SCAF : un vote du Bundestag en trompe l’œil ?

Le Parlement allemand a validé un premier contrat de R&T dans le cadre du programme du Système de combat aérien du futur (SCAF). Un programme crucial pour la souveraineté des deux pays qui reste soumis aux conditions des parlementaires allemands.
Les parlementaires allemands dictent leurs conditions à l'avancement du programme SCAF.
Les parlementaires allemands dictent leurs conditions à l'avancement du programme SCAF. (Crédits : Dassault Aviation / Eridia Studio / V. Almansa)

Le Bundestag a approuvé mercredi le premier contrat de Recherche et Technologie du programme SCAF (Système de combat aérien du futur) d'une durée de 18 mois (phase 1A), une étape cruciale pour le lancement du successeur du Rafale et de l'Eurofighter. Un contrat qui s'élève à 155 millions d'euros au total et financé à parité par la France et l'Allemagne. Mais la façon dont s'est déroulé le vote laisse un goût amer. "Nous allons le faire car nous ne voulons pas détériorer les relations franco-allemandes, et ce juste avant la venue du président français Emmanuel Macron ce week-end en Allemagne pour la Conférence sur la sécurité de Munich", a expliqué à l'AFP avant le vote le rapporteur du projet à la commission du Budget, Rainer Brandl.

De bien mauvaises raisons pour approuver un contrat aussi important même si en France on se satisfait quand même du vote. La citation "A chaque jour suffit sa peine" colle à merveille à la coopération franco-allemande sur le SCAF. Cela confirme que la France doit se préparer à une véritable course de haies face aux oukases réguliers des parlementaires allemands influencés par les industriels allemands, MTU ainsi que le groupement industriel composé d'Hensoldt, Rohde & Schwarz, ESG et Dielh.

"Le parlement allemand vient de valider une étape cruciale pour le système de combat aérien du futur qui équipera les armées espagnole, allemande et française. Les voyants sont au vert pour développer un prototype d'avion de combat, qui volera en 2026", s'est réjoui dans un Tweet la ministre des Armées, Florence Parly.

Des technologies clés revendiquées par les Allemands?

En outre, les parlementaires allemands, qui depuis le début craignent que les industriels français soient trop dominateurs dans le projet, ont posé des conditions. Ils veulent en particulier qu'un autre projet militaire franco-allemand d'envergure, le programme de char MGCS (Main Ground Combat System), dont les Allemands sont chefs de file, progresse au même rythme que celui de l'avion du futur. Les deux projets doivent avancer "en parallèle", indique une résolution également votée mercredi sur le sujet. Sauf que c'est du côté allemand que cela bloque en raison des revendications démesurées d'un industriel allemand Rheinmetall...

Sur le SCAF, le programme est pourtant parfaitement équilibré industriellement au sein des cinq piliers. L'avion de combat (NGF, Next Generation Fighter) est sous maîtrise d'oeuvre de Dassault Aviation, le moteur sous celle de Safran tandis que le combat collaboratif connecté et les drones sont sous maîtrise d'oeuvre d'Airbus. Enfin, la coordination du programme est partagé entre Dassault Aviation et Airbus. Pourtant les députés ont demandé des garanties pour que les intérêts des entreprises allemandes du secteur technologique soient mieux pris en compte dans le développement du projet. Ainsi, l'une des recommandations du Bundestag pourrait concerner la revendication par les Allemands des technologies clés du SCAF... C'est bien pour cela que le vote du Bundestag est en trompe l'œil.

Et l'Espagne ?

La prochaine étape majeure du programme sera l'intégration de l'Espagne ainsi que l'implication de fournisseurs supplémentaires à partir de la Phase 1B, qui sera lancée à l'issue du succès de la Phase 1A. Car ce premier contrat de R&T doit logiquement amener les industriels vers un deuxième contrat plus ambitieux, qui reste encore à définir par la France et l'Allemagne. Il doit être signé entre mi-21 et mi-22.

