Armées : le budget adopté en commission à l'Assemblée, ce qu'il faut retenir

La loi de programmation militaire (LPM) a été approuvée par les députés en commission, vendredi. Le principe d'un budget des armées porté à 413,3 milliards d'euros sur sept ans (2024-2030) a ainsi été validé. Le texte doit désormais être débattu dans l'hémicycle du palais Bourbon durant deux semaines.
(Crédits : Armée de Terre)

[Article publié le samedi 13 mai 2023 à 09h43 et mis à jour à 10h53] Première étape validée pour la loi de programmation militaire (LPM). Le principe d'un budget des armées porté à 413,3 milliards d'euros sur sept ans (2024-2030) a été validé en commission vendredi 12 mai. Désormais, le texte doit rejoindre l'hémicycle du palais Bourbon, où il sera débattu durant deux semaines à partir du 22 mai.

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La LPM maintient notamment les programmes liés à la dissuasion nucléaire ou le calendrier du porte-avions de prochaine génération à horizon 2038. En outre, elle consacre des investissements sur la cybersécurité, le spatial ou le renseignement. Malgré des moyens en hausse, les armées ne devraient toutefois pas échapper à certains reports de livraisons de matériel (blindés, Scorpion, Griffon, Rafale).

Un investissement « historique »

Une partie importante du budget septennal servira à couvrir l'inflation. Son effet est estimé à 30 milliards, selon le ministère. Dans les faits, le budget des armées serait abondé par marches successives. Dans un premier temps, 3,1 milliards d'euros seront ajoutés au budget des armées en 2024, puis 3 milliards d'euros par an de 2025 à 2027, et enfin 4,3 milliards par an à partir de 2028. Au grand dam des oppositions qui demandent que les efforts les plus importants arrivent avant la fin du quinquennat du président Emmanuel Macron.

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En commission, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a défendu un investissement « historique » et une volonté de faire de ces « marches » des « planchers ». En revanche, il a précisé que la barre des 2% de PIB pour la défense, engagement des membres de l'Otan, ne serait plus forcément atteinte dès « 2025 », mais « avant la fin du quinquennat ».

« Ce qui compte, c'est l'effort militaire réel »

« En fonction des variations dont je ne saurais être maître, ces 2% pourraient être atteints entre 2025 et 2027 », a ainsi déclaré le ministre mercredi dernier, invoquant le programme de stabilité, présenté fin avril par le gouvernement. Ce programme table notamment sur un retour dans les clous budgétaires européens en 2027.

« Ces 2% peuvent être atteints en 2025. (Mais) les dernières projections sont beaucoup plus pessimistes, et peuvent laisser penser à un décalage en 2026 ou 2027 », a-t-il détaillé, en insistant sur le fait que l'objectif serait atteint « avant la fin du quinquennat ».

« Est-ce que ça a un impact sur l'effort militaire ? Non », a-t-il assuré : « Ce qui compte, c'est l'effort militaire réel. » Sébastien Lecornu a notamment fait valoir que la part du budget des Armées avait déjà atteint la barre des 2% de PIB en 2020 à « cause d'un tassement du PIB » dû à la crise sanitaire, et ce, alors qu'« on avait un modèle d'armée qui allait moins bien ».

Pour rappel, cet objectif de dépenses à 2% du PIB est un critère fixé par l'OTAN et ses membres, et auquel Washington est particulièrement attaché. « Il a une dimension technique, d'aucuns diraient technocratique (...). Il a une réalité, c'est qu'il est là pour faire un effort suffisant pour son appareil de défense », a estimé le ministre. Mais il a aussi défendu les spécificités de l'armée française : « 2% du PIB avec dissuasion nucléaire (...) avec des territoires d'outre-mer (...), c'est pas tout à fait la même chose », a-t-il martelé. « Allez au bout de la logique, supprimez purement et simplement ce chiffre artificiel », l'a invité le député LFI Aurélien Saintoul. « Il vaut mieux faire un amendement pour sortir de l'Otan », a ironisé, en réponse, le ministre.

Des débats agités dans l'hémicycle ?

