Que ce soit pour les avions commerciaux, avec des chaînes d'assemblage final (FAL) en Chine et aux Etats-Unis pour la famille A320, ou avec les hélicoptères, avec une chaîne de H135 en Chine, le groupe Airbus a déjà montré sa capacité par le passé à délocaliser une partie de sa production pour s'implanter sur des marchés. C'est désormais le cas également en Inde avec la création d'une nouvelle FAL en Inde pour Airbus Helicopters, en association avec le groupe Tata. L'annonce a été faite ce vendredi à l'occasion de la visite de deux jours d'Emmanuel Macron dans le pays.
Cette future chaîne assemblera des H125, ce monomoteur étant décrit comme « le plus vendu de la gamme civile d'Airbus ». L'objectif est de pouvoir toucher le marché indien qui, entre la taille du pays et la faiblesse des infrastructures terrestres, est un marché porteur pour l'aérien. Capable de missions d'évacuation sanitaire, de maintien de l'ordre, de transport de passagers ou de travail aérien, il doit permettre « la connectivité sur le dernier kilomètre dans les zones reculées », selon un communiqué d'Airbus. Il contribuera ainsi au programme gouvernemental de connectivité régionale Ude Desh ka Aam Naagrik (UDAN), qui a pour objectif de développer le tourisme dans le pays. Les appareils assemblés sur place pourront également être exportés dans les pays voisins.
En partenariat avec Tata
Airbus Helicopters ne sera pas seul dans ce projet. L'hélicoptériste sera associé avec Tata Advanced Systems, filiale du géant industriel indien Tata. Ensemble, ils doivent donner naissance à la première FAL d'hélicoptères mise en place par des acteurs privés en Inde, ce qui était jusqu'ici l'apanage d'industriels d'Etat comme Hindustan Aeronautics (HAL).
L'emplacement de cette future usine d'hélicoptères doit encore être déterminé par les deux partenaires. Mais les choses devraient aller vite car elle doit être opérationnelle d'ici 24 mois, en vue de premières livraisons courant 2026. Selon le communiqué d'Airbus, elle sera chargée « de l'intégration des principaux composants, de l'avionique et des systèmes de mission, de l'installation des harnais électriques, des circuits hydrauliques, des commandes de vol, des composants dynamiques, du système de carburant et du moteur. » Les essais et les livraisons seront également réalisés au sein de cette future entité.
« Cette ligne d'assemblage final d'hélicoptères, que nous construirons avec notre partenaire de confiance Tata, réaffirme l'engagement d'Airbus à développer l'ensemble de l'écosystème aérospatial en Inde », a déclaré Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus.
Les deux entreprises ont déjà des relations avancées, en travaillant actuellement sur la mise en place d'une FAL pour l'avion de transport militaire C295 à Vadodara, dans l'État du Gujarat à l'Ouest du pays.
L'incontournable « Make in India »
Ce développement local s'inscrit dans la politique du « Make in India », devenue incontournable dans les projets industriels depuis une dizaine d'années, et du programme de relance post-Covid AatmaNirbhar Bharat lancé en 2020. Ils ont pour objectifs de rendre le pays autonome et autosuffisant dans plusieurs domaines stratégiques, notamment en localisant une partie des productions étrangères, notamment occidentales, sur le sol indien avec des transferts de technologies et de compétences à la clef.
Cette politique est notamment appliquée dans le cas des contrats militaires, à l'image de la vente de Rafale par Dassault Aviation à l'Inde. En partenariat avec l'industriel indien Reliance Group, il produit notamment des pièces d'avion d'affaires Falcon sur place.
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