Et vous aussi vous boycottez la Coupe du Monde au Qatar ? N'avez-vous rien acheté pour le Black Friday ? Bravo, vous avez gagné le droit de prendre un bon bain chaud pour supporter le début des frimas de l'hiver en regardant d'un œil France-Danemark. Une chose est sûre, ce n'est pas le Qatar qui gagnera la finale ! Attention toutefois à ne pas épuiser d'un coup toutes nos réserves de gaz (russe ou qatari et d'ailleurs), car Météo France prévoit un début décembre glacial avec l'arrivée d'un « puissant blocage scandinave » lié à la poussée d'un anticyclone venu de Sibérie. En ce moment, tout ce qui vient de Russie n'est pourtant pas bienvenu...
Profitez du dernier week-end de novembre pour compléter votre collection de Damart et de cols roulés et lisez l'excellente synthèse de notre journaliste Energie Juliette Raynal pour « tout savoir » sur le blackout électrique que l'on espère encore éviter, mais ce n'est pas certain. Si vous avez vraiment peur de manquer de courant, investissez dans un groupe électrogène, si vous en trouvez car il paraît que la pénurie menace.
Pour vous chauffer, vous pouvez aussi passer au bois, même si c'est un peu tard. Et surtout, raconte Coline Vazquez, ce n'est pas si écologique, en tout cas pas pour la qualité de l'air. Le bois de chauffage, c'est joli, mais cela émet plus de particules fines que les voitures diesel... L'inquiétude des Français risque de monter aussi vite que leurs factures d'énergie vont s'indexer sur la baisse des températures. Près de 4 Français sur 10 craignent de ne pas pouvoir payer toutes leurs factures.
Les conséquences économiques de la crise de l'énergie commencent à semer la panique. Le chef économiste de la BCE, la banque centrale européenne a déclaré vendredi que la hausse des salaires en zone euro maintiendrait l'inflation à un niveau élevé et ce même après la fin de la pandémie et de la crise énergétique. Tant pis pour celles et ceux qui croient encore au père Noël du retour de l'inflation sous les 2% d'ici un an, ou deux, ou plus...
Back to the Seventies ? Pas forcément, explique Robert Jules qui a lu une étude de chercheurs du FMI selon qui une hausse des salaires ne déclenche pas forcément une spirale inflationniste. Les responsables politiques ne l'ont visiblement pas encore vu : « Nous ne sommes pas dans une économie administrée », répondait à la fin du mois dernier Emmanuel Macron, à ceux qui réclamaient une indexation des salaires sur l'inflation (+6,2% sur un an en octobre).
Les entreprises commencent aussi à s'adapter à la nouvelle normalité inflationniste. Des usines négocient des accords avec leurs salariés pour permettre de travailler temporairement la nuit, lorsque l'électricité est moins chère, en contrepartie de hausses de salaire. Dormir moins pour gagner plus, nous avons trouvé trois entreprises qui ont déjà fait ce choix en Normandie et dans le Grand Est, racontent nos correspondants, Nathalie Jourdan et Olivier Mirguet.
« Ce qui nous manque, c'est un Fessenheim », a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, le directeur général de BNP Paribas lors d'une récente rencontre avec la presse. Ce grand banquier, ingénieur des Mines, a consacré l'essentiel de son intervention devant les journalistes à la décarbonation de l'économie, et évoqué la fin (du financement) du charbon pour 2030 et celle de l'ère du pétrole pour 2037 en Europe, qui cessera de produire des véhicules thermiques en 2035. A cette prédiction optimiste répond la déclaration tonitruante de Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies qui, auditionné à l'Assemblée nationale, appelle à construire 15 ou 20 réacteurs nucléaires en plus pour faire de l'hydrogène décarboné en France... En France, on a pas de pétrole mais on a des idées : reste à les financer, car ces nouvelles centrales, il faudra bien les payer... L'équation promet bien des nuits blanches au tout nouveau PDG d'EDF, Luc Rémont, enfin en place pour un hiver studieux. Notre confort domestique dépend en grande partie de lui...
La semaine qui s'achève a été celle de l'industrie. Une fois par an, on célèbre ainsi l'usine qui n'est plus aussi polluante et pénible qu'autrefois, nous dit le ministre délégué en charge à Bercy, Roland Lescure, dans un entretien exclusif. La longue marche vers l'industrie décarbonée est engagée, dans un contexte rendu plus difficile par la crise de l'énergie. L'Etat fera ce qu'il faut pour soutenir les filières qui s'engagent sur ce chemin, à commencer par les 50 sites les plus pollueurs de France.
Pour aller plus vite, une des innovations en vogue serait de capturer et de stocker le carbone. Marine Godelier explique pourquoi cette solution n'est pas si miraculeuse, en raison d'une équation économique encore bien incertaine.
Au terme d'une COP 27 bien décevante, malgré un effort pour les pays émergents, « la COP est pleine », nous raconte Bertrand Piccard. Le président de Solar Impulse Foundation nous a livré aussi ses impressions à chaud très chaud post-COP dans un entretien vidéo où il revient sur la montée en force d'une écologie radicale qui conduit des jeunes gens à jeter de la peinture sur des œuvres d'art ou à bloquer des routes. Attention, dit-il, à ce qu'à force de faire peur, l'écologie n'arrive pas au résultat opposée à celui recherché...
Sinon, jusqu'ici tout va bien : malgré la récession qui pointe, les bourses pourraient connaître une fin d'année heureuse, nous promet Eric Benhamou. Bonne nouvelle pour Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la Transition numérique, qui a défié la French Tech d'envoyer 10 licornes en Bourse en Europe d'ici à la fin de 2025, dont deux avec une capitalisation de plus de 5 milliards d'euros. Un objectif tout à fait réalisable si la conjoncture s'améliore, estime Sylvain Rolland, même si pour l'heure, cela ressemble encore à un miracle de Noël !
Tout va très bien aussi pour les rémunérations des patrons du CAC 40 qui, à près de 8 millions d'euros en moyenne sur la base des résultats 2021 mirifiques, atteignent de nouveaux records. Ce sera moins Noël en revanche pour les chômeurs qui, au terme de la loi votée cette semaine, verront leur durée d'indemnisation amputée de 25% sauf dans quelques situations dérogatoires. Le système français reste généreux mais moins. Olivier Dussopt, le ministre du Travail en espère 100 à 150.000 retours à l'emploi. Pour faire passer la pilule, le gouvernement a inventé une nouvelle météo du chômage. La réforme ne s'appliquera pas en période « rouge », si le marché de l'emploi se dégrade brutalement ou si le taux de chômage dépasse 9%. Comme il est actuellement de 7,3% et que les entreprises peinent à recruter, nous sommes en période « verte ». Espérons que cela restera le cas l'an prochain, car sinon, il faudra être daltonien pour croire à la réalisation de l'objectif de plein emploi...
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