Vendredi, la plupart des députés d'opposition, eux, se sont abstenus lors du vote en commission, notamment à gauche et au Rassemblement national (RN). Pour les débats dans l'hémicycle, l'exécutif devrait lorgner du côté du groupe Les Républicains (LR). En commission Jean-Louis Thiériot (LR) a estimé que la droite ne pouvait pas, sous réserve de l'évolution du texte, « s'opposer à une augmentation de 30% des budgets ». Il a toutefois nuancé son propos, assurant qu'il s'exprimait « à titre personnel ».

Et pour cause, son président Olivier Marleix a estimé dans Le Figaro que les 413 milliards ne permettent que « de maintenir le niveau de notre armée après des décennies de disette ». En outre, il déplore que 13,3 milliards doivent découler de ressources extra-budgétaires, ce qui rend selon lui ces crédits incertains. Toutefois, les LR ont décroché en commission un amendement visant à mieux les sécuriser.

Avec la gauche, des désaccords promettent de ressortir dans l'hémicycle, notamment sur la place de la dissuasion nucléaire, les ventes d'armes et la condition des militaires. « Notre signature sera chère », promet un cadre socialiste.

L'Allemagne annonce des livraisons d'armes à l'Ukraine pour 2,7 milliards d'euros

Le gouvernement allemand a annoncé samedi 13 mai préparer un nouveau plan d'aide militaire à l'Ukraine de 2,7 milliards d'euros. Il inclut la livraison de nombreux chars, blindés et système de défense anti-aérienne. « Nous souhaitons tous la fin rapide de cette guerre atroce de la Russie contre le peuple ukrainien, mais malheureusement elle n'est pas en vue. C'est pourquoi l'Allemagne apportera toute l'aide qu'elle pourra, aussi longtemps que nécessaire », a indiqué dans un communiqué le ministre de la Défense Boris Pistorius.

Les livraisons en préparation incluent notamment 30 chars Leopard-1 A5 supplémentaires, 20 nouveaux véhicules blindés de type Marder et plus d'une centaine d'autres véhicules blindés de plus petite taille, 200 drones de surveillance, 4 nouveaux systèmes de défense antiaériens Iris-T et leurs plateformes de lancement, de nombreux missiles pour la défense anti-aérienne, 18 canons de type Howitzer et des munitions.

Il s'agit, selon l'hebdomadaire Der Spiegel, du paquet de livraisons d'armes le plus important de Berlin à destination de l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Cette annonce intervient à la veille d'une possible visite en Allemagne du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

L'an dernier, le gouvernement avait dégagé déjà 2 milliards d'euros pour le soutien militaire à Kiev. Pour cette année, jusqu'ici, une enveloppe de 2,2 milliards était prévue, sans que son contenu soit encore arrêté. Berlin a en particulier déjà promis 14 Leopard-2 A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr, plus performants que les Leopard-1 dont il est question dans le nouveau plan d'aide.  Elle a commencé la formation des soldats ukrainiens à ces chars.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 16/05/2023 à 7:17
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Bonjours, La bonne question est de savoir comment l'argent du budget est dépenser . Quel sont effectivement les arbitrage et les répartitions ... Bien , sur , nos armées doivent avant toute chose réglé leurs problèmes d'effectifs, de fidèlisatio...

à écrit le 14/05/2023 à 9:30
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Bonjour, Un budget s en haut . De l'argents a dépenser s'est mieux .. mais le problème ne vient pas de la ... Problème récurrent des effectifs. Faiblesse du recrutement. Incapacité de fidèlisation... Bien sur , ils ne faut pas le dire... La mé...

à écrit le 13/05/2023 à 11:14
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C'est un budget conséquent, promesses tenues. L'Allemagne monte en puissance, 100 milliards annuels, mais elle revient de loin, l'armée en sommeil. A ce rythme elle deviendra la deuxième en Europe. La France dispose de sa dissuasion nucléaire qui...

le 14/05/2023 à 9:34
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Bonjours, La paix n'as jamais exister... La guerre est dans la nature de l'homme . Et lorsque les ressources manquent, ils y a des tensions économique... cela se termine toujours les armees a la main...

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