Lutte contre les noyades : les pompiers de Paris s'enflamment pour le drone autonome d'Azur Drones

Le drone autonome Skeyetech pourrait faire son entrée sur le plan opérationnel au sein de la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris (BSPP). Une expérimentation en partenariat avec Azur Drones a été jugée concluante. Un feu vert de la Préfecture de Paris est attendu .
Michel Cabirol
Le drone Skeyetech « est le premier à se porter sur les lieux et fournit aux secouristes, à l'aide de ses caméras de jour et de nuit, un retour vidéo intelligent, via une détection automatique de victimes », explique à La Tribune le directeur général adjoint d'Azur Drones, Hugues D'Alès.
Le drone Skeyetech « est le premier à se porter sur les lieux et fournit aux secouristes, à l'aide de ses caméras de jour et de nuit, un retour vidéo intelligent, via une détection automatique de victimes », explique à La Tribune le directeur général adjoint d'Azur Drones, Hugues D'Alès. (Crédits : Azur Drones)

Un drone autonome volant à 40 mètres au-dessus de la Seine pour tenter de sauver des personnes tombées dans la Seine en larguant une bouée le plus vite possible. C'était le pari fou que s'était lancée à l'été 2021 la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), et plus particulièrement le Bureau études et prospective de la BSPP. Un pari qui était loin d'être gagné en raison des sésames de survol de la capitale extrêmement difficiles à obtenir de la Préfecture de Paris pour des raisons de sécurité au-dessus d'une zone densément peuplée. Surtout pour un drone autonome (c'est-à-dire non téléopéré et hors vue). Ce pari est finalement en passe d'être gagné par la BSPP à quelques mois de plusieurs événements d'envergure mondiale organisés à Paris, dont la Coupe du monde de rugby (septembre 2023) puis les Jeux Olympiques (juillet-août 2024).

300 opérations de secours par an sur la Seine

C'est désormais aux autorités réglementaires d'accorder un feu vert à un déploiement opérationnel du drone Skeyetech, développé par Azur Drones et dopé à l'intelligence artificielle (IA), en vue de sécuriser par la BSPP les 11 kilomètres de berges de la Seine bordant Paris. Doté d'une autonomie de 30 minutes et volant à plus de 50 km à l'heure, ce drone a passé avec succès la phase d'expérimentation de trois semaines, supervisée par la préfecture de Paris et la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC), chargée de réglementer et de superviser la sécurité aérienne. Haropa (port de paris), les voies navigables de France et l'hôpital Lariboisière, équipé d'un héliport, ont par ailleurs donné leur feu vert à cette expérimentation.

« Il est le premier à se porter sur les lieux et fournit aux secouristes, à l'aide de ses caméras de jour et de nuit, un retour vidéo intelligent, via une détection automatique de victimes », explique à La Tribune le directeur général adjoint d'Azur Drones, Hugues D'Alès. La Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris réalise environ 300 opérations de secours par an sur la Seine auprès de personnes en difficulté. « Ce dispositif comble un vrai besoin de la BSPP dans le cadre de secours à des personnes tombées dans la Seine », juge-t-il. Et d'assurer que « la technologie est prête ». La BSPP pourrait devenir la première unité de secours du monde à déployer opérationnellement une solution autonome en zone urbaine.

Augmenter les chances de survie

Tout a commencé en juillet 2021 quand le commandant Mathieu Giroir, en charge des relations industrielles, de la gestion de projet et des essais dans les domaines de la robotique, des drones, des communications et de la protection des sapeurs-pompiers au Bureau études et prospective de la BSPP, a contacté Azur Drones, leader européen du drone sans pilote, pour participer à un appel d'offres pour une phase d'expérimentation d'un drone autonome permettant de sauver des personnes en difficulté dans la Seine. Objectif : augmenter les chances de survie en attendant l'arrivée des secours. Azur Drones se lance dans le développement d'un algorithme pour détecter les personnes en difficulté dans l'eau, puis larguer du drone une bouée à proximité. Avec l'aide du droniste de Mérignac, qui a remporté l'appel d'offres, la BSPP réfléchit aujourd'hui à l'intégration opérationnelle de ce nouveau système.

« Le système Skeyetech permet de gagner un temps considérable sur la durée moyenne de nos interventions grâce à ses automatismes et ses capteurs. Nul besoin de télépilote : les équipes sur le terrain se concentrent sur la partie la plus importante de l'opération, à savoir les secours et l'assistance aux victimes. Avant que les sauveteurs n'arrivent au contact de la victime, nos équipes disposent ainsi d'un état de la situation en temps réel : nombre et état des victimes, contexte et déroulement de la mission... Grâce à Skeyetech, nous pourrons très certainement gagner en efficacité et en délai d'intervention », estime le commandant Mathieu Giroir, initiateur et coordinateur du projet.

Selon Hugues D'Alès, la BSPP a besoin de trois ou quatre systèmes (soit un drone et une station par système) pour sécuriser efficacement les bords de Seine à Paris. Mais au-delà de Paris, Azur Drones s'est ouvert un nouveau marché, le sauvetage des personnes en difficulté dans l'eau. Et quand on se rappelle quelques notions de géographie : la France a environ 18.000 kilomètres de côtes (outre-mer compris), dont 1.900 km de côtes sableuses, et 975 communes littorales... Sans compter les villes bâties au bord de fleuves et rivières. Décidément Azur Drones est sur une trajectoire ascendante.

Michel Cabirol

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