Renault : Luca de Meo électrise Alpine , l'usine de Dieppe sauve sa peau

Un temps menacée, l’usine Alpine de Dieppe est assurée de sauver sa peau. En visite sur place avec Bruno Le Maire, le patron de Renault a confirmé qu’elle assemblerait en 2025 un nouveau modèle de SUV électrique sous la marque au A. Une reconnaissance en or massif pour ce site qui est à l’automobile ce que la joaillerie est à la bijouterie.
Bruno Le Maire et Luca De Meo, en gants blancs, en visite à l'usine Alpine de Dieppe, ce vendredi matin.
Bruno Le Maire et Luca De Meo, en gants blancs, en visite à l'usine Alpine de Dieppe, ce vendredi matin. (Crédits : Renault)

Deux opérateurs munis de gants blancs -c'est la règle pour tous- caressent amoureusement les courbes scintillantes d'une Alpine A110 avec des délicatesses de vestales. Lampe en main, ils scrutent les moindres détails de la finition, des jantes aux rétroviseurs. C'est la première image qui saute aux yeux quand on pénètre dans l'usine Alpine de Dieppe, berceau historique de la marque. Du reste, faut-il parler d'une usine? Fraîchement rebaptisé Manufacture Jean Rédélé, du nom du concepteur de la première berlinette, l'endroit ressemble plus à un atelier artisanal qu'à une fabrique automobile du 21e siècle.

Ici ni bruit ni armada d'automates. Sur la quinzaine de bolides qui sortent quotidiennement des lieux (près de 3.000/an), tout ou presque est encore assemblé manuellement, pièce par pièce.

« On compte à tout casser sept robots, calcule à voix haute Guillaume Dauzou, directeur de la performance industrielle. Un pour appliquer la colle autour du pare-brise, le reste pour la peinture extérieure. »

Un travail d'orfèvrerie

Peu de machines mais des techniciens de haut vol. Ne pénètrent dans le temple de l'Alpine que ceux qui ont apporté la preuve de leur dextérité au terme d'une formation de deux mois. « Il est, par exemple, exigé de savoir visser de la main gauche aussi bien que de la main droite », détaille notre guide. Même les intérimaires -au nombre de 80 en ce moment- doivent impérativement suivre un cursus de plusieurs semaines avant d'espérer rejoindre leur poste. Le prix à payer pour des cadences infiniment moindres que dans la moyenne de l'industrie automobile.

« Chaque opérateur a entre vingt minutes et une demi-heure pour effectuer une tâche, là où cela n'excède pas la minute dans d'autres usines » précise Guillaume Dauzou, non sans une certaine fierté. L'établissement (près de 400 salariés) ne rencontre d'ailleurs aucune pénurie de main-d'œuvre : le bassin d'emploi local y pourvoit. À Dieppe, où l'on voue un véritable culte à l'Alpine, on a coutume d'y travailler de père en fils. « Le prestige de la marque attire les jeunes générations », confirme le directeur du site, Francis Ferini.

Le choix de Luca de Meo

Il n'empêche, ce « fleuron du patrimoine industriel français », comme le qualifie le ministre de l'Économie, a senti passer le vent du boulet. Début 2020, malgré la relance de la marque, des rumeurs insistantes prédisent la fermeture de l'usine normande. L'A110, malgré un succès d'estime, ne suffit pas à saturer les lignes de production. Leur déménagement semble inéluctable. La nomination, quelques mois plus tard, de Luca De Meo, grand aficionado de voitures sportives, change la donne. Connu pour avoir sauvé Lamborghini, l'ancien patron de Fiat fusionne Renault Sport avec Alpine et mise sur la marque au A pour « créer de l'émotion et monter en gamme ». Dieppe reprend espoir.

Pendant ce temps, en coulisses, le locataire normand de Bercy, épaulé par le député communiste Sébastien Jumel, plaide la cause auprès du nouveau venu italien. « L'une des premières choses que Bruno Le Maire m'a dites, c'est qu'allez-vous faire de Dieppe ? », se souvient l'intéressé.

Deux ans plus tard, l'heure est donc à la consécration. En annonçant lui confier l'assemblage d'un SUV haut de gamme dont le moteur sera fabriqué à Cléon (Seine-Maritime) et la caisse à Douai (Nord), l'homme fort de Renault donne un gage de longévité à la Manufacture Jean Rédélé.

« On va jouer dans la cour des grands et être en compétition avec des monstres sacrés », a-t-il martelé devant ses salariés.

Les applaudissements ont été nourris.

Alpine De Meo

[Bruno Le Maire et Luca De Meo dans l'usine Alpine de Dieppe, ce vendredi matin. Crédit: Renault. Cliquez sur l'image pour l'agrandir plein écran]

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Commentaires 8
à écrit le 30/01/2022 à 14:47
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Belle voiture avec un super moteur élaboré par l'ingénieur Amadeo Gordini (lui aussi italien comme Luca de Meo) qui préparait les moteurs de Renault . Renault racheta la société Gordini en 1969

à écrit le 30/01/2022 à 10:39
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Bref! "Alpine" était désiré pour son moteur pas pour sa carrosserie, sinon des pédales devraient suffire!

à écrit le 30/01/2022 à 3:58
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A quel tarif la sportive equipee de batteries made in China ?

à écrit le 30/01/2022 à 0:13
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l'Alpine A110, c'est la "Bleue", La Berlinette moteur 1300 et ses 2 weber 40 DCOE. Un mythe qu'aucune autre Alpine n'a pu et ne pourra détrôner. Alors une Alpine électrique...😂 Mdr 🤣

à écrit le 29/01/2022 à 23:01
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Bien plus jolie qu une insipide Porsche ou tesla … mais n ai pas les moyens de cette berlinette

à écrit le 29/01/2022 à 16:56
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Merci Monsieur Luca De Meo Je dois reconnaitre que les italiens ont de grands managers la preuve en ai qu'ils sont à la tête de grands groupes dans le monde: aux US ..comme en France. Durant ma carrière professionnelle j' ai connu un certain nombre d...

à écrit le 29/01/2022 à 13:14
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L usine est sauvée et de surcroît ce qui en est sorti est très beau. Très belle Renault au design sportif !

à écrit le 29/01/2022 à 9:53
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Belle réussite cette alpine, dommage qu'on l'ai décoté de deux clowns pour la photo.

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