Casino : le plan de sauvegarde retoqué par le CSE, sans bloquer la procédure

Si cet avis du CSE de Casino sur le plan de sauvegarde n'est que consultatif, il exprime l'inquiétude latente chez les salariés du groupe. Les syndicats du distributeur craignent notamment des pertes de postes dans les sièges et les centres de logistique.
Avec cet avis défavorable, la porte-parole de l'intersyndicale de Casino dit vouloir « mettre la pression sur la direction et le consortium » de reprise de l'enseigne.
Avec cet avis défavorable, la porte-parole de l'intersyndicale de Casino dit vouloir « mettre la pression sur la direction et le consortium » de reprise de l'enseigne. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Une prise de position sans conséquence, mais qui a le mérite de porter de manière claire la voix des salariés du groupe Casino. Le comité social et économique central de Casino France a émis mercredi un « avis défavorable » au plan de sauvegarde accéléré du groupe de distribution en difficultés financières. En revanche, il n'a pas l'intention d'engager de recours contre ce plan, a appris l'AFP de source syndicale.

Le comité social et économique central (CSEC) de Distribution Casino France (DCF), l'entité dans laquelle est logée l'activité commerciale de Casino en France, s'est réuni mercredi après-midi, au siège du groupe à Saint-Etienne. L'instance de représentation des salariés a rendu cet avis consultatif « à l'unanimité des 25 membres titulaires du CSEC de DCF », a déclaré à l'AFP Nathalie Devienne, porte-parole de l'intersyndicale de Casino (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC). La direction de Casino a confirmé auprès de l'AFP la notification de cet avis défavorable, rappelant qu'il n'était que consultatif.

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« Ignorance du volet social »

La représentante du syndicat FO au sein du CSE a indiqué que ce vote en faveur d'un avis défavorable exprimait « l'absence d'information loyale et l'opacité qui a entouré l'élaboration de ce plan de sauvegarde (...) qui pêche notamment par l'ignorance du volet social ».

« On n'engagera pas de recours contre ce plan, car notre objectif n'est pas que l'entreprise soit placée en liquidation judiciaire », a par ailleurs indiqué la porte-parole de l'intersyndicale. Celui-ci dit vouloir désormais « mettre la pression sur la direction et le consortium » de reprise de l'enseigne, à la veille d'une nouvelle réunion entre les syndicats et la direction de Casino jeudi.

Crainte de pertes d'emploi dans les centres de logistique

Depuis le début des négociations, l'inquiétude est latente chez les 50.000 salariés et leurs représentants quant au maintien, ou non, de l'emploi existant. Les syndicats de l'enseigne agro-alimentaire craignent, notamment des pertes de postes dans les sièges et les réseaux de logistique.

Par ailleurs, 12.300 emplois seraient concernés par un changement d'enseigne, dans le cadre de cessions de magasins à la concurrence. Pour les salariés concernés, l'incertitude est palpable à propos de leurs futures conditions de travail, différentes de celles qui avaient connu. De leur côté, les repreneurs se sont engagés à maintenir l'emploi dans les magasins restant sous le giron de Casino.

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Interpellé le mois dernier sur le sujet lors d'une séance de question au gouvernement au Parlement, le ministre de l'Economie a assuré être « attentif » à ce que « le maximum d'emplois soient préservés » dans les offres de reprises de magasins Casino. Notamment les centres logistiques. Il a aussi affirmé que Bercy veillera « au maintien du siège à Saint-Etienne ». Le matin de cette intervention, Bruno Le Maire avait reçu l'intersyndicale de Casino et a assuré qu'il « continuerai à la recevoir ». Et d'ajouter : « Je suis là pour défendre les intérêts des salariés et garantir le respect de l'ordre public et économique. »

Décision du tribunal de commerce imminente

Pour rappel, le groupe doit passer sous le contrôle, à horizon mars-avril, des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d'investissement Attestor. Le tribunal de commerce de Paris doit statuer le 5 février sur le plan de sauvetage du distributeur, entré fin octobre et jusque fin février dans une procédure de sauvegarde accélérée.

La semaine dernière, le distributeur en difficulté financière a annoncé avoir signé des accords pour céder à Auchan et Intermarché 288 hyper et supermarchés, y compris leurs stations-services, d'ici le deuxième trimestre 2024. Cette opération a été effectuée « sur la base d'une valeur d'entreprise comprise entre 1,3 et 1,35 milliard d'euros », selon un communiqué.

Dans le détail, 98 magasins, plutôt de grande taille, devraient passer sous enseigne Auchan, et 190 vont être cédés au groupement des Mousquetaires/Intermarché. Très endetté, le groupe a aussi vendu des participations à l'étranger. Notamment celle qu'il possédait dans l'enseigne Éxito, présent en Colombie, Uruguay et Argentine. Cette cession a permis à Casino d'encaisser 400 millions de dollars (367 millions d'euros).

Performance pas au rendez-vous

Depuis la mise en route de la cession du groupe à ses nouveaux actionnaires, les performances commerciales de Casino ne se sont pas beaucoup améliorées. Son PDG sur le départ, Jean-Charles Naouri, a dû revoir à plusieurs reprises à la baisse ses ambitions financières.

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En novembre, le grand distributeur a annoncé baisser à nouveau ses prévisions concernant ses activités en France pour l'année 2023. Il anticipait une perte d'exploitation de 100 millions d'euros, après avoir annoncé un bénéfice d'exploitation (Ebitda) de moins de 100 millions fin octobre. Par ailleurs, Casino continue de pâtir de la désaffection des hypermarchés. Le grand distributeur indique également que ses marges souffrent, dans un contexte d'inflation, de l'impact des « investissements » mis en place dans le cadre de son redressement.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 03/02/2024 à 8:42
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Les syndicats ont tord car une mise en RJ permettrait une liquidation. De l’aire Naouri et ouvrirait une reprise globale sans perte d emploi en rinçant les banques Kretinsky Ladret et Naouri ceux qui ont mené la société à la faillite Et il n y aura...

à écrit le 01/02/2024 à 23:30
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Si l'avis n'est que "consultatif", à quoi cela sert-il?

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