Ben Smith, le DG d'Air France-KLM devrait être aussi DG d'Air France

Selon des sources concordantes, le nouveau directeur général d'Air France-KLM est pressenti pour être également nommé ce jeudi 27 septembre en conseil d'administration directeur général d'Air France de manière temporaire, le temps de trouver un DG à la compagnie française. Des voix poussent pour que Benjamin Smith conserve de manière pérenne cette double casquette et qu'un Chief Operating Officer (COO) soit nommé à Air France pour le seconder.
Fabrice Gliszczynski
Ben Smith aura la charge de régler le conflit salarial à Air France.
Ben Smith aura la charge de régler le conflit salarial à Air France. (Crédits : Reuters)

Une semaine après l'entrée en fonction de Benjamin Smith au poste de directeur général d'Air France-KLM, une nouvelle étape de la gouvernance du groupe est en cours de finalisation pour être présentée ce jeudi 27 septembre au conseil d'administration. Alors que les spéculations vont bon train ces dernières semaines sur la nomination d'un nouveau directeur général à Air France pour remplacer Franck Terner, Benjamin Smith devrait, selon nos informations, se voir proposer le poste de directeur général de manière temporaire, le temps de trouver un ou une DG, dont le profil n'est pas encore arrêté. C'est donc Benjamin Smith qui aura la charge de régler le conflit salarial à Air France. Il a prévu de rencontrer l'intersyndicale d'Air France lundi prochain.

Par ailleurs, Benjamin Smith devrait également entrer au conseil de surveillance de KLM comme il en avait exprimé le souhait, un siège qui avait toujours été refusé par KLM aux anciens patrons d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac et Jean-Marc Janaillac. En contrepartie, Pieter Elbers, le président du directoire de KLM, devrait probablement être nommé DG adjoint d'Air France-KLM. Il devrait notamment avoir la charge des alliances du groupe. Enfin, nommée dans l'urgence à titre provisoire après la démission de Jean-Marc Janaillac mi-mai, Anne-Marie Couderc, la présidente non exécutive d'Air France-KLM et d'Air France, sera prolongée. Un paradoxe si l'on songe qu'elle fut nommée en mai par défaut. Anne-Marie Idrac était le choix numéro un du conseil, mais ce dernier lui avait refusé sa demande d'occuper la fonction pour une plus longue durée.

Le schéma qui se profile aujourd'hui est le même que celui décidé en 2009 quand Jean-Cyril Spinetta, alors Pdg d'Air France-KLM et d'Air France, avait décidé de confier les manettes opérationnelles de ces deux entités à son bras droit, Pierre-Henri Gourgeon, pour ne conserver que celles de président du conseil d'administration.

Un DG ou COO à Air France ?

La nomination à titre temporaire de Ben Smith à la tête d'Air France devrait d'ailleurs permettre de peaufiner la gouvernance de la compagnie française. Car plusieurs voix parmi les parties prenantes de ce dossier militent pour pérenniser la double casquette de Ben Smith, et de nommer pour le seconder à Air France un Chief Operating Officer (COO), comme en trouve très souvent dans les compagnies anglo-saxonnes.

Confier à Ben Smith les manettes d'Air France-KLM et d'Air France a l'avantage, selon les partisans de ce schéma, de tenir compte de la spécificité d'un groupe dans lequel il est extrêmement difficile pour un patron de rester à l'écart des affaires de sa plus grosse filiale, Air France, qui constitue par ailleurs le maillon faible du groupe. Les deux anciens Pdg d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, puis Jean-Marc Janaillac avaient été obligés d'avoir également des fonctions à Air France.

Initialement réticente par principe au cumul des fonctions de DG à Air France-KLM et Air France, KLM soutient néanmoins ce schéma depuis le début de la crise de gouvernance provoquée par la démission de Jean-Marc Janaillac le 15 mai dernier. Certains administrateurs d'Air France-KLM sont également favorables. En revanche, Delta, actionnaire à hauteur d'environ 10% du groupe, a toujours demandé une séparation totale des fonctions. La compagnie américaine avait même convaincu Bercy sur le sujet. Une position qu'avait également suggérée Jean-Marc Janaillac à Édouard Philippe lors de leur rencontre à Matignon peu avant son départ. L'Agence des Participations de l'État (APE) n'est pas très chaude pour ce cumul des fonctions.

« Le bon compromis serait que le DG d'Air France-KLM soit aussi celui d'Air France et qu'il soit secondé, au sein de la compagnie française par un COO », explique un connaisseur du dossier.

Certains membres du conseil d'administration seraient d'accord avec ce schéma.

En outre, ce schéma serait compatible avec une implication plus grande du président du directoire de KLM, Pieter Elbers, au sein d'Air France-KLM. Parallèlement à ses fonctions actuelles, il devrait en effet s'occuper des alliances, un sujet qui lui tient à cœur.

«Si Ben Smith devait uniquement rester à Air France-KLM, sans s'occuper d'Air France, et avoir une partie de son périmètre rogné par Pieter Elbers, il ne lui resterait pas grand-chose à faire », explique un connaisseur du dossier pour justifier une double casquette de Ben Smith

Avec une rémunération qui peut potentiellement quadrupler par rapport à son prédécesseur, cela pourrait en étonner plus d'un.

Quoi qu'il en soit, que ce soit pour le poste de DG ou de COO, Nathalie Stubler, la Pdg de Transavia France, la filiale low-cost d'Air France, semble faire office de favorite. Elle a notamment le soutien d'Anne-Marie Couderc. D'autres noms remontent néanmoins, comme celui d'Anne Rigail, directrice générale adjointe client d'Air France, ou de Géry Mortreux, DG d'Air France Industries le sont aussi. Certains profils externes sont également étudiés. Belge Bernard Gustin, l'ancien Pdg de Brussels Airlines a notamment rencontré Anne-Marie Couderc.

Par ailleurs, Ben Smith cherche à faire embaucher des personnes à lui. Ce serait déjà fait puisqu'un Canadien a été vu lors d'une réunion syndicale

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ENCADRÉ

Le capital de Transavia a changé l'an dernier

Air France-KLM n'a jamais communiqué sur le sujet. Mais, selon nos informations, l'actionnariat de Transavia France a changé l'an dernier. La compagnie low-cost qui était détenue par Air France à hauteur de 60% et Transavia Holland (filiale à 100% de KLM) est depuis la fin de l'année dernière détenue par Air France.

À l'occasion d'une nouvelle recapitalisation des fonds propres de plusieurs dizaines de millions d'euros de Transavia France, KLM n'a pas souhaité suivre et a vendu sa participation à Air France. Cette recapitalisation était la conséquence du fort développement de la compagnie depuis 2014 qui en entraîné des pertes financières, lesquelles ont fait fondre les fonds propres. Depuis l'an dernier, Transavia est rentable et affiche de bons résultats.

Fabrice Gliszczynski

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