Pour l'intégration de l'Espagne dans le SCAF, les industriels discutent déjà entre eux même si la guerre entre Airbus et Indra, le champion espagnol choisi par Madrid pour coordonner les industriels locaux au détriment du constructeur européen, n'est pas encore terminée. "Airbus n'a toujours pas accepté ce point", assure-t-on à La Tribune. Les industriels français et allemands devront faire de la place à Indra, qui ne sera pas a priori présent dans les cinq piliers, mais aussi au motoriste ITP et le groupe d'ingénierie et de technologie Sener, notamment.

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Commentaires 17
à écrit le 15/02/2020 à 11:33
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Comme l’industrie française a vu son importance réduite de moitié, l’industrie aéronautique allemande agit pour éliminer cette concurrente qu’est l’aéronautique militaire française. Dassault a bien compris la faiblesse de l’état français face à l’Al...

à écrit le 14/02/2020 à 11:33
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Je pense que ce programme va reprendre les dérives du précédent avion européen le eurofighter Typhoon. La France avait décidé de se retirer du programme un ans après le début du programme pour développer le Rafale plus adapté a ses besoins. Les all...

le 14/02/2020 à 14:50
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Ce n'était pas qu'une question de besoin,il suffisait aussi de voir que les industriels français n'avaient qu'une faible part voir rien du tout si ont étaient rester dans le programme Eurofighter,c'est hallucinant quand on voit les capacités industri...

à écrit le 14/02/2020 à 8:58
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avec les anglais no problème mais avec l'Allemagne la France se fait rouler dans la farine et cet avion ne pourra jamais être vendu ou ressortir normandie niemen

à écrit le 14/02/2020 à 1:45
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Les Allemands vont Exiger Terriblement aux FR, qui CEDERONT. Ils veulent se faire offrir, l'avance FR en ce domaine. Les FR abusés, déclareront comme à chaque fois : " avancée prometteuse et historique " Hollande et Macron ont toujours TOUT ! ...

à écrit le 14/02/2020 à 0:38
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On croit rêver : comment peut on faire pire que nos politiques français ? Mais pourquoi tout donner aux autres au nom de l'Europe ?

à écrit le 13/02/2020 à 16:05
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Il faut chercher une cooperation (avec le UK et l'Inde?) pour abandonner ce projet(de toute façon les pays membres achereront très peu d'avions).

à écrit le 13/02/2020 à 14:31
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Osons au moins dire la vérité : les allemands n'acceptent de "coopérer" qu'à la conditions qu'ils aient le contrôle total . Et en l'occurrence , Dassault et Safran feraient bien de surveiller leurs arrières , c'est à dire leur savoir-faire . Que les ...

à écrit le 13/02/2020 à 12:19
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C' est une mauvaise nouvelle , La France aurait du gérer seule ce projet trop sérieux pour traîner un canard boiteux et vu le contexte géopolitique actuel il se vendra bien à l'international .

le 14/02/2020 à 3:54
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Les caisses sont vides. Les montants de developpement sont ridicules.

à écrit le 13/02/2020 à 11:17
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Faudra que les allemands tirent les conclusions de ce vote, on ne peut pas négocier éternellement avec des industriels qui disent une chose puis font du lobby, un gouvernement, puis des parlementaires qui en rajoutent dans tous les sens. Ces budgets ...

à écrit le 13/02/2020 à 9:37
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Franchement, on se plaint de nos politiques mais de l'autre côté du Rhin c'est pas beaucoup mieux! Sous couvert de protection des intérêts allemand, on prend soin de son petit réseau dans son petit lander...ils font moins d'histoire quand il s'agit d...

à écrit le 13/02/2020 à 8:48
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Une fois de plus pour préserver cette UE, la France va se coucher devant l'Allemagne. Ce vote des parlementaires allemands n'est qu'un trompe l’œil avant un retournement de régime où tout peut-être remis en cause dans la progression du projet.De plus...

à écrit le 13/02/2020 à 8:17
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Germany First ! (comme souvent) Un avion allemand payé par la France, ça serait un groß Succès. Voter du bout des lèvres ça ne fait pas passionné (surtout vu les obstacles qui suivront, ça n'engage pas trop).

le 15/02/2020 à 20:47
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Ont dit Deutchland uber alles La bas

à écrit le 13/02/2020 à 7:49
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la France est encore aux bottes de l'allemagne quand vas t'on taper du poing sur la table

le 14/02/2020 à 3:56
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La France ce pays en voie de garage.

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