Automobile : APM, cette entreprise de Dijon qui met 20% de chanvre dans ses plastiques

Les constructeurs automobiles cherchent à incorporer davantage de matières recyclées dans leurs équipements intérieurs. APM, coentreprise dijonnaise de l’équipementier automobile Faurecia et de la coopérative agricole franc-comtoise Interval, propose un matériau innovant composé à 20% de chanvre. Explications.
(Crédits : Amandine IBLED)

« Une 308 contient 5 kilos de notre pièce en plastique, dont un kilo de chanvre produit en Franche-Comté », explique Jean-Marie Bourgeois-Jacquet, ingénieur business développement chez APM. Une gamme de 16 véhicules de séries (Lan Rover Velar, Jaguar I-Pace, Alfa Romeo Giulia, Renault Mégane, Peugeot 308, DS Crossback, etc...) utilisent déjà ce matériau innovant (composé à 20% de chanvre et 80% de matières recyclées ou de polymères conventionnels) pour des pièces de l'habitacle automobile non visibles, tels que les planches de bord, les panneaux de portes ou des consoles implémentées. Ce qui représente indirectement une flotte de 13 millions de véhicules.

L'usine de Fontaine-les-Dijon (21)

Un approvisionnement local

Sur un marché du plastique de plus en plus volatil, le chanvre reste une solution stable. D'autant plus qu'il est produit localement, à Arc-les-Gray, en Haute-Saône, à seulement quelques kilomètres du site de transformation de Fontaine-les-Dijon, par les agriculteurs de la Coopérative Interval.

« Malgré la crise des matières premières, nous sommes en mesure de garantir l'approvisionnement en chanvre à nos clients, grâce à cette production locale », assure Jean-Marie Bourgeois-Jacquet.

APM qui emploie 35 personnes maîtrise l'ensemble de la chaîne de valeur : depuis la production de la graine, jusqu'aux pièces en plastiques, en passant par la récolte de la plante, la séparation des différents coproduits du chanvre, et le mélange des différents ingrédients. 8.000 tonnes de matière sortent chaque année de l'usine, dont la moitié intégrant du chanvre.

8000 tonnes de matières sortent chaque année de l’usine, dont la moitié intégrant du chanvre.

Le chanvre revient en force

« En termes d'absorption du Co2, un hectare de chanvre équivaut à un hectare de forêt », précise Jean-Marie Bourgeois-Jacquet. Longtemps délaissé, ou réservé à l'alimentation animale, le chanvre est une culture qui retrouve ses lettres de noblesse. Il faut dire qu'elle coche toutes les cases : « la graine pousse sans irrigation, sans OGM et sans produits phytosanitaires ; ses racines labourent en profondeur le sol (idéal pour le rendement des cultures suivantes) ; elle n'est pas en compétition avec les terres arables », explique Jean-Marie Bourgeois-Jacquet. Les applications sont désormais multiples. Le chanvre est d'ailleurs revenu dans l'alimentation humaine, soit 11% de la production mondiale. « Même la poussière de chanvre est réutilisable ! », souligne-t-il.

De la technique à l'esthétique

« Au kilo, les granulés intégrant du chanvre sont environ 25% plus cher », précise Jean-Marie Bourgeois-Jacquet. Toutefois, comme c'est un matériau plus léger que le plastique issu du pétrole, il faut moins de matière pour créer les pièces. In fine, le coût pour le client s'équilibre. En plus de cet atout technique, le plastique au chanvre présente d'autres propriétés, tel que le renforcement thermomécanique. « Jusque-là, il était principalement utilisé sur des parties peu visibles, désormais, nos clients nous demandent de plus en plus de développer l'aspect esthétique pour valoriser la présence de particules végétales. » Actuellement, le marché automobile représente 85% du chiffre d'affaires d'APM - qui s'élève à 10 millions d'euros. La société vise d'autres secteurs tels que l'ameublement, le bâtiment, le jouet et les sports et loisirs. « Nous travaillons en ce moment avec des designers qui souhaitent s'orienter vers des démarches plus vertueuses », confie Jean-Marie Bourgeois-Jacquet.

L'usine de Fontaine-les-Dijon (21)

Dupliquer le modèle à l'international

Déjà présent à l'exportation sur le marché européen et dans d'autres pays, tels que le Japon, la Chine, la Turquie ou l'Argentine, APM souhaite dupliquer son modèle économique en Asie et en Amérique du Nord. « Afin de rester dans une logique de circuit court, notre objectif serait de pouvoir cultiver du chanvre dans ces pays et de le vendre ensuite sur place », explique Jean-Marie Bourgeois-Jacquet. « La porte d'entrée de ces marchés restera le secteur automobile », poursuit-il.

Le défi principal sera de réussir à maintenir une production de biomasse stable et qui garantit les mêmes spécifications quel que soit son lieu de production...

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Commentaires 3
à écrit le 09/05/2022 à 22:48
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les 20% de chanvre inclus dans le plastique sont à tout jamais irrécupérables et polluants derechef !

à écrit le 09/05/2022 à 16:18
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Aucun élu ne tique au mot 'chanvre' ? C'est une plante "maudite" même s'il en existe diverses variétés, dont on peut tirer des fibres et faire des sacs à patates ou à courrier mais ça se perd, voire manger les graines décortiquées. Une plante qui po...

à écrit le 09/05/2022 à 11:18
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moquée en occident (cultissime aujourd'hui) la carrosserie de la Trabant etait en materiaux composites, en partie de fibre de coton, pour palier au manque d'acier...

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