Comment Carrefour orchestre son marathon olympique

Partenaire premium de Paris 2024, l’enseigne doit fournir 600 tonnes de produits frais. Et ouvrira trois magasins dans le village des athlètes.
Marie-Pierre Gröndahl
Opération avec les frères Lebrun, en janvier.
Opération avec les frères Lebrun, en janvier. (Crédits : © NICOLAS GOUHIER)

À fond sur les Jeux. Chez Carrefour, les polémiques autour de Paris 2024 suscitent l'incompréhension. Voire une certaine irritation, face à un « JO bashing » jugé absurde en interne, où les 150 000 salariés français sont mobilisés autour du slogan « Nourrir tous les espoirs ». Le mot d'ordre est à la disponibilité maximale : toutes les vacances estivales sont décalées à partir du 11 août. Et les salariés volontaires pour l'organisation des Jeux peuvent bénéficier d'aides de leur employeur en matière d'hébergement, si nécessaire. Logique, pour un « partenaire premium » engagé dès juin 2022. Dixième mondial de la grande distribution, le groupe est le premier de son secteur à obtenir ce statut dans l'histoire de l'événement sportif.

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Bompard fou de sport

Pour son PDG, Alexandre Bompard, lui-même fou de sport et passionné de tennis (il est classé 15/1), ce partenariat était une opportunité unique. Pour le surcroît d'activité qui en résulte, bien sûr, puisque l'entreprise fournira plus de 150 produits frais et céréaliers à Sodexo Live ! durant la compétition dans les restaurants des athlètes et ouvrira trois magasins dans le village olympique. Le groupe développera également des collections exclusives dans de nombreuses catégories de produits officiels sous licence - 400 rien que dans le textile (vendus à 80 % à moins de 5 euros), sans oublier les articles de papeterie ou ceux de la rentrée des classes. Le distributeur orchestre également une multitude d'opérations commerciales avant, pendant et après la durée des épreuves. Opportunité pour la marque, ensuite, qui bénéficiera du retentissement des JO et des Paralympiques.

Mais ce partenariat s'inscrit aussi dans le cadre d'un projet d'entreprise global, à travers des programmes de sensibilisation au handicap - le groupe emploie 13.000 personnes en situation de handicap et veut en recruter 2.000 d'ici à 2026 -, à la nutrition ou à la santé au travail par le sport. « Nous étions l'acteur le plus à même de rendre populaire cet événement, note Alexandre Bompard. Carrefour compte 6.000 magasins en France, et chaque Français en a un à huit minutes de chez lui. » Pour le dirigeant, confirmé à la tête du distributeur jusqu'en 2026, le compte à rebours avant la cérémonie d'ouverture du 26 juillet est « très joyeux ». « C'est un événement exceptionnel, qui doit être une fête. Nous allons offrir 8.000 places via des jeux concours à nos clients. Et en faire gagner 7.000 à nos collaborateurs », révèle-t-il.

Riner, hôte de caisse à Stains

Parmi les défis à relever, la fourniture de 600 tonnes de produits frais dans le strict respect du cahier des charges établi par le comité d'organisation, à 80 % français et à 25% « locaux » (moins de 250 kilomètres des sites). À la tête d'une exploitation agricole de 480 hectares près de Roissy-en-France (Val-d'Oise), dans sa famille depuis 1822, Lionel Plasmans cultive céréales, betteraves et pommes de terre. Il fournit Carrefour « depuis une vingtaine d'années, avec des produits sans pesticides de synthèse ». Les détails de la logistique restent à préciser, mais tout est déjà prévu pour les Jeux. Sa mission ? Livrer 10 tonnes des pommes de terre, variété Jazzy. « Nous venons de commencer à recevoir les plants, indique-t-il. La première récolte sera pour les JO. Tout sera mis en œuvre pour livrer dans les temps. Nous sommes idéalement situés, à seulement 25 kilomètres de Saint-Denis. »

Nous allons offrir 8.000 places via des jeux concours à nos clients. Et en faire gagner 7.000 à nos collaborateurs

Le PDG Alexandre Bompard

Parallèlement, le distributeur planifie dans toute la France sa propre compétition sportive, autour de quatre disciplines : la pétanque, le football, la course à pied (10 kilomètres et marathon) et le tennis. « Nous souhaitons que ces JO soient aussi ceux des collaborateurs », explique Ève Zuckerman, ancienne communicante d'Édouard Philippe à Matignon et désormais directrice du partenariat Paris 2024 chez Carrefour. Dans ce but, l'enseigne a mis en place un calendrier d'épreuves au sein d'un « grand tournoi ». « Nous attendions 5.000 candidats, mais 10.000 se sont inscrits, au sein de 300 équipes, avec 1.600 matchs et 550 courses, détaille-t-elle. La finale aura lieu le 30 mai à Saint-Cloud, avec 600 personnes. »

17 athlètes de haut niveau soutenus

Carrefour soutient également 17 athlètes de haut niveau, parmi lesquels Arnaud Assoumani (para-athlétisme saut et triple saut), Sarah Bee (breakdance), Teddy Riner (Judo), Sara Balzer (sabre) et les frères Lebrun (tennis de table). Tous viennent faire des démonstrations dans les magasins et s'immerger. Comme l'ancienne sprinteuse triple championne olympique Marie-José Pérec, à la vente de fruits et légumes, ou Teddy Riner, hôte de caisse d'un jour à Stains (Seine-Saint-Denis).

Freiné par deux blessures, Saifedine Alekma, vice-champion européen de lutte en 2021, attend encore de savoir s'il sera qualifié pour les JO. Fils d'un employé de Carrefour, il y a fait un stage en classe de seconde. À l'Insep depuis 2016, il a été mis en lien avec le distributeur par la Fondation du sport et « ça a matché tout de suite, raconte-t-il, la lutte est une discipline peu médiatisée et il est difficile d'en vivre. Carrefour me permet de mettre mon sport en lumière et de le présenter à des jeunes ».

Le lutteur a notamment fait un passage à l'hypermarché de Montesson (Yvelines), le plus grand de France (18.500 mètres carrés). Son patron, Laurent Pasguay, un vétéran de l'enseigne passé par la Chine et la Russie, se prépare à accueillir l'avant-dernier épisode du tournoi interne, fin avril, avant le passage de la flamme en juillet. « Nous soutenons depuis des années plusieurs associations et clubs sportifs des environs, expose-t-il. Les 650 salariés du magasin sont tous supporters de l'équipe de France. » Dans les rayons, le stock complet de la mascotte des Jeux a été vendu en deux jours. Et 200 mètres carrés sont consacrés aux produits en lien avec les JOP. « Carrefour est un petit concentré du pays, comme son nom l'indique, estime Alexandre Bompard. On a tous un rôle à jouer pour que ces Jeux soient inoubliables. »

Marie-Pierre Gröndahl

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