Grand Paris : une décennie capitale pour verdir la métropole-monde

Zéro artificialisation nette, zéro émission nette, zéro déchet... En Île-de-France, le triple Z a supplanté le triple A pour offrir aux Franciliens une meilleure qualité de vie. Et si le temps de faire du Grand Paris, une ambition pour la France, était enfin venu ? Un enjeu au cœur du Sommet du Grand Paris dont la 4ème édition se tiendra le 21 septembre.
César Armand
(Crédits : Getty)

Après une décennie post-crise économique et financière de 2008 à être obnubilés sur le triple A des agences de notation, l'heure est au triple Z: zéro artificialisation nette, zéro émission nette (de dioxyde de carbone, Ndlr) et zéro déchet. C'est en effet la promesse de la région Île-de-France à horizon 2030 afin d'atteindre en 2050 l'objectif de neutralité carbone tel que défini par la stratégie nationale bas-carbone.

Plutôt que de patienter dix ans, La Tribune, en partenariat avec les Acteurs du Grand Paris et les Notaires du Grand Paris, ont décidé de débattre, sans attendre un grand soir institutionnel qui interviendra au plus tôt au printemps 2022, de cette ambition du Grand Paris pour la France. A la veille de l'élection présidentielle, la région-capitale peut et doit s'affirmer comme le moteur de la reprise économique et financière de tout le pays voire du continent. Et ce à condition d'offrir un cadre de vie respectueux des impératifs climatiques dans les transports individuels et collectifs comme dans l'habitat.

De multiples crises qui impactent la production de logements

Le logement se trouve en effet au premier poste des besoins primaires de tout un chacun. D'ici à 2030, le bâtiment doit baisser de 49% ses émissions de gaz à effet de serre sur la base de celles de 2015. D'un côté, la rénovation des immeubles existants s'accélère, bénéficiant d'une enveloppe de 6,7 milliards d'euros dans le plan France Relance, auquel vient de s'ajouter 2 milliards d'euros supplémentaires pour la rénovation des habitats privés. Si Valérie Pécresse rêve d'en finir avec les passoires thermiques, ces logements énergivores, le fameux objectif des 500.000 logements réhabilités est en passe d'être largement dépassé au niveau national pour le plus grand confort des habitants et le plus grand bonheur des artisans.

De l'autre, malgré la promesse présidentielle d'un choc d'offre visant à "construire plus vite, mieux et moins cher", les professionnels du bâtiment comme les promoteurs immobiliers font face à de multiples crises qui se répercutent directement sur la disponibilité de logements. Après un an et demi de crise sanitaire, les matériaux de construction manquent voire explosent à l'achat, retardant d'autant plus des chantiers ajournés par la Covid-19. A cela s'ajoutent les nouveaux maires élus en juin 2020 qui tarderaient à délivrer des permis de construire. La situation est pourtant urgente: un écart de 1 à 10 se creuse entre la demande et l'offre de logements sociaux.

Dans ces conditions, faut-il revoir l'aménagement de l'Île-de-France, comme tentera d'y répondre une table-ronde au Sommet du Grand Paris ce 21 septembre ? L'exode urbain, observé lors du premier confinement et dans les études notariales, est-il devenu une réalité en deuxième voire en troisième couronne ? Le rêve d'une maison avec jardin semble se concrétiser, remplissant les carnets de commande des professionnels du BTP, à défaut de le garnir d'opérations d'habitats collectifs.

La solution viendra-t-elle de la Seine ?

Cela n'est pas sans poser un problème d'artificialisation des sols. Après la promulgation de la loi Climat et Résilience qui exempte la région-capitale, car seuls 3% des terrains y sont occupés, l'heure est au recyclage urbain, à la transformation de l'existant et à la qualité du logement. Prévue pour le 1er janvier 2022, la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs dite "RE2020" concrétise par exemple cette nécessité de recours à des matières premières plus locales et plus naturelles, comme le bois, le chanvre ou encore la pierre de taille.

Peut-être que la solution viendra-t-elle du fleuve et précisément de la Seine. Avec ses homologues du Havre et de Rouen, la maire (PS) de Paris et désormais candidate à l'élection présidentielle, veut, comme Napoléon en son temps, construire une ville-monde ouverte sur la mer et l'international. Trois principaux chantiers sont à l'étude: la création d'une société d'économie mixte pour accélérer la transition énergétique d'une voie qui n'est pas encore tout à fait verte, une politique commune en matière de logistique et une offre culturelle allant au-delà des guinguettes sur les berges.

Lire aussi 3 mnFret : Paris, Le Havre et Rouen veulent remettre le transport fluvial sur "le devant de la Seine"

Un big bang dès le printemps 2022 ?

Encore faudra-t-il un big bang présidentiel pour améliorer l'aménagement du territoire. Promis par le président Macron, pensé par l'architecte Roland Castro, relancé par le ministre Sébastien Lecornu et espéré par les députés de la majorité, il permettrait au moins de clarifier les compétences et donc les responsabilités de chaque strate. Chacune a son plan: le conseil régional, son schéma directeur ; la métropole, son schéma de cohérence territorial ; et les intercommunalités et les communes, leurs plans locaux d'urbanisme.

Est-ce ainsi que les problèmes de mobilité pourront être réglés ? Le transport devant réduire de 28% ses émissions à horizon 2030, il devient urgent de verdir les déplacements individuels et collectifs. C'est le principe de la zone à faibles émissions métropolitaine qui, dans le périmètre de l'A 86, interdira le diesel dès 2024 et les voitures thermiques dès 2030. Les transports en commun doivent de la même façon accélérer la décarbonation de leur matériel roulant et améliorer leur déploiement partout en Île-de-France. C'est seulement ainsi que les impératifs de cohésion sociale et de reprise économique pourront être respectés.

César Armand

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Commentaires 5
à écrit le 21/09/2021 à 11:03
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"C'est le principe de la zone à faibles émissions métropolitaine qui, dans le périmètre de l'A 86, interdira le diesel dès 2024 et les voitures thermiques dès 2030." C'est juste anticonstitutionnel et irréalisable : 1 : Atteinte disproportionnée à ...

à écrit le 20/09/2021 à 14:43
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Moi, je suggère de faire un petit Paris, non, ce n'est pas correct ?

à écrit le 20/09/2021 à 14:06
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ça, c'est vraiment du "journaliste" green-washing. Le grand Paris, c'est une catastrophe écologique, à fond l'artificialisation, avec ses gares en pleine campagne, et ses opérations immobilières associées, sur des terres cultivables, dont certaines p...

à écrit le 20/09/2021 à 11:11
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La metropole monde ? Quesako ? Cette decharge a ciel ouvert et ses junks a chaque coin de rue.

à écrit le 20/09/2021 à 9:27
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Encore un prétexte pour faire des travaux. Et puis de toutes façons, on ne peut pas verdir, quand on a bétonné à fond

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