Automobile : après Marelli, l'équipementier Akwel ferme à son tour une usine en Normandie

Double coup dur chez les équipementiers automobiles en Normandie. Le groupe français Akwel signe la fin de son usine de Gournay-en-Bray. Cette annonce intervient seulement quelques jours après que Marelli a acté la fermeture de son site d’Argentan.
Âgé de près d'un demi-siècle, l'établissement avait déjà perdu la moitié de ses effectifs en dix ans (Photo d'illustration).
Âgé de près d'un demi-siècle, l'établissement avait déjà perdu la moitié de ses effectifs en dix ans (Photo d'illustration). (Crédits : DR)

Vents mauvais pour les équipementiers automobiles. La bascule vers l'électrique, la contraction du marché et la baisse régulière de leur rentabilité mettent les sous-traitants sous pression. Restée pour l'instant à l'écart des grands projets structurants dans l'électromobilité contrairement à sa voisine des Hauts-de-France, la Normandie automobile risque de payer un lourd tribut aux mutations en cours. Deux événements récents illustrent les périls qui guettent le secteur. Ils ont pour point commun de frapper des villes moyennes, déjà éprouvées par la désindustrialisation.

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Le premier a pour décor la localité d'Argentan (13.000 habitants), dans l'Orne. Le groupe Marelli, détenu par le fonds KKR, y a annoncé, le 4 octobre dernier, la fermeture de son usine spécialisée dans la fabrication de boîtiers papillon, permettant d'alimenter en air les moteurs thermiques de plusieurs grandes marques. En butte à une perte d'exploitation de « 22 millions d'euros entre 2018 et 2022 » selon la direction, le site devrait stopper ses activités dès le 1er janvier 2024. Résultat, 167 emplois sont supprimés.

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Six jours plus tard, c'est donc au tour du Français Akwel - anciennement MGI Coutier - de sacrifier un site, lui aussi vieillissant. L'équipementier, qui a vu fondre ses marges l'an dernier, a fait savoir hier (10 octobre) lors d'un CSE qu'il entendait baisser le rideau de son usine de Gournay-en-Bray, en Seine-Maritime, à une date pour l'instant indéterminée. La fin de l'année prochaine est évoquée.

« Les reconversions seront très compliquées »

Dans les faits, la nouvelle ne constitue pas une surprise pour les 77 salariés qui savaient leur outil de travail menacé. Âgé de près d'un demi-siècle, l'établissement avait en effet déjà perdu la moitié de ses effectifs en dix ans. Initialement spécialisé dans l'emboutissage métallique, il ne produit plus aujourd'hui que des arrêts de portes en injection plastique.

Sa maison-mère (9.500 salariés et 40 sites dans le monde) invoque une forte dépendance aux choix des constructeurs et le recul des commandes pour justifier sa décision. « Le site connaît une baisse constante de son chiffre d'affaires et de son activité depuis plus de cinq ans sans perspective de rebond et de développement, remettant en cause sa pérennité », argumente-t-elle dans un communiqué.

« Pure spéculation », rétorquent les syndicats. Ces derniers ne croient guère à la promesse de reclassement des salariés d'Akwel. « La moyenne d'âge est de plus de 50 ans et la moyenne d'ancienneté de 20 ans, rapporte Eric Pancoup, représentant de l'Union départementale de la CGT. Autrement dit, les reconversions seront très compliquées ».

Bien que prévisible, la survenue de cette fermeture est aussi un coup dur pour la commune de Gournay-en-Bray. Située à mi-chemin entre Rouen et Beauvais, à l'écart des dessertes autoroutières, cette localité d'à peine plus de 6.000 âmes voit peu à peu s'affaiblir ses sous-traitants automobiles, hier florissants. Elus et syndicats redoutent désormais que la contagion ne gagne la grosse usine voisine de Valeo (500 salariés). Ils ont de bonnes raisons de s'inquiéter. Pour mémoire, le numéro un mondial des airbags et des ceintures de sécurité a annoncé en juin dernier la suppression de 8.000 emplois dans le monde, dont la plupart en Europe.

Le contrexemple de Walor

Les nouveaux arbitrages des grands donneurs d'ordre de l'automobile ne sont pas perdus pour tout le monde. A Offranville près de Dieppe, l'usine de l'équipementier Walor, dont le siège est implanté à Laval, a décroché il y a trois ans un très gros marché avec Toyota. Il représente désormais près de la moitié de son chiffre d'affaires (30 millions). Le site de 110 salariés est spécialisé dans la forge à froid et l'extrusion. Il fournit notamment les rotors des moteurs électriques pour les modèles européens de la marque japonaise. « Nous profitons de la politique de Toyota qui s'est engagé à 50% d'achat local », se félicite Stéphane Cudelou, directeur des opérations.

Pour en arriver là, Walor a « pris un gros pari », explique-t-il. Soutenu par France Relance et la Région Normandie, le groupe a investi plus de 10 millions d'euros dans son outil de production d'Offranville, dont l'essentiel sur ses fonds propres. Moyennant quoi, il a réduit son exposition au « thermique » de 80% à environ un tiers. Bien lui a pris. Aujourd'hui, l'établissement présenté comme « une vitrine » par sa maison-mère a du mal à satisfaire la demande, nous assure-t-on. Il n'empêche. Comme beaucoup de leurs homologues, ses dirigeants s'inquiètent de leur incapacité à répercuter la hausse des coûts sur leurs clients. « On a perdu en compétitivité », souligne-t-il. Signe que l'horizon n'est pas complètement dégagé même pour ceux dont les carnets de commandes sont pleins.

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Commentaires 2
à écrit le 11/10/2023 à 22:09
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Toutes les ruptures technologiques entraînent des mutations auxquelles il faut s'adapter. La locomotive à vapeur a été remplacé par la locomotive electrique, il en sera de même pour l'automobile et dans tout un ensemble d'activités. Ce qui reste le ...

à écrit le 11/10/2023 à 16:24
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Ben alors mr lemaire???!!!!! qui qui dit? tout va bien......

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