La PME Silmach accélère son industrialisation grâce à ses capteurs mécaniques

Située au cœur de la vallée de la microtechnique, à Besançon, Silmach a développé un savoir-faire mécanique autour du silicium, habituellement utilisé en électronique pour les composants. Une technologie de rupture aux multiples applications possibles, qui après 20 ans de R&D, voit se concrétiser plusieurs projets pour 2024.
Deux salariés chez Silmach, à Besançon.
Deux salariés chez Silmach, à Besançon. (Crédits : AMANDINE IBLED)

Depuis 2012, l'armée française a équipé ses ponts mobiles - qui permettent aux blindés de traverser un obstacle sur les champs de bataille, notamment - de capteurs exclusivement développés par la PME Silmach. « Notre technologie est capable de compter le passage des blindés et de discriminer différents types de véhicules entre un camion, un poids lourd ou encore un char Leclerc afin de suivre le vieillissement de la structure », explique Pierre-François Louvigne, co-directeur général de Silmach.

Son entreprise, qui emploie une vingtaine de personnes, est aujourd'hui la seule à proposer un produit sans énergie, qui ne nécessite pas de tirer des câbles électriques, ou des fibres optiques comme la solution concurrente, qui propose des capteurs alimentés. Une solution peu fonctionnelle dès lors que l'armée est mobile et parfois en pleine campagne...

De l'armée française à la société civile

Financée par la direction générale des armées (DGA) cette technologie de rupture fonctionne sans énergie, de manière mécanique. « C'est un système qui se déclenche avec des tractions-compressions d'une structure ou des accélérations de niveaux de chocs ou encore des changements de températures », précise Pierre-François Louvigne. Désormais éprouvée pendant plus d'une dizaine d'années sur le terrain militaire, la technologie de Silmach est prête à se déployer sur les ponts routiers et civils. Dans le cadre de France 2030, l'entreprise a obtenu une enveloppe de l'ordre de 1.700.000 euros pour équiper à termes, les quelque 250.000 ponts répertoriés sur le territoire. Pour l'instant, trois départements sont concernés : la Gironde, la Loire Atlantique, et le Puy de Dôme. Plusieurs partenariats ont déjà été signés avec notamment la société d'autoroute Vinci, Cerema, l'organisme chargé de la surveillance et de l'entretien courant des ouvrages d'art routiers, l'INRIA une agence qui designe les ponts ainsi que trois départements. Ces derniers sont prêts à mettre à disposition de Silmach des ponts pour faire l'étude, l'instrumentalisation et valider que la solution est pertinente.

Un salarié de Silmach qui conçoit les micro-capteurs

Des informations simples à traiter

« Aujourd'hui, ce sont des fibres optiques qui sont posées dans une tranchée au milieu de la route et à chaque fois qu'une voiture passe, la fibre enregistre une déformation », explique Pierre-François Louvigne. « Mais une fibre optique remonte des gigabits de données par heure avec des tonnes de courbes extrêmement complexes qu'il faut digérer, traiter et analyser. Alors que notre solution est mécano-mécanique », poursuit-il. La technologie Silmach est une petite roue qui a une micro-denture de quelques microns, non visible l'œil nu puisqu'elle mesure un quart de l'épaisseur d'un cheveu. « On pourrait loger tout le parc des 250 000 ponts en France sur une clé USB de 3 à 4 gigas parce qu'elle ne génère que quelques octets par jour par ouvrage », compare le chef d'entreprise.

Diminuer l'impact carbone

L'empreinte environnementale est également beaucoup plus faible puisque les capteurs fonctionnent sans électricité sur site et sans datas centers. Aujourd'hui il n'y a pas de solution pour la plupart des ouvrages. Ce sont des inspecteurs qui tournent avec des camionnettes pour vérifier visuellement les ouvrages d'art un par un. « Avec nos capteurs, on s'affranchit d'un parc de véhicules et de travaux très lourds sur la chaussée pour venir tirer les câbles et les installer sur site », souligne Pierre-François Louvigne.

Machine Silmach

Des capteurs qui intéressent aussi Airbus

La PME bisontine a également travaillé avec d'autres armées européennes et d'autres secteurs d'activité, tel que l'aéronautique. Dans le même esprit que les ponts, les constructeurs d'avions ont besoin de surveiller leur matériel en cas d'atterrissage dur, de vents forts ou de sorties de piste. Encore une fois, il n'existe pas de solution pour vérifier les impacts que subissent les trains d'atterrissage. « C'est trop compliqué de venir tirer des câbles sur le train d'atterrissage qui est mobile à - 50 degrés en hauteur ou + 50 degrés en bas si on est en Arabie saoudite », constate Pierre-François Louvigne. C'est pourquoi les capteurs de Silmach intéressent fortement des entreprises telles que Boing et Airbus. Cette denrière devrait commencer à équiper une première flotte d'avions cette année. En premier lieu, avec Airbus Hélicoptère car les démarches avancent plus vite. « Il s'agirait de placer des capteurs sur les pales qui tournent extrêmement vite, et n'ont pas de repère lorsqu'il fait très chaud ou très froid », précise le chef d'entreprise.

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