réfléchissent ensemble et façonnent ce qui peut être le ou les chemins à emprunter. Car il n'y a en effet pas de recette unique, et le débat est essentiel pour que les anticipations sur le futur des uns et des autres puissent converger : c'est la condition de mise en œuvre de l'accord de Paris.
De nombreux pays ont déjà communiqué leur stratégie, comme la France, le Portugal ou encore la République des îles Marshall, qui visent la neutralité carbone en 2050.
L'Union européenne a elle aussi présenté avant la COP24 une série de scénarios bas carbone pour 2050, dont certains tracent un chemin vers la neutralité carbone d'ici à 2050. Il est crucial que l'Europe se concentre sur la mise en œuvre de ces scénarios « net zéro » afin de prendre dès maintenant les décisions qui nous mettront sur la bonne voie pour atteindre les objectifs à long terme de l'accord de Paris. Le long terme peut paraître lointain, mais c'est maintenant qu'il faut le penser.
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La Tribune a demandé à 12 chefs d'entreprise et
12 experts de formuler une solution pour sauver la planète.
Isabelle Kocher - Engie | Alexandre de Juniac - IATA |
Jean-Pascal Tricoire - Schneider Electric | Antoine Frérot - Veolia |
Jean-Laurent Bonnafé - BNP Paribas | Guillaume Poitrinal - Woodeum |
Thomas Buberl - Axa | Alain Dinin - Nexity |
Laurence Tubiana - Fondation européenne pour le climat |
Frédéric Rodriguez - Greenflex | Laurent Solly - Facebook |
Arnaud Leroy - l'Ademe | Jean-Yves Le Gall - Cnes |
Cécile Maisonneuve - Fabrique de la Cité | Sylvie Goulard - Banque de France |
Chantal Jouanno - CNDP | Karima Delli - Députée européenne |
Alain Grandjean - Carbone 4 | François-Michel Lambert - Député |
Frédéric Mazzella - Blablacar | Eric Scotto Akuo - Energy |
Dominique Bourg - Philosophe | Cyril Dion - Réalisateur |
Patrick Criqui - CNRS.